• Sportif. -

    Francis Lalanne «poète et supporter», appelait dans Direct Soir du 9 juin à la création d’ «un courant de stress positif» autour de l’équipe de France. Le nationalisme intégré, un peu oublié depuis 1998 (le 12 juillet 1998, «l’esprit et la posture de tous les supporters ne faisaient plus qu’un», curieuse gymnastique), réapparaît : «il faut que nous réapprenions à vivre en joie l’aventure nationale» avec «nos grands anciens» en misant «sur notre mixité, sur notre volonté d’exprimer l’Identité». Déroulède en short.

    Cosmogonique. -

    Le périodique Réveillez-vous! édité par les Témoins de Jéovah nous annonce l’arrivée prochaine d’un monde de paix «qui remplacera l’actuel système de choses méchant et sans loi.» Bouh, méchant le monde, pas gentil! Autre échantillon de réflexion chrétienne : une rencontre à N.-D. de Pentecôte (la Défense) le 15 juin dernier, organisée par «Cieux», Comité Inter-religieux pour l’Exploration de l’Univers et contre la Xénophobie. Enfin les vraies questions : les Martiens, victimes du racisme européen? Les Vénusiens sont-ils antisémites? Peut-on être c... comme la Lune?

    Tous les mois, la rubrique impertinente de G. Lindenberger.


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  • Extraits d'un texte d'Emile Montégut sur l'idée de Patrie (1871)

    Qu’est-ce que la patrie ? Je commence par prendre la question par son côté le plus étroit peut-être, mais le moins contesté, et je réponds avec l’antiquité : La patrie, c’est le pays des pères, et ce qui la constitue, c’est le lieu où nous sommes nés, les foyers, les autels et les tombeaux. Si cette définition est exacte, il faut avouer que la révolution, tout en prononçant très haut le nom de patrie, a peu ménagé tout ce qui la compose. Je dirai peu de choses des autels : on sait la haine toute particulière que leur a vouée la révolution, haine tellement tenace qu’au bout de quatre-vingt ans elle est aussi enflammée qu’au premier jour. Je n’insisterai pas davantage sur les tombeaux ; on sait le respect avec lequel elle les a traités, qu’ils fussent anciens ou nouveaux, qu’ils enfermassent des rois ou des révoltés, la cendre de Louis XIV ou la cendre de Mirabeau. Bien différente de ce vieux père la mort de Walter Scott qui s’était donné la tâche pieuse de protéger les sépultures héroïques contre l’oubli des vivants ou la mousse du temps, la révolution française en a brisé le plus qu’elle a pu. Je n’ai nulle envie de m’élever contre la constitution nouvelle qu’elle a donnée à la famille ; il faut bien reconnaître cependant que le sentiment qui l’a inspirée n’est point précisément le respect du foyer, que les dieux lares n’ont obtenu d’elle aucun culte superstitieux. Reste enfin ce que les Bretons appelaient la petite patrie, qu’ils aimaient à opposer à la grande, la province, le district, le lieu natal. C’est là surtout que l’œuvre de la révolution a été radicale et complète. Elle a donné à la grande patrie, il est vrai, la plus forte, la plus compacte unité que jamais nation ait connue ; mais elle a tué toutes les petites patries, et on peut dire qu’elle a effacé pour chacun de nous le lieu de naissance. Certes, lorsqu’elle opéra cette réforme si hardie, elle n’avait point la pensée de porter atteinte à la patrie, et pourtant que faisait-elle, sinon la dépouiller de tout caractère concret et matériel, la réduire à l’état de pure abstraction, de généralité métaphysique ? Oui, la grande unité qu’elle créa peut arracher l’admiration du philosophe, le respect du lettré, inspirer l’amour à quiconque sait aimer par l’intelligence, mais non pas faire battre le cœur d’un pauvre homme, et révéler à l’ignorant les émotions de cette piété nationale sans laquelle il n’est point véritablement de patrie. La patrie telle que la révolution la fit, c’est une philosophie, ce n’est pas une religion : or il faut qu’elle soit une religion pour la plus grande partie des hommes, sans quoi elle n’est point. « Ma province m’est plus chère que ma famille, ma patrie que ma province, et l’humanité que ma patrie » disait Fénelon. Ce sont là de nobles paroles, mais qui ne sont vraies que pour Fénelon et ceux qui lui ressemblent. Pour la plupart des hommes, tout amour s’éteint quand son objet est trop général. Rien n’est plus froid pour eux qu’une idée abstraite. Dites au premier venu d’aimer Dieu, il vous comprendra, et peut-être vous obéira ; dites-lui d’aimer l’être en soi et cherchez ensuite si son cœur bat bien fort. Il en est de même d’une patrie trop vaste et réduite à l’état d’abstraction politique saisissable seulement par l’intelligence. Elle est alors inaccessible au cœur, elle inspire à l’homme ordinaire un amour aussi tiède que celui qu’inspirerait à des paysans une maîtresse toujours absente et qu’ils ne pourraient jamais voir. Ce résultat s’est peut-être déjà fait sentir. Le cœur de l’homme est fort et chaud, mais il est singulièrement étroit et borné dans ses affections ; il n’aime bien que de près et ce qui est près. Or comme l’amour est le suprême régulateur de toutes nos facultés, ce qui est compris est seulement ce qui est aimé. Posséder une petite patrie est donc pour l’homme le plus sûr moyen d’en aimer une plus grande, car la grande patrie cesse d’être une abstraction pour quiconque en contemple l’image dans une plus petite : c’est une réalité tout comme la petite, il la voit, il la touche, il pourrait en faire le tour ; pour s’élever jusqu'à elle, son cœur n’a pas d’effort douloureux à faire, il n’a qu’à monter d’un degré. Lorsque cette première patrie lui manque au contraire, il se sent comme perdu au milieu d’un vaste et monotone océan d’hommes ; il ne sait plus où accrocher ses racines, et alors, se repliant sur lui-même, il s’isole égoïstement, se fait centre du monde et se constitue à lui-même son univers. C’est ainsi que par degrés insensibles une société en arrive à cet état d’individualisme stérile et impuissant dont les ravages ont pu frapper tous les yeux clairvoyants. Ce besoin d’une petite patrie au sein d’une plus grande est tellement dans la nature humaine, que partout où le pouvoir échappera aux classes éclairées, où le peuple sera libre d’agir à sa guise, on le verra immédiatement renouveler l’histoire des Flandres ou de l’Italie du moyen âge, se façonner des patries grandes comme de bonnes paroisses dont il connaîtra tous les habitants, dont il pourra faire le tour en une journée.

