• Les Petits Hommes verts

    Les Envahisseurs ont apporté leur langage, leurs lois, leur religion et leur mode de vie. Venus sauver votre planète, ils vous incitent à collaborer. Cette rubrique a pour but de vous aider à les mieux comprendre.


    Remaniement. –Saluons Nathalie Kosciusko-Morizet, grande femme verte, notre nouvelle « ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement ». A ce poste, elle déclare travailler (sur son blogue) «  à éclairer l’avenir, à étudier les tendances, pour accompagner les mutations de notre société. Sur le plan humain, il s’agit de préparer les citoyens à tirer profit de ces changements plutôt qu’à les subir ».


    Poubelle. – Nous sommes dans la Semaine européenne de la Réduction des Déchets. Chaque Français produisant 390 kg de déchets par an, « ensemble, réduire c’est agir ». Le remaniement ministériel du week-end dernier n’a pas donné l’exemple, en passant de 15 à 16 ministres. Sur le blogue lancé pour cette Semaine, je me passe au Déchets-scan, qui analyse vingt pratiques en matière d’ordures. Résultat honorable : je suis « en bonne voie ». « Ne vous arrêtez pas en si bon chemin et ayez toujours en tête les réflexes anti-déchets : c’est le meilleur moyen de limiter l’impact de votre consommation sur l’environnement, etc. »


    Chinois. – On connaît la politique chinoise de l’enfant unique. La surpopulation néfaste pour l’environnement pouvant être également canine, la ville de Shanghai mène désormais, parallèlement, la politique du chien unique. Fini les 101 dalmatiens, tout deuxième chien devra être cédé à un foyer de « sans-chien » ou envoyé dans une agence gouvernementale d’adoption.


    Durable. – Moralement indéfendables : les quatre milliards de préservatifs jetés annuellement ne sont pas biodégradables. Ils sont en plastique, donc dérivés du pétrole, contiennent des stabilisants chimiques. Un fabriquant sauve les bonnes mœurs avec des préservatifs « durables » : en latex naturel « provenant des forêts d’hévéas du Sud-Est asiatique gérées durablement ».


    Cadeaux. – Préparons Noël vertement ! Offrons des cadeaux responsables. Voici trois sites qui regorgent, voire dégorgent d’idées.

    * Adieux, hésitations ! Le site Abrakado-écolo.fr choisit pour vous. Vous renseignez le budget, l’occasion, le destinataire, son âge ; le type de cadeau (éducatif, ludique, beauté…), la personnalité du destinataire (bricoleur, urbain branché, nature…) et enfin la particularité du cadeau (recyclage, produits bio…). Par exemple, vous avez un budget de 15 à 30 euros pour l’anniversaire d’une femme entre 19 et 59 ans, plutôt casanière ; vous envisagez un cadeau ludique lié au recyclage. Il vous sera proposé un CD « Zen à la maison », un masque de relaxation « Sérénité du regard », un plateau avec 6 ramequins amovibles en bois d'acacia philippin, un portefeuille en chanvre (effet calmant garanti)… Tout cela est triste à en mourir ? Consolez-vous : Abrakado reverse « 1 % du chiffre d’affaires à CO2 Solidaire afin de participer à un projet d'économie d'énergie ». (CO2 Solidaire promeut « la solidarité climatique » entre le Nord et le Sud.)

    * Le site Plants4ourfuture  propose le bonnet rayé en laine d’alpaga (12,90 euros), « produit artisanal issu du commerce équitable, fabriqué dans le respect de l'homme et de son environnement » ; la trousse de toilette en chambre à air (19,90 euros) qui introduit « des valeurs éco-citoyennes, originales et éthiques dans votre quotidien » ; ou, moins banal, l’éphéméride pisse-mémé, un « calendrier de l’avent de tisanes, une joyeuse façon de se préparer auxfêtes de Noël… 24 sachets d'infusions différentes numérotées ». Quelle audace dans la festivité !

    * « Vous avez envie de partir faire de l’humanitaire, vous êtes altruiste, vous voulez servir à quelque chose et donner un but à votre vie : aider les autres, prendre soin de notre planète… » C’est ainsi que le site de Marie-Claire propose de retrouver le sens profond de Noël – qui n’est pas la naissance du Sauveur mais « solidarité, générosité, partage… » – en offrant des cadeaux « 100 % écolos ou engagés envers des associations », comme le carré 3Suisses pour l’ONU-femmes, décoré sur le thème de Speak up-Stop discrimination, au choix « 5 foulards en viscose hauts en couleurs, les bénéfices seront reversés au fond de l’ONU-femmes » ; ou la peluche panda « fabriquée avec du tissu labellisé Oeko-Tex et du coton biologique issu du commerce équitable… Tous les bénéfices des ventes seront reversés au WWF. Un doudou écolo pour prendre soin de notre planète ! »

    Samuel


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  • Les Petits Hommes verts

    Les Envahisseurs ont apporté leur langage, leurs lois, leur religion et leur mode de vie. Venus sauver votre planète, ils vous incitent à collaborer. Cette rubrique a pour but de vous aider à les mieux comprendre.


