• Photochromes

    A la bibliothèque Forney<o:p></o:p>

    Clichés touristiques<o:p></o:p>

    Présent du 14 février 2009<o:p></o:p>

    La carte postale va de soi : on ne s’interroge jamais sur ses origines. La bibliothèque Forney, une des bibliothèques spécialisées de la mairie de Paris (arts, artisanats, techniques), expose des photochromes qui sont les ancêtres de la carte postale ; ils constituent une branche de l’arbre généalogique de la photographie, arbre complexe.<o:p></o:p>

    Une fois acquis le procédé photographique, il était évident pour les multiples passionnés que l’obtention de clichés en couleurs n’était qu’une question de temps et de recherches. On se contenta dans un premier temps de colorier le tirage, procédé artisanal qui n’était qu’un pis-aller. Parmi les chercheurs amateurs et professionnels qui tentèrent de résoudre la question de la couleur, Louis Ducos du Hauron mit au point la trichromie, puis les frères Lumière réussirent à n’avoir qu’un cliché à prendre grâce à la plaque autochrome (1903). Léon Vidal est une autre personnalité importante de l’histoire de la photographie, il étudia la photochromie mais également la phototypie (l’art d’imprimer des reproductions photographiques) : son recueil Trésor artistique de la France (1876), album de photographies colorisées, est une étape importante.<o:p></o:p>

    Le Suisse Hans Jakob Schmidt (1856-1924) combina lithographie et photographie afin d’obtenir en série des clichés colorisés à partir de négatifs noir et blanc : la « chromophotolithographie », photochromie pour les intimes. Cependant, autre David Séchard, Hans Schmidt devait connaître les souffrances de l’inventeur puisque la société Orell Füssli pour laquelle il travaillait déposa le brevet « Photochrom » en 1888 sans mentionner le nom de son ingénieux employé, omission dont il ne se consola jamais. <o:p></o:p>

    Même expliquées, les étapes du processus sont impénétrables ; retenons au moins que ce ne sont pas les couleurs originales du sujet qui apparaissent mais une colorisation interprétative du praticien en studio. Les couleurs des photochromes sont fausses à nos yeux, parce que nous les comparons à celles que nous obtenons aujourd’hui. Mais ne paraissaient-elles pas fidèles, ou du moins acceptables en 1900 ? Comment dans cent ans jugera-t-on nos photographies ? Les couleurs sembleront peut-être approximatives.<o:p></o:p>

    Le procédé ne fait pas de H. Schmidt le père de la carte postale, il avait l’ingéniosité technique mais ses employeurs eurent l’ingéniosité commerciale de proposer aux touristes, engeance en développement à la fin du XIXe siècle, des images en guise de souvenirs : en différents formats jusqu’au panoramique, en recueils.<o:p></o:p>

    Nommée Photochrom Co (1888), la maison mère de Zürich fonde une filiale américaine, la Detroit Photographic Co (1895), puis devient Photoglob Co (1896) en fusionnant avec un autre studio zurichois. Dans toute l’Europe, les studios qui s’associent à elle doivent garder les secrets de fabrication et racheter un maximum de négatifs noir et blanc qui seront exploités en couleurs. Quand il le faut, Photoglob envoie ses propres photographes au bout du monde.<o:p></o:p>

    Exploité rationnellement, le domaine touristique est mis en coupe réglée par une production de séries thématiques : Exposition universelle de 1889, Riviera, Allemagne, Suisse (les paysages alpins représentent un quart de la production totale de Photoglob). L’Orient n’y échappe pas : Egypte, Terre Sainte pour les pèlerins ; l’Inde est spécialement destinée au marché anglais. La série américaine doit beaucoup à William Henry Jackson (1843-1942) à qui Photoglob racheta son fonds de négatifs avant de l’engager ; il devint en 1903 directeur de production de la filiale américaine. Ses photographies ont véhiculé l’imaginaire de l’Ouest, paysages du Colorado, impressionnants Indiens à plumes, et l’imaginaire du Sud, Mississipi, Nouvelle-Orleans. <o:p></o:p>

    Les clichés d’Indiens appartiennent au portrait ethnique qui connut un succès considérable : vacher suisse, laitière flamande, berger syrien, mendiant russe, famille samoyède, maçon bosniaque, il ne manque que le plombier polonais. Les « Femmes maures distinguées, dans leur intérieur » sont une réminiscence d’un Delacroix. Outre les paysages touristiques et les monuments incontournables, il y eut une série consacrée aux luxueux paquebots de croisière et à leurs intérieurs magnifiques, et d’autres aux grandes œuvres d’art. <o:p></o:p>

    Photoglob après la Guerre de 1914 avait un catalogue de 30 000 clichés ! Mais les développements techniques rendaient caduque la photochromie et l’activité cessa. Ce qui ressort de l’abondant choix tiré de la collection de Marc Walter, graphiste et photographe, c’est que dès sa naissance l’image touristique est fixée : elle perdure dans les cartes postales pendant tout le siècle. On n’y a guère ajouté que la recette régionale.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Voyage en couleur, photochromie 1876-1914, <o:p></o:p>

    jusqu’au 18 avril 2009. Bibliothèque Forney<o:p></o:p>

    Illustration : Mont Blanc, Ascension d'un sérac, 1899 (coll. privée Marc Walter)<o:p></o:p>


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