• Cétacés

    Au Muséum d’Histoire naturelle<o:p></o:p>

    Nos amis les cétacés<o:p></o:p>

    Présent du 9 août 08<o:p></o:p>

    A part ces exceptions que sont la taupe et la chauve-souris, les mammifères non-terrestres sont marins. Les cétacés se divisent en deux groupes : les odontocètes à la gueule munie de dents indifférenciées (dauphins, orques, cachalots…) et les mysticètes dotés de fanons, système pileux implanté sur la mâchoire (baleines et rorquals). Les scientifiques pensent avoir trouvé leur ancêtre, l’archéocète, un mammifère terrestre qui peu à peu se serait adapté à la vie aquatique jusqu’à devenir totalement marin par atrophie des pattes arrières, disparition des poils, remontée des narines fondues en un seul évent au sommet du crâne, rétractation des organes génitaux ou mammaires. Voilà qui doit inciter chacun à se baigner avec modération cet été.<o:p></o:p>

    Une quinzaine de squelettes, dont celui d’une baleine de vingt-trois mètres accroché en permanence, ouvre l’exposition du muséum, plongée dans une ambiance bleutée – et bruitée, car le cétacé est bavard : le dauphin fait des couacs, le cachalot des clics, le bélouga siffle et la baleine chante. Ces squelettes affirment bien fort que nous sommes en présence de vertébrés, les sirènes ne doivent pas en avoir d’autre sorte puisque c’est une cage thoracique prolongée d’une interminable colonne vertébrale que n’interrompt aucun bassin. <o:p></o:p>

    Parmi les particularités des cétacés, signalons leurs capacités respiratoires : leurs poumons sont beaucoup plus efficaces que les nôtres, ce qui en fait des apnéistes hors pair. Côté parturition et allaitement les baleines ne s’en laissent remontrer par personne : d’une espèce à l’autre la gestation dure de 11 à 15 mois, le baleineau est allaité, en qualité, d’un lait neuf fois plus gras que le lait humain, en quantité, de l’équivalent de 850 biberons par jour. Il prend ses 80 kilos quotidiens. Son éducation dure deux années. Il apprend la chasse et les codes sociaux.<o:p></o:p>

    Certains cétacés utilisent un sonar pour se repérer, comme les chauves-souris. Les ondes naissent au sommet de leur crâne, sont rassemblées dans la poche graisseuse frontale qui donne un profil caractéristique à ces animaux ; elles sont captées au retour par la mâchoire inférieure et envoyées au cerveau qui analyse l’obstacle (distance, forme, consistance, etc.). Animal intelligent, le dauphin n’est pourtant pas d’une intelligence supérieure. La grande sympathie de l’homme à son égard explique que des capacités exceptionnelles lui ont été prêtées.<o:p></o:p>

    Le dauphin est bon dès <st1:personname productid="la Gr│ce. Le"><st1:personname productid="la Gr│ce.">la Grèce.</st1:personname> Le</st1:personname> nom qui le désigne, delphis, est apparenté à delphax, le porc : les deux corps couenneux ne sont pas sans analogie. Poséidon convainc Amphitrite de l’épouser en envoyant un dauphin plaider sa cause auprès d’elle. Son fils Thésée, lorsque Minos le met au défi de prouver qu’il est bien « fils de », est escorté jusqu’au palais des Néréides par des dauphins. Son autre fils Arion, jeté à l’eau par des marins malfaisants, est sauvé par un dauphin. L’animal secouriste est également apollinien : lorsque Icarios le Crétois fait naufrage il est assisté par Apollon métamorphosé en dauphin. On comprend que dans les représentations chrétiennes des premiers âges, le Poisson qui représente le Christ soit parfois devenu un dauphin, « poisson » sauveur par excellence. <o:p></o:p>

    Le dauphin est entré en armes parlantes dans le blason des Valois, rapport au Dauphiné, puis dans celui des dauphins successifs. Le serre-bijoux offert à <st1:personname productid="la Dauphine Marie-Antoinette">la Dauphine Marie-Antoinette</st1:personname> en 1769 était décoré de nombreux dauphins (le dessin de ce meuble était visible à l’exposition du Grand Palais). Dans l’architecture, l’animal pullule à partir de <st1:personname productid="la Renaissance">la Renaissance</st1:personname> et durant l’ère classique et baroque, ornement incontournable des fontaines et bassins où il accompagne Poséidon et Amphitrite, Tritons et Néréides : voyez Rome ou Versailles. Son museau est écrasé, proche de celui d’un poisson.<o:p></o:p>

    La croyance en une amitié privilégiée entre l’homme et le dauphin existe encore de nos jours. Elle permet à la fondation Hulot de donner mauvaise conscience à peu de frais : une affiche enseigne que toute lampe laissée allumée tue un dauphin… La baleine, elle, a longtemps été suspecte à cause de ses dimensions. L’étymologie du mot cétacé, cétos (monstre marin), lui convenait. Des marins abusés croient débarquer sur une île : c’est son dos. Elle brise un bateau en deux, l’avale même (illustration). Mais l’histoire de Jonas montre qu’elle n’est pas diabolique : elle est à classer parmi les monstruosités bienfaisantes. De nos jours, elle bénéficie, comme l’éléphant, le gorille ou le lion, de la sensibilité humanitaire envers le pauvre animal chassé par l’Homo industrialis, ce mammifère nuisible dont on peut massacrer les petits sans quotas ni remords.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Incroyables cétacés !

    jusqu’au 25 mai 2009, Muséum national d’Histoire naturelle.<o:p></o:p>

    illustration : O. Magnus, Historia de gentibus septentrionalibus, 1555 © Bibliothèque centrale, MHNH<o:p></o:p>


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