    [...]

    « Nous vivons dans un temps où la nécessité économique prime toute autre question » ; dans cette formule si simple, si peu contestable, est implicitement renfermée la destruction de l’idée de patrie. De toutes les choses de ce monde, la plus cosmopolite par nature, c’est l’intérêt matériel. Comme l’activité est leur essence, les intérêts sont sans cesse mouvants, et n’ont rien de cette fixité qui est propre à la patrie. Ils ont des résidences, des campements nommés comptoirs, ils n’ont pas de demeure. Pour qu’ils aient leur libre expansion, ils faut qu’ils ne rencontrent aucun obstacle ; or la patrie n’est composée que de barrières. Qui dit intérêt dit rapide circulation, qui dit patrie dit étroit resserrement. Les intérêts n’ont point d’âme ; ils ne connaissent pas leurs propres clients, qui se succèdent en nombre plus rapide que les passants dans une rue populeuse, et ces clients sont non pas des hommes, mais des chiffres, des raisons sociales, des valeurs momentanées. Ils sont donc isolés au milieu de la plus bruyante affluence ; aussi peut-on dire qu’il n’y a rien en ce monde qui dépasse la liberté des intérêts et qui soit plus profondément démocratique.

    [...] Remarquez enfin que plus les intérêts sont multipliés et les transactions entre les peuples rapides, moins la patrie nous est nécessaire. Cela est si vrai que les meilleures et les plus vraies réformes économiques nous conduisent à ce résultat. à Dieu ne plaise que je veuille prendre parti dans l’interminable querelle des libre-échangistes et des protectionnistes ! Je crois que les libre-échangistes ont raison ; mais, s’ils sont meilleurs démocrates que les protectionnistes, les protectionnistes sont certainement meilleurs patriotes. Il y a une grande différence entre dépendre de la patrie seule pour les besoins de la vie et dépendre de tous les peuples de l’univers.