    Sélectif. –Vous triez consciencieusement vos poubelles. Le verre ici, le carton là, le pourri par-ci, le plastique par-là. La planète, en votre for intérieur, vous remercie. Peine perdue ! En réalité, une grande part des déchets triés finissent par se retrouver tous ensemble, incinérés ou enfouis. En 2007, 6,4 millions de tonnes de déchets recyclables ne l’ont pas été. En cause, les consignes de tri peu claires (jusqu’à 300 consignes en tenant compte des variantes), voire ubuesques : un journal tâché de thé sera accepté dans la poubelle papier à un endroit, refusé à un autre, avec pour conséquence le rejet de la poubelle tout entière pour « contamination ». Faudra-t-il en arriver au tri sélectif germanique ? Jusqu’à six poubelles dans la cuisine ! (Source : lepoint.fr)


    Réemploi – L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a organisé à Paris le 20 octobre les « Premières assises du réemploi ».Il n’est pas question ici de trouver un CDD ou un CDI à un chômeur, de réutiliser une vieille secrétaire oubliée ou un représentant délaissé, mais d’assurer une seconde vie aux objets, vêtements, etc., en les remettant en circulation plutôt que de les jeter. Un geste écologique, mais aussi social : c’est le principe d’Emmaüs. Cela concerne chaque écocitoyen mais aussi les collectivités locales. Dans cette optique issue du Grenelle de l’Environnement, je propose que le mobilier urbain « usagé » ces jours derniers lors des émeutes à Lyon, à Nanterre, etc., soit réemployé à Saint-Aignan, dont le centre-bourg avait souffert en juillet du fait de gens du voyage : le banc disloqué, la cabine téléphonique fondue, l’abribus éclaté n’ont-ils pas droit à une nouvelle vie ?


    Artistique. –Dans le même esprit, le 11e salon « E Caux Bio » se tient ce week-end à Yvetot. Il rassemble les artistes qui créent à partir de déchets, leur donnant une seconde chance. Le salon a pour but de favoriser « les échanges entre les professionnels et les artistes/créateurs pour développer et commercialiser les inventions des artistes/inventeurs ». C’est obscur.


    Réflexion (1). –Les 22 et 23 octobre se sont tenus à Paris les Etats généraux pour l’emploi et l’écologie, organisés par les Verts et Europe Ecologie. On pouvait y croiser Eva Joly, Alain Lipietz, et des représentants de la Fondation Hulot, d’associations comme Osez le féminisme, Réseau Action Climat, Réalités du dialogue social, L’Appel des Appels ( ?)... Des gens, on veut le croire, qui n’ont aucun problème d’emploi grâce à leurs compétences et de confortables prébendes associatives.


    Réflexion (2). –En septembre dernier, l’Université du WWF s’est penchée sur une question importante : « Chiffrer la biodiversité : l’indispensable imposture ? » Par chiffrer, entendez : donner un prix. En effet, les ressources naturelles ne coûtent rien. « Quand on achète du poisson, la seule chose gratuite c’est le poisson ! » On paye la capture, le transport, le stockage, mais en soi le poisson, dans l’eau, n’a pas d’étiquette. D’où le mépris du méchant homme, qui le traite comme une marchandise sans intérêt. Les écolos voudraient donc « estimer » les ressources naturelles. Mais attention ! Comment donner une valeur « au Vivant » sans tomber dans la discrimination spéciste. Les espèces remarquables ne le sont que par subjectivité. Un des intervenants préfère « parler d’espèces remarquées », nuance importante : « Ce simple changement de vocabulaire permet de ne plus placer notre regard d’Homo sapiens comme prioritaire. » Nous y voilà… L’homme au prix de la mouche. (Source : thinkbiodiversity.org)


    Estudiantin. – A Nantes, le diplôme Commerce Equitable et Economie Solidaire (DEES EQUISOL), le seul DEES de ce genre en France, fête ses cinq ans. L’obtiennent des étudiants « sensibles aux injustices entre le Nord et le Sud » (entre Lille et Marseille ?). La première partie du cursus est théorique, la seconde pratique : un stage dans un pays développé, un autre dans un pays en voie de développement. Un des professeurs explique : « Il est important d'aider les étudiants à structurer leur réflexion dans leur désir de plus de justice et d'équité, de leur donner des moyens pour se rassembler, réfléchir et avancer tout en préservant leur indépendance d'esprit donc sans tomber dans la manipulation ou l'endoctrinement ! » L’indépendance d’esprit d’étudiants en commerce équitable ! Des bios esprits. (Source : notre-planète.info)

    Samuel


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  • L’agriculture face à l’associatif

    Le collectif France Nature Environnement, peu avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture, a lancé une campagne. Une campagne ni publicitaire, ni bucolique, plutôt une campagne guerrière, dirigée contre l’élevage industriel mais visant aussi le monde agricole en général, au sujet des algues vertes, du danger lié aux OGM et aux pesticides.

