• Henner (Jean-Jacques)

    Au musée de la Vie romantique<o:p></o:p>

    Un Prix de Rome :

    J.-J. Henner

    (1829-1905)<o:p></o:p>

    Présent du 22 septembre 07<o:p></o:p>

    « Et qu’ont donné depuis cent ans les prix de Rome ? Rien qui marque dans l’histoire de notre art. Il y a pourtant quelques jeunes gens qui entrent dans à l’Ecole avec des dons. Ils les y perdent rapidement s’ils y restent. » Ce constat d’Henri Charlier (L’Art et la Pensée, chapitre « Formation de l’artiste »), le peintre Jean-Jacques Henner l’illustre avec justesse.<o:p></o:p>

    Quel contraste, en effet, entre le portrait qu’il peint en 1945, celui du menuisier Jean Hermann, vieil homme de profil coiffé d’un bonnet blanc, tableau frais, à la touche instinctive, et la composition qui lui obtint le Prix de Rome en 1858 : Adam et Eve trouvant le corps d’Abel, où des personnages cireux et cotonneux bravent le bitume envahissant ! Voilà à quoi aboutissait un peintre après neuf ans de Beaux Arts à Paris (1846-1855) et deux échecs au Prix (en 55 et 57). De nos jours le Prix de Rome n’existe plus ; l’Ecole des Beaux Arts, toujours, avec des résultats équivalents.<o:p></o:p>

    Le Prix lui permit de passer cinq ans à la Villa Médicis et de visiter l’Italie. Il y retrouva la lumière. Ses paysages se ressentent de l’influence bénéfique de Corot. Mais, rentré à Paris, il allait retomber dans la peinture de son époque, non sans avoir eu la possibilité d’en réchapper.<o:p></o:p>

    En 1868 et 1869, influencé par ses amis Degas et Manet, il peint deux nus, La Toilette et La femme au divan noir. La toilette est si décriée qu’il la détruit. Quant à La femme au divan noir, elle soutient – nous dit-on – la comparaison avec les nus de Courbet, Manet et Renoir, jugement auquel objectivement il est impossible de souscrire. Ce contraste dur du corps sur le fond, qu’on retrouvera souvent, ce corps, bien que dur, d’une morbidesse totale, voilà deux raisons de ne pas faire toute une histoire de ce tableau. <o:p></o:p>

    Quoi qu’il en soit, le désir d’honneurs et de reconnaissance lui fit repousser ces influences et adopter une facture plus lisse, qui correspondait au goût du jour.<o:p></o:p>

    Alsacien touché par la perte de sa province, il peignit en 1871 une femme en costume noir, L’Alsace – Elle attend. Cette allégorie offerte par les dames de la ville de Thann à Gambetta connut un grand succès malgré sa maladresse et sa figure cireuse encore. Elle diffère peu des portraits mondains réalisés dans les années 70-80, qui furent loués en leur temps pour rendre si bien l’image de la bourgeoise parisienne type (La femme au parapluie, 1874). De ces portraits, Henner en peignit près de quatre cents : il était à la mode.<o:p></o:p>

    De la fraîcheur surgit inopinément d’un petit portrait à l’huile de Séraphin Henner (1877), qui rappelle le portrait du menuisier, comme une revanche du vrai tempérament du peintre, manifesté aussi dans des paysages alsaciens non conventionnels que l’artiste n’exposa pas. <o:p></o:p>

    Typiques de sa manière agréée du public, les nombreuses rousses (illustration), déclinées en rêveuses ou en nymphes, ou en Madeleine : mais un crâne au pied d’une femme nue suffit-il à faire une Madeleine, et une Madeleine repentante ? Cette peinture qui ne dépasse pas la vague religiosité est encore un trait de l’époque. De son Jésus au tombeau, Jules Claretie (écrivain alors en vue) a écrit qu’il serait un jour « accroché à côté du Christ de Philippe de Champaigne, qu’il écraserait presque par la comparaison ». Emballement d’homme de lettres, jugement déraisonnable par surenchérissement rapporté très sérieusement par les exposants comme une preuve de la grandeur de l’art de J.-J. Henner. C’est une attitude fort regrettable, et qui ne peut que nuire à l’artiste.<o:p></o:p>

    Pourquoi ne pas attribuer sensément à J.-J. Henner sa place dans l’histoire de l’art ? Pourquoi le travestir en romantique, ou en non académique, etc., alors qu’il fut un peintre à la mode dans une époque plutôt médiocre et comme tel représentatif d’une certaine médiocrité ? Il y aurait mérite à assumer cela, et aucun déshonneur. On regarderait ses toiles avec intérêt, avec la juste mesure de ce qu’elles représentent, sans être agacé par des arguments de placier. <o:p></o:p>

    Mort en 1905, Henner eut aussitôt une salle dans le Petit Palais, qui ferma en 1935 quand son heure eut définitivement passé. C’est un peintre officiel du Second Empire et de la IIIe République, avec les faiblesses que cela suppose, ce qui n’empêche pas l’honnêteté : membre influent du jury du Salon, il défendit la peinture de Renoir et de Manet, et celle de Courbet à la fin de sa vie alors que, exilé en Suisse, il était l’objet d’un harcèlement et d’une haine démesurés. Cet aspect sympathique du peintre est d’ailleurs visible dans sa photographie par Nadar (1888) : Henner paraît sorti d’un dessin de Hansi. Son air bonhomme correspond mal à sa peinture.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Face à l’impressionnisme, J.-J. Henner, le dernier des romantiques, <o:p></o:p>

    jusqu’au 13 janvier 2008, Musée de la Vie romantique<o:p></o:p>

    illustration : Rêverie, vers 1904-05 © Musée du Petit Palais / Roger-Viollet<o:p></o:p>


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  • Commentaires

    1
    visiteur_excursus
    Samedi 1er Novembre 2008 à 21:33
    Vos commentaires sur les oeuvres de J.-J. Henner sont bien s?res. Il semblerait que vous ?ouviez une certaine inimiti?our ce peintre. On se demande pourquoi (?). Un peu d'objectivit?erait de mise.
    La femme au divan noir est absolument admirable. Ne vous en d?aise.
    2
    baraque au bahamas
    Vendredi 23 Janvier 2009 à 10:04
    tr?subjective votre approche de l'oeuvre de henner, vous voulez ?out prix lui trouver des qualit?alors que son oeuvre est terriblement dat?et peu int?ssante en fin de compte
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