• Peintres français de la réalité

    Au musée de l'Orangerie

    Une riche rétrospective

    Présent du 13/01/2007

     

    Pour fêter sa réouverture après travaux tout en soulignant la continuité de son action, le musée de l’Orangerie a organisé une manifestation originale en reprenant une exposition qui y avait été organisée en 1934, Les Peintres de la réalité en France XVIIe siècle. Cependant la version moderne n’est pas rigoureusement identique à l’original : certains tableaux manquent à l’appel, d’autres ont été ajoutés. Le discours des organisateurs sur le rapport entre art et réalité est assez confus (le sujet est difficile, mais était-il nécessaire de s’embarrasser d’explications plutôt oiseuses en la circonstance ?), tout comme celui sur la place de l’exposition dans la situation politique et sociale des années trente : on ne voit pas clairement où ils veulent en venir. Qu’importe ? Les tableaux présentés prennent le pas sur tout discours abstrus et réchauffent rapidement le cœur du visiteur refroidi par près d’une heure de queue à l’extérieur du musée.<o:p></o:p>

    Sept toiles de Georges de La Tour, dont la découverte eut lieu justement lors de l’exposition de 1934, sont à contempler sans modération : Job raillé par sa femme (photo), Le songe de saint Joseph, Le tricheur... Le grand art est là, dans cette peinture qui, reposant l’œil, permet la contemplation. Dans la même salle sont accrochés deux Valentin de Boulogne (Le concert au bas-relief, Judith) ; au voisinage des De La Tour, ils paraissent bien vulgaires de composition, sales de tons. La comparaison nous permet de conclure à la vulgarité d’inspiration de l’artiste et donc à son impossibilité à nous exhausser l’esprit.<o:p></o:p>

    Un contraste analogue apparaît entre Claude Vignon et Simon Vouet. La touche du premier est laide, mesquine (La parabole du serviteur impitoyable, Le lavement des pieds), quand le pinceau du second est fluide autant que rigoureux, servi par une harmonie irréprochable : La Madeleine repentante, belle tête de profil émergeant d’un châle jaune qui contraste avec des gris, et le portrait de Guillaume d’Aquitaine, dont l’écharpe est un orange rompu que viennent discrètement contrebalancer les bandes bleues de l’habit. Eclatante maîtrise des complémentaires !<o:p></o:p>

    Beaucoup d’autres tableaux seraient à nommer : un autoportrait de Poussin, La forge de Louis Le Nain (basée sur un contraste de rouge sur des bruns où chante un peu d’ocre), l’impressionnant Sœur Juliana Van Thulden sur son lit de mort par François Duchâtel, qu’on pensait autrefois de Philippe de Champaigne : les cartels, dans un certain nombre de cas, donnent l’intitulé et l’attribution du tableau en 1934, puis ceux d’aujourd’hui, montrant les progrès de l’histoire de l’art et les lacunes encore à combler.<o:p></o:p>

    Les organisateurs ont eu l’idée d’accrocher une dizaine de toiles contemporaines de la première exposition. La mode est à ces rapprochements souvent artificiels, parfois faussés ; ici nul reproche à faire, et les « consonances » (c’est le terme retenu) sont judicieuses. Des noms connus : Derain, avec une Nature morte aux poires (1936), Balthus (Roger et son fils, 1936 ; La partie de cartes, présentée non loin du Tricheur de De La Tour) voisinent avec des noms qui, pour être obscurs, n’en sont pas moins respectables : Robert Hublot, Roger Chapelain-Midy avec une grande toile Hommage à Le Nain (1934), qui mêle nature morte et personnages dans les tonalités méditatives d’un matin pluvieux, autrement supérieure à l’insignifiant Retour du baptême d’après Le Nain de Picasso, d’humeur pointilliste ce jour-là. Ces quelques tableaux laissent entrevoir la richesse d’une peinture dont l’histoire est encore à faire, celle du figuratif au XXe siècle, veine non tarie mais restée souterraine.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    <o:p>Peintres français de la réalité,</o:p><o:p></o:p><o:p></o:p>

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    <o:p>Musée de l'Orangerie, jusqu'au 5 mars 2007</o:p>

    légende de l’illustration : Job raillé par sa femme, Musée départemental d’Epinal

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