• Peinture chinoise

    Au musée Cernuschi<o:p></o:p>

    La sagesse de l’encre<o:p></o:p>

    Présent du 14 mars 2009<o:p></o:p>

    Une Réunion au pavillon des Orchidées… Voilà qui fait autrement rêver que « la réunion d’ingénierie pédagogique dans la salle du fond » et autres convents professionnels. Le pavillon des Orchidées et ses jardins abritèrent un rassemblement de sages et de poètes qui s’adonnèrent à l’écriture, les poèmes alors écrits constituèrent un corpus souvent interprété ensuite par les calligraphes. Les peintres quant à eux ont aimé représenter l’assemblée des poètes. Wen Zhengming (1470-1559) puis Wen Boren (1502-1575) ont composé différemment la scène sur l’éventail, mais les éléments sont identiques : les poètes assis, le cours d’eau, les bambous, les fleurs.<o:p></o:p>

    L’influence de Wen Zhengming fut considérable, sa vieillesse artistique féconde. Sur d’autres éventails il peint un solitaire dans un paysage ou dans une barque, ou calligraphie un de ses poèmes de façon rayonnante, « au bord de l’eau, quand tombera le jour, il me faudra briser l’élan de mon cœur. » Il est représentatif de la peinture lettrée en honneur sous la dynastie Ming, union entre peinture et poésie rendue possible par la calligraphie des poèmes qui rapproche intimement dessin et poésie par un travail presque identique du trait : l’analogie entre trait-signe et trait-chose apparaît quand on rapproche textes et plis d’un vêtement dans telle peinture de Gao Gu. <o:p></o:p>

    Sous la dynastie suivante, celle des Qing mandchous, le solitaire est toujours présent, « sous les pins contemplant les vagues » : la composition de ce grand dessin de Zhang Yin (1761-1829), un petit personnage perdu dans de vertigineux éléments naturels, rappelle certains dessins romantiques allemands « contemporains ». Le paysage reste le sujet préféré, Fan Cong y excelle, mais des personnages du folklore apparaissent aussi : la gracieuse magicienne Magu, la nymphe de la rivière Luo ou, nettement moins élégant, Zhong Kui, sorte de Bonhomme Noël goguenard, de Père Fouettard ventru au regard torve, dont le musée Cernuschi possède deux belles versions du XVIIIe.<o:p></o:p>

    Une grande peinture de six mètres sur deux (encre et couleur sur soie) commémore le banquet donné par l’empereur Qianlong en 1744 à l’occasion de la rénovation de l’Académie Hanlin (école des hauts fonctionnaires, Pékin). Réalisée par trois artistes, la peinture mêle calligraphie des poèmes de circonstance, nombreux personnages, gardes, lettrés, etc., et restitution des lieux en perspective. Une influence européenne n’est pas à écarter, car Qianlong était un empereur curieux qui quelques années plus tard fit réaliser à Paris, par l’intermédiaire des jésuites, une série de gravures relatant ses campagnes. Ces planches, ainsi que d’autres documents, sont exposées actuellement au Louvre (1).<o:p></o:p>

    Influences extérieures et réminiscences nationales font bon ménage à l’époque moderne. Qi Baishi (1864-1957) est comme ses aînés dans la carrière, peintre et calligraphe. Ses corbeaux, poussins, grenouilles et pies au pinceau ont des attitudes vraies, presque humoristiques à la façon d’un La Fontaine. Au début du XXe siècle, les peintres étudient au Japon, déjà marqué par l’art occidental, puis à partir des années vingt à Paris. L’histoire des artistes chinois à Paris est lacunaire, mais le musée Cernuschi a grandement contribué à les faire connaître au XXe siècle.<o:p></o:p>

    Un très beau paysage de Lin Fengmian (1900-1991), Paysages et roseaux, est une synthèse des visions occidentales et orientales parfaitement équilibrée, naturelle. De retour en Chine, Fengmian calque l’enseignement sur le modèle de l’école des Beaux Arts. L’introduction dans le cursus de l’étude du nu, sujet codifié européen, est caractéristique de l’influence occidentale, mais influence acceptée et aussitôt adaptée au génie local : la technique de l’huile, apprise, est délaissée au profit du pinceau et de l’encre. Les nus de Pan Yuliang (1895-1977), une artiste qui fit carrière à Paris, relèvent de cette appropriation d’un sujet via la technique.<o:p></o:p>