    [...]

    C’est une très sérieuse question que de savoir si les démocraties peuvent se défendre longtemps, et si même elles ont les ressources nécessaires pour se défendre. Ce ne sont point les leçons de l’histoire qui nous inspirent ce doute, et Dieu sait pourtant si ces leçons sont instructives. On n’aurait qu’à comparer la stabilité des états aristocratiques et l’existence souvent brillante, mais toujours si rapide, des démocraties, pour être déjà édifié à cet égard. Ce n’est pas davantage la mobilité, l’inconstance, la versatilité bien connues des démocraties, ni même cette dangereuse présomption subitement suivie d’une abdication désespérée et complète dont nous avons vu si souvent le triste spectacle, qui nous effrayent pour leur avenir. Le fait qui cause notre inquiétude, ce sont les ravages que l’exagération de l’idée d’égalité opère si rapidement dans les sociétés démocratiques, surtout dans une société aussi fortement centralisée que la nôtre. En temps de paix, ces ravages ne se distinguent pas, et même quand on les remarque, si l’on a tant soit peu de penchant pour la démocratie, on est tenté de les regarder comme des bienfaits ; mais vienne la guerre, surtout la guerre sur le sol de la patrie, et aussitôt on s’aperçoit du peu de force qu’une démocratie absolue laisse à une nation. Voyez un peu le spectacle que présente la France au bout de quatre-vingts ans de révolutions ; ce n’est pas assez dire, selon la métaphore depuis si longtemps en usage déjà, que c’est une société nivelée jusqu’au ras du sol, il faut ajouter que ce sol lui-même a été retourné, hersé, broyé jusqu’au tuf. Tous les éléments sociaux, c’est à dire ce qui donne à un pays fixité et continuité, ont été tour à tour déracinés ; il n’y a plus rien qu’un amas de poussière humaine désagrégée et impuissante. Dans un tel milieu social, l’état seul a volonté, faculté de commander et chance d’être obéi ; malheureusement, dès que le ressort de l’état se brise, toute direction disparaît, et les destinées de la nation sont remises à l’intelligence du hasard.

    [...]

    Quelle est l’importance politique du citoyen dans une démocratie comme la nôtre ? Elle est nulle, peut-on répondre hardiment. La Révolution nous a délivrés de toute contrainte, mais c’est en nous enlevant toute participation à une existence générale quelconque. Autrefois l’individu, à quelque sphère qu’il appartînt, rentrait dans un centre d’activité collective dont il ne pouvait se séparer, magistratures, ordres religieux, corporations, que sais-je encore ? Ses intérêts se rapportaient de la manière la plus étroite aux intérêts de ce groupe, ou, pour mieux dire, ils étaient les mêmes. Chacune de ses affaires privées, aussi petite qu’elle fût, avait une importance générale, et rien que pour vivre en simple particulier, il était obligé de vivre comme un être collectif. Nous pouvons en convenir facilement aujourd’hui, c’était là une manière de comprendre la personnalité humaine qui valait bien la nôtre. La plus humble existence n’avait rien de chétif, puisqu’elle était rehaussée jusqu'à une existence d’ordre général ; elle n’était pas impuissante, puisqu’elle ne connaissait pas l’isolement. Il ne faut pas chercher d’autre raison au nombre infini d’individualités éminentes que nous voyons se succéder dans les trois derniers siècles de notre histoire avec une si vivace fécondité, de même qu’il ne faut attribuer qu’à la raison contraire l’étrange disette d’hommes remarquables qui nous afflige à cette heure, et sur laquelle nous en sommes tous venus à nous lamenter après l’avoir niée si longtemps contre toute évidence.

    Emile Montégut

    Extrait de

    La Démocratie et l’idée de patrie (texte daté d’octobre 1871) ; pour approfondir la question, voyez l’incontournable analyse de Jean de Viguerie, Les Deux Patries, DMM, 1998.