    Une affiche a particulièrement déplu, celle qui montre un homme s’apprêtant à se suicider, un épi de maïs OGM sur la tempe. L’agriculture est une catégorie socio-professionnelle particulièrement touchée par le suicide (taux trois fois supérieur à celui des cadres), donnée que FNE ne peut ignorer, et qui rend l’allusion particulièrement ignoble.

    Qui est FNE pour s’instaurer en donneur de leçons ? Un « mouvement citoyen » d’associations et de fédérations d’associations, et de collectifs d’associations, soit au total un rassemblement de 3 000 « assoç ». Trois mille ! Le chiffre rappelle combien le marché de l’associatif, combiné avec celui de la défense de l’environnement, est juteux. Bien entendu, les idées sont désintéressées. FNE se présente comme « une association sans but lucratif, indépendante de toute entreprise, collectivité, organisation politique ou religieuse. »

    Indépendante ? En réalité elle vit grâce aux subventions du ministère de l’Ecologie et du Développement durable, à celles de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie qui dépend en partie de ce ministère. En 2009, les aides de l’Etat représentaient 57 % de son budget de fonctionnement. Cet argent public sert aujourd’hui attaquer une filière déjà gravement éprouvée.

    L’altermondialisme à l’œuvre

    Dans la nébuleuse associative que prend FNE sous sa houlette, figurent des associations locales légitimes comme le Groupe ornithologique normand ou l’association Eaux et Rivières de Bretagne. Celle-ci s’est désolidarisée de la campagne agressive, en particulier de l’affiche concernant les algues vertes. France Nature Environnement n’avait pas cru bon de prévenir tous ses cotisants du sale coup médiatique qu’elle préparait. Eaux et Rivière de Bretagne « regrette profondément cette absence de concertation préalable ». Directement concernée par le problème des algues vertes, elle voit son travail ruiné par l’agressivité de FNE, alors qu’il faudrait « éviter toute forme de provocation qui conduit inévitablement à des surenchères ».

    A côté des associations qu’on peut estimer sincères – et manipulées –, il en est d’autres d’inspiration clairement altermondialiste, tout comme certaines des associations « amies », par exemple Nature et Progrès, et encore l’emblématique Greenpeace.

    L’esprit altermondialiste implique la promotion du commerce équitable. Ce commerce consiste à rétribuer justement le petit producteur exotique, à le protéger des multinationales occidentales, afin de lui procurer une vie décente. En théorie, évidemment, car ce n’est pas parce que c’est marqué sur le paquet que cela est aisé à vérifier. En pratique, l’idée généreuse ne vaut pas pour le petit producteur français, prisonnier d’un système de marges avant et arrière qui aboutit à vendre des produits en grande surface à des prix inférieurs au prix de revient. France Nature Environnement n’a aucune intention de lutter pour l’instauration d’une équité commerciale en France. C’est que le petit paysan exotique, humble rescapé de la colonisation, est supposé produire selon une méthode ancestrale en harmonie avec la Terre ; tandis que le petit paysan français, ex-colon par son histoire, pèche intensivement, par action et par pollution.

    Subventions

    Cette façon de produire, les agriculteurs n’en sont que partiellement responsables. La politique agricole commune (PAC) en un demi-siècle a démantelé l’agriculture française. Les quotas, les planifications, les subventions directes et indirectes… l’ont tuée.

    France Nature Environnement, face aux réactions indignées, a précisé sa position. Pas d’« objectif de rupture avec le monde agricole », elle « entend poursuivre le dialogue engagé avec les représentants d’une profession qu’elle ne veut pas stigmatiser » et « a parfaitement conscience de la détresse économique à laquelle est confronté un grand nombre d’agriculteurs ». Pourquoi cet adoucissement soudain ? C’est que les subventions, si elles ont tué l’agriculture, les associations en vivent, et plutôt bien. Elles en ont besoin pour mener leurs actions subversives.

    Martin Schwa

    Article extrait du n° 7292
    du Mercredi 23 février 2011

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  • Au musée de la Chasse et de la Nature

    La collection Lastic

    Présent du 19 février 2011

    Georges de Lastic a été conservateur au musée de la Vénerie (Senlis) à partir de 1955 puis au musée de la Chasse (Paris) à partir de 1962. Il a constitué sa propre collection et a contribué à enrichir celles des musées. Lesquels lui rendent aujourd’hui hommage. Le musée de la Chasse, devenu à bon