    Toujours et encore, le paysage est roi. Il est traité en référence aux maîtres du passé : Pu Ru (1896-1963) dessine deux sages dans un paysage, Zhang Daqian (1899-1983) un ermite dans la forêt, tandis que Xie Zhiliu (1908-1997) s’intéresse à un fleuve au printemps. L’attachement à la tradition éclate dans une nouvelle version de la Réunion au pavillon des Orchidées par Fu Baoshi (1904-1965) où le travail de l’encre, poussé à l’extrême vers le sec ou l’aqueux, ne nuit pas au classicisme de la scène. Il utilise la même technique avec le personnage du rêveur dans la barque (illustration), écho au sage dans la barque par Wen Zhengming.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    (1) Les batailles de l’empereur de Chine, quand Qianlong adressait ses commandes d’estampes à Louis XV, jusqu’au 8 mai (Louvre, aile Sully).<o:p></o:p>

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    Six siècles de peintures chinoises, œuvres restaurées du Musée Cernuschi,<o:p></o:p>

     jusqu’au 28 juin 2009<o:p></o:p>

    Illustration : FU BAOSHI, Rêveur, vers 1940-1945 © Musée Cernuschi/ Roger-Viollet<o:p></o:p>


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  • Commentaires

    1
    Chine
    Samedi 26 Mars 2011 à 22:07
    Merci de mentionner Pan Yu liang, CETTE artiste chinoise qui savait unir l'orient et l'occident. Ses toiles sont magnifiques et refletent un melange d'occidet et d'orient. je les ai decouvertes en lisant la biographie de Pan Yu liang, la manet chinoise et en regardant le film de cette artiste. je me demande pourquoi Pan YU LIANG n'est pas connue en France? elle devrait l'etre... j'ai en tout cas adore les peintures de cette artiste.
    en tout cas merci de ce message et d'avoir mentionne Pan Yu liang.. c'est mon artiste preferee!
    2
    ludmilla
    Mardi 5 Avril 2011 à 21:23
    merci de parler de Madame Pan Yu Lin, en effet on ne parle pas d'elle en France alors qu'elle y vécu 45 ans. De plus en plus de site sur internet parlent d'elle,le film est très beau et un autre livre est sorti en 14 langues , il a été n° 1 bestseller en Norvège et pas traduit en Français ... pourquoi ? j'espère que la France lui rendra hommage un jour, que le film sera traduit également en Français ainsi les médias connaitront ses oeuvres et la vie exceptionnelle de cette merveilleuse artiste qui fut ma marraine.
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    3
    chine
    Jeudi 7 Avril 2011 à 22:02
    non, il existe une biographie d'un auteur francais qui a ecrit pan yu liang la Manet chinoise en langue francaise!!!! elle a depeint Pan Yu Liang comme Manet, chose que le roman hollywoodien americain( the painter from Shanghai from Epstein) ne refletait pas la vraie Pan Yu liang. en revanche l'auteur de Pan Yu Liang la Manet chinoise est une experte en langue chinoise et a su depeindre tres bien la vraie vie de Pan Yu Liang et son vrai talent. Le livre americain que vous mentionnez, je l'ai lu ( the painter from Shanghai). c'est vraiment different du livre de l'auteur de Pan yu Liang la manet chinoise... the painter from Shanghai depeint pan yu liang comme une glamour, un peintre hollywood ( comment voulez vous que pan yu liang soit consideree comme une femme de talent!!! mais comme une glamour, une prostituee qui devient une artiste a la hollywood et non comme un grand peintre!!!) Etant etudiante en langue chinoise au canada, j'ai pu me rejouir qu'une francaise, experte en langue chinoise ecrive enfin la vraie vie de Pan yu liang et la compare comme un grand peintre et non a la hollywood!! c'est pour cette raison que le livre the painter from shanghai n'est pas regarde comme un excellent livre pour depeindre Pan yu liang... c'est de la pure fiction.. a la hollywood. je suis canadienne, donc je suis desolee de taper sur un clavier anglais.. si je devais recommender un livre pour comprendre le talent de pan yu liang, je recommenderai pan yu liang la manet chinoise. les passionnes de culture chinoise recommendent ce livre et il est en francais... ouf...

    je suis canadienne et je m'excuse d'ecrire sur un clavier qwerty. SVP il existe un livre en francais pan yu liang la manet chinoise, et c'est un excellent livre.. le style reflete la beaute et l'art de PAN YU LIANG.. c'est tres beau.. tous les passionnes, comme moi, de pan yu liang et de la Chine vous le diront.. Merci
    4
    ludmilla
    Mercredi 13 Avril 2011 à 23:52
    actuellement certaines personnes créent une polémique pour des raisons qui nous échappent pour le moment .Nous avons décidés en accord avec mon avocat que nous sommes à la disposition de toute personne qui en fera la demande en envoyant par e-mail leurs coordonnées et le motif qui justifie qu'on leur adresse en recommandé , la preuve que Madame Pan Yu Lin est bien ma marraine .
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