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  • Pour la présentation d'Emile Montégut par Xavier Soleil (lovendrin n°12, pp 7-8) nous renvoyons à son site personnel. 


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  • En exclusivité pour lovendrin!

    un chapitre inédit du Dan Broni Code

    Dans l’ombre de la station Saint-Michel, haut lieu de Paris où se déroulèrent différents combats eschatologiques, l’Ange contre le Démon, les Musulmans contre les Catholiques, un moine albinos, tout en se garrottant avec du fil de fer barbelé que ses maîtres de l’Opus Dei achetaient en secret à un fabricant nazi caché en Amérique du Sud, épiait Forrest Gump et Dan Brown.

    - Une valise en carton ! s’exclama Forrest.

    - Ma grand-mère en possédait une. Mais quel est cet ingénieux mécanisme ?

    - Une combinaison codée. Da Vuittoni, le célèbre serrurier de la Renaissance, a le premier mis au point ces mallettes qui permettaient de transporter des documents sans craindre l’Inquisition.

    - Comment l’ouvrirons-nous ?

    - Celle-ci est assez simple : c’est une combinaison à un seul chiffre. Il suffit de tourner la mollette jusqu’à ce que le chiffre arabe – vous savez que l’Eglise a pillé les richesses scientifiques de l’Islam – déclenche le moraillon.

    Forrest Gump commença à tourner la mollette. Un… deux… trois… Dan Brown suait à grosses gouttes : quel secret avait été caché dans cette valise ? Quatre… cinq… six… Il transpirait désormais abondamment… Sept : un déclic se fit entendre !

    - Que n’y ai-je pensé plus tôt ? se reprocha Gump. Bien sûr, le chiffre sept, qui dans toutes les civilisations où le rationnel n’a pas éteint les symbolismes majeurs de l’humanité signifie le changement après un cycle accompli et un renouvellement positif ! La ligne 7 ! Pensez à demander à Ti Bing, mon ami chinois, s’il peut nous prêter un plan de métro.

    - Mais que recèle cette valise ?

    - La vie, c’est comme une boîte de chocolat.

    Le contenu de la valise apparut : une raquette de tennis de table, une plume, une rose et un poil fessier.

    - Ça se complique singulièrement.

    - J’ai connu une fille, dit Gump (il parlait d’Amélie Poulain, qui, descendant du Christ, s’était installée à Montmartre, haut-lieu du féminin sacré pré-chrétien, éminence mamaire sans ambiguïté), j’ai connu une fille qui aurait percé ce mystère en cinq minutes.

    Toujours caché dans l’ombre, le moine observait les deux hommes qui réfléchissaient. « Où ai-je mis ma Carte Orange ? Si je la perds, je suis indigne de la confiance de Mgr. » Et, préventivement, il serra un peu plus le garrot. Le sang jaillit en un flot ininterrompu et rouge.

    - Commençons par le plus simple. Cette raquette est utilisée par les pongistes : c’est une allusion transparente au Ping et au Pong, le principe actif et le principe passif.

    - Et la plume ? Je me souviens, ma grand-mère me chantait cette complainte païenne qui se transmet d’âge en âge, malgré l’interdiction de l’église : Au clair de la lune… Elle doit symboliser l’écriture. Regardez : la rose aussi nous renvoie à l’écriture : Au nom de la rose !

    - Très juste, accorda Forrest. Si je reste dans cette voie, et si je ne m’abuse, le poil fessier est une allusion du même genre. Connaissez-vous l’auteur mystique et profond Paulo Coelho ?

    Dan ne voyait pas du tout le rapport.

    - Voyons, c’est évident : ce poil est la transcription exacte de « poilo cuelo ».

    - Mais alors ?... balbutia Dan Brown au bord du gouffre de la Vérité bannie par les autorités chrétiennes depuis au moins 4000 ans.

    - Oui, c’est évident, Dan ! Les Maîtres du Prieuré de Fion ont ménagé ces indices pour que vous l’appreniez : vous êtes le fils… naturel… d’Umberto Eco et de Paulo Coehlo.

    Ils avaient trouvé le secret ! Dans l’ombre sanglante le moine fanatique hâve et blanchâtre avait pâli.


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  • CRYPTIQUE ELEMENTAIRE

    Sophie Neveu, l’héroïne du Da Vinci Code, est diplômée du Royal Holloway Institute : c’est une cryptographe professionnelle, présentée comme douée. On la voit pourtant peiner, en compagnie de Robert Langdon qui ne fait pas meilleure figure, sur un cryptogramme simplement codé en écriture inversée. Un certain temps leur est nécessaire pour qu’ils s’avisent qu’un miroir… Plus loin ils cherchent désespérément le mot clé, un mot de cinq lettres, qui n’est pas celui qui vient à l’esprit du lecteur fatigué. Le diplôme de Sophie n’est pas plus crédible que son arbre généalogique ; quant à Dan Brown, spécialiste ès sciences incultes, il s’en tire par un hymne à ce génial cryptographe de Léonard qui est, pour lui, « l’homme universel ». Le mythe Léonard n’avait pas besoin de ce soutien, mais le fait est que l’abondante diffusion du Da Vinci Code l’a encore renforcé. En réalité, Léonard de Vinci n’a pas été le précurseur qu’on prétend : les objets de ses recherches avaient déjà occupé l’Antiquité, les Arabes, le Moyen âge… et occupaient ses contemporains de la Renaissance.

    Un cryptographe autrement plus sérieux, tel est Blaise de Vigenère. Secrétaire de la Chambre sous Henri III, Blaise de Vigenère (1523-1596) s’occupa de traductions (Le Psautier de David en prose mesurée, ou vers libres, 1588) et d’alchimie (Traité du Feu et du Sel). Dans le Traité des Chiffres, ou secrètes manières d’écrire (Paris, 1586 ; reprint chez Guy Trédaniel, Paris, 1996) alternent développements cabalistes et descriptions de procédés de cryptographie; étrange collusion pour notre époque, mais le lien logique est tangible puisque l’alchimie se devant de découvrir ce qui est caché et de dissimuler ce qu’elle découvre, la cryptographie l’intéresse au premier chef; et l’étude de l’ésotérisme des nombres menant insensiblement à celle de leur pouvoir chiffrant. (Je renvoie à l’article « Rond Carré » où cette question était effleurée, lovendrin n°11.) Personnellement je laisse de côté les dissertations délirantes de l’alchimiste pour me pencher avec délice sur les démonstrations rigoureuses du cryptographe.

    Entre quantité de systèmes de chiffres, dont certains sont illustrés par des grilles qui sont de belles planches, en caractères rouges et noirs, d’une habileté typographique remarquable (cf. ill. ci-dessus, p.232 du Traité des Chiffres), il en faut mentionner deux. Blaise de Vigenère se reconnaît des devanciers mais réclame sa part : « de quoi nous amènerons ici quelques artifices, & par ci-après derechef de plus excellents ; partie empruntés des autres, mais améliorés de nous ; & la plus grande part provenant de notre pure invention. » (p.199) Quels sont ces systèmes ? Prenant le contre-pied du chiffrage enfantin qui noie le message dans une multiplicité de signes, l’auteur entreprend de restreindre ces signes le plus possible. Par exemple, avec des traits longs et des traits courts, ou avec des groupes de points : qui ne voit là le principe du langage morse ? (Samuel Morse mit au point le langage et l’appareil dans les années 1830.) De cette idée découle naturellement le chiffrage à base de quelques caractères seulement : Blaise de Vigenère aboutit par ce biais à une phrase codée écrite avec trois lettres a, b et c ; il propose même un chiffrage à base de o : mettez 0 à la place du o, et se dessine le langage binaire de l’informatique (réduction à 0 et à 1). On attribue ordinairement au mathématicien G. Boole (1815-1864) l’invention de ce langage binaire. Mais s’est-on préoccupé des éventuels précurseurs ? Vigenère, resté célèbre pour un encodage par substitution polyalphabétique (puissant, mais ne résistant pas à une analyse fréquentielle) mérite une relecture approfondie. Ce n’est pas la cas de Dan Brown, qu’un unique zéro suffirait à encoder.

    Amédée Schwa


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