• Egypte: trésors engloutis

    Au Grand Palais

    Trésors dégloutis

    Présent 30/12/2006


     

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    L’idée même de trésors immergés parle fortement à nos imaginations stimulées par un vieil album de Tintin ou le souvenir des films du Commandant Cousteau. L’exposition, au Grand Palais, des pièces repêchées sur la côte égyptienne n’a donc pas de mal à attirer de nombreux visiteurs, parmi lesquels les plus polis s’excuseront cent fois en cours de visite pour un pied écrasé ou un coup de coude reçu, d’autant qu’à l’affluence s’ajoute une disposition discutable des vitrines.

     

     

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    Saluons le travail de Franck Goddio, fondateur de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-marine (IEASM) et de l’Oxford Center for Maritime Archaeology (OCMA), qui s’est fait une spécialité des fouilles sous-marines. Après avoir œuvré sur des épaves de galions et autres vieux bâtiments mythiques, il s’est attelé à fouiller le port antique d’Alexandrie, il a retrouvé dans la baie d’Aboukir la cité perdue d’Héracleion (Thanis, en égyptien ; or on a longtemps cru que ces deux noms désignaient deux lieux différents) et Canope Est. La période couverte par ses fouilles va du VIIIe siècle avant J.-C. au VIIIe après. Pas de grand art égyptien ici, donc, et le terme de « trésor », ainsi que le tarif d’entrée (10 euros), ne doivent pas faire illusion : il manque à l’ensemble quelques pièces fortes qui auraient répondu, justement, à nos imaginations émoustillées.

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    Parmi les éléments à retenir, il y a une belle statue de reine ptolémaïque en Aphrodite, au drapé transparent et sensuel, très hellénistique de facture (du IIIe siècle avant notre ère – photo) ; le Naos des Décades, cube de pierre de 1,78 m de haut, qui contenait une statue du dieu Shou (divinité de l’atmosphère gazeuse entre ciel et terre) et sur les parois duquel est gravé un calendrier astrologique ; une stèle de Nectabo Ier (380-362 av. JC) qui décrète que les marchandises fabriquées ou importées par les Grecs seront taxées à 10%, non pour la haute lutte chiraquienne contre le sida mais pour la construction d’un temple à la déesse Neith.<o:p></o:p>

    Les nombreux objets cultuels du temple d’Hérakleion sont d’actualité, car ils rappellent au visiteur a priori indifférent l’importance de la liturgie : des coupes et des bols en bronze, des encensoirs et des brûle-parfum, de lourds plats à offrande en granit ; une série de louches rituelles au fin manche terminé en tête de canard. Parmi les objets les plus tardifs, brillent des pièces arabes ou byzantines, quelques croix pendentives et une remarquable bague de mariage byzantine en or : sur le chaton figurent le Christ et les époux, sur l’anneau une citation de saint Jean.<o:p></o:p>

    La dernière salle mentionne les destructions chrétiennes d’Hérakleion. Les visiteurs, repentants, lisent gravement le panneau, et, si je puis dire, tombent dedans : la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, par l’émir Amr Ibn al-As dans les années 640, pour incompatibilité avec le Coran, n’est pas mentionnée – évidemment, a-t-on envie d’ajouter. La fondation Hilti, qui finance les recherches de Franck Goddio, n’a pas envie de se mettre à dos nos frères musulmans.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Trésors engloutis d'Egypte,

    Musée du Grand Palais, jusqu'au 16 mars 2007

    légende de l’illustration : Arsinoé II, granit noir

    © Franck Goddio/Hilti Foundation/Christophe Gerick<o:p></o:p>


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