• Idées et langages, par G. Lindenberger

    MAZETTE

    Français.

    - L’art contemporain, cher au ministre de la C. et de la C., R. D. de V., va bénéficier d’un «plan d’action et de développement». Rien de choquant puisque l’art contemporain est l’art officiel: à ce titre il doit être soutenu. Soutenu et enseigné: le Centre Européen de Création contemporaine projeté servira aussi à cela. Le caractère pervers de ce plan d’action s’affirme dans la volonté de mêler art contemporain et patrimoine: des œuvres seront prêtées aux musées régionaux et la Galerie des Gobelins rouvrira pour des expositions «alliant l’art contemporain et les collections nationales de tapisseries et mobiliers», histoire que la confusion s’établisse et que prévale l’idée d’une continuité créative, d’une parfaite égalité entre les époques - alors que l’art contemporain revendique le principe de rupture totale avec le passé.

    Américain. -

    Le milliardaire Steve Wynn a percé d’un coup de coude un Picasso de sa collection. «Oh m..., regardez ce que j’ai fait», a-t-il lancé après avoir perforé la toile alors qu’il la montrait à des amis. Il s’apprêtait à la revendre au prix de 139 000 000 $, «la plus grosse somme d’argent jamais payée pour une peinture» selon lui - une réflexion à la hauteur de ses préoccupations esthétiques.

    Etasunien. -

    La Kesting Gallery, à New York, s’enrichit d’une nouvelle création de Daniel Edwards: Suri Cruise’s First Poop, comprenez: «premier popo de la fille des très-médiatiques Katie Holmes et Tom Cruise». Pas tout à fait de l’art pour l’art, malgré les apparences, puisque le bronze est mis aux enchères au profit d’une association humanitaire (pour une valeur estimée de 10 000 $). Une précédente sculpture de Daniel Edwards, aux rayons immondices, était plus ambitieuse: la chanteuse Britney Spears accouchant à quatre pattes sur une peau d’ours. Ce monument se voulait «Pro-Life», hommage à une femme qui privilégie sa famille et non sa carrière. Telle est la forme plastique que prennent les bons sentiments quand ils s’expriment de façon moderne (l’hyper-réalisme étant l’une des deux ornières de l’art contemporain).

    GAZETTES

    Local. -

    Dans la Gazette du Val d’Oise du 20/09/06, aperçus du procès d’un exhibitionniste (multirécidiviste et en psychothérapie) devant le Tribunal correctionnel de Pontoise: «Le psychiatre dit que c’est pour combattre ma timidité que je fais ça. Le juge d’application des peines estime qu’il faut beaucoup de courage pour se mettre nu en public et que je devrais maintenant utiliser ce courage pour aller vers les autres.» Du courage et de la timidité en effet, puisqu’il cible les adolescentes (sa plus jeune victime avait onze ans). Pour le reste: jet de pierres sur le train Survilliers-Paris, tandis que le Saint-Lazare-Gisors est stoppé sur les voies, caillassé, tagué ; ailleurs deux personnes sont agressées par vingt autres armées de battes et de barres de fer. J’oubliais: le déjeuner champêtre du Front National n’aura pas lieu à épinay-Champlâtreux, grâce à l’intervention du maire. Tout va donc très bien.

    Ecclésial. -

    Lecture instructive que celle de l’éditorial de La Vie du 14 septembre dernier, à l’image de son auteur Jean-Pierre Denis: bien-pensant impitoyable. Reprochant à l’abbé Laguérie d’avoir été «successivement catholique, lefebvriste et sans-église-fixe», il montre dans quelle estime il doit tenir les «sans», sans-domicile ou sans-papiers; son sens bourgeois des convenances est heurté par le fait que l’abbé Laguérie ait célébré les obsèques d’un condamné et qu’il ait été, un temps, «au centre d’un procès». On l’aura compris: J.-P. D., ami de l’ordre public et soucieux de «l’émotion de nos nombreux lecteurs protestants et orthodoxes», n’apprécie pas «cet agitateur». D’où une rafale de questions: «êtes-vous d’accord, abbé Laguérie?... Mais alors, que faites-vous...? êtes-vous d’accord, abbé Laguérie?... Mais alors, continuerez-vous...? êtes-vous d’accord, abbé Laguérie?... Mais alors, que dites-vous...? êtes-vous d’accord, abbé Laguérie?...» être assesseur d’un inquisiteur ne lui aurait apparemment pas déplu: M. Denis aime être du côté du manche. Notre époque, qui méconnaît les talents, lui a donné un emploi de Père Fouettard à La Vie, ce magazine qui porte «un regard ouvert et généreux sur l’actualité».

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