• Afrique (Congo)

     

    Au musée du Quai Branly<o:p></o:p>

    Fleuve Congo

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    Présent du 28 août 2010

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    Le fleuve Congo ! Sur ses bords et dans ses plaines se sont installées des ethnies de langue bantoue qui composent une entité culturelle homogène. Si les deux pays Congo sont concernés, la région les dépasse, allant du Gabon au lac Tanganyika, frôlant l’Angola. Second fleuve du monde par son débit, second d’Afrique par sa longueur, le Congo a vu se développer un art à placer parmi les premiers d’Afrique. Trois étapes dans cette croisière du Quai Branly : les masques, les gardiens de reliquaires, les femmes.

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    Les masques sont utilisés lors des danses rituelles. Ils peuvent être l’évocation d’un ancêtre, ils sont alors portraits ; ou d’un esprit de la nature, alors animaliers.<o:p></o:p>

    Les visages en forme de cœur constituent un des aspects les plus identifiables de l’art de la région. Les arcades sourcilières dessinent l’inflexion haute, tandis que le menton représente la pointe. Le cœur facial ainsi délimité est concave, une concavité plus ou moins marquée, plus ou moins radicale : l’arrête du nez peut suivre une courbe identique ou contraire. Les paupières, souvent en relief, délimitent des yeux qui ne sont guère plus que des fentes.

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    Au-delà de ces caractères généraux, les particularités ne manquent pas. Le menton, toujours présent, est plus ou moins saillant, plus ou moins pointu. Dans le modelé même, on relève çà et là des subtilités, des changements de plan qui donnent à certains masques plus de valeur qu’à d’autres.

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    Mon préféré est un masque Fang, janiforme. La manière dont le nez s’insère dans la forme concave, en la contrariant tant au niveau de l’arête que des ailes, est notable. Elle prouve un sens aigu de la forme et lui donne un caractère particulier.

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    Les statues d’ancêtres, gardiens de reliquaires, étaient fixées au sommet d’une corbeille ou d’une boîte contenant des restes. D’autres étaient elles-mêmes reliquaires, suivant un principe deux-en-un, fusionnel, que connaîtront les chefs reliquaires romans.<o:p></o:p>

    Les gardiens de l’ethnie Kota sont géométriques : le visage concave et ovale est fiché sur un socle carré posé sur une pointe. Ils ne relèvent pas à proprement parler de la sculpture : nulle expression formelle ici, contrairement aux autres gardiens qui sont personnages en pied, ou têtes seules, qui sont hommes ou femmes. La tête, finement travaillée, est emmanchée sur un cou épais, lui-même raidi sur un tronc qui se dresse sur de courtes jambes, en zigzag comme si la personne était accroupie (mais sans rapport de proportions). Elles donnent l’assise à la figure, forment un socle dynamique.<o:p></o:p>

    Certaines sont magnifiques, comme cette statue féminine en bois plus que noir, sans bras : une Vénus Fang qui ne le cède presque en rien, question art, à celle de Milo.<o:p></o:p>

    Aux personnes rétives à l’art nègre, je conseillerais de chercher sa beauté là où elle réside : s’agissant de sculpture, dans les volumes. On voit aisément la sphère, le cylindre, le tronc de cône, le concave ou le convexe. Cependant les volumes ne sont pas réductibles à ces figures dont la beauté ne serait jamais que d’ordre géométrique. Comme nous sommes loin du cubisme ! A y regarder de plus près, ces plans qui paraissaient morts, géométriques, deviennent insensiblement des plans artistiques, vivants. A l’instant où le relief devient modelé, naît la sculpture. <o:p></o:p>

    Rondes bosses, les sculptures africaines se présentent moins naturellement de trois quart que successivement de face, de profil, de dos. L’impression, sous ces différents angles, peut être différente, elle demeure la déclinaison d’une idée unique.

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    Ceux qui louent – ou ceux que rebutent – ce qu’ils nommeraient « déformation », ne doivent pas oublier que bien souvent les sculpteurs ont retenu des volumes essentiels de visages existant, typés. Telle « audace » formelle peut n’être que l’aboutissement d’une observation réfléchie de la nature. Ainsi on surprend occasionnellement, dans les transports en commun parisiens, un masque – en chair et en os.<o:p></o:p>

    Que les sociétés soient patri- ou matrilinéaires, la femme a sa place dans l’art : l’y invitent son statut social, sa beauté, son mystère qui l’associe aux esprits.<o:p></o:p>

    Les visages Punu, tout en finesse, reprennent les caractéristiques des visages cœurs. Les statuettes Kongo sont en général des mères à l’enfant, parfois allaitant. Les femmes figurent en caryatide sur des tabourets, des appuie-tête, mais aussi sur tel porte-flèches, sur tel sceptre, ou sur la massive et célèbre pipe Luba. Coiffures et scarifications forment sa parure, tandis qu’est exaltée sa beauté maternelle et nourricière, dans ses repères verticaux (poitrine, ombilic, sexe).<o:p></o:p>

    Les cartels pèchent par omission (on aurait aimé plus de précisions, type du bois, datation estimée, provenance…), c’est le seul reproche qu’on puisse faire à cette grande exposition « congolaise ».<o:p></o:p>

    Samuel

    (texte et croquis)<o:p></o:p>

    Fleuve Congo. Arts d’Afrique centrale.

    Jusqu’au 3 octobre 2010, Musée du quai Branly.

    voir également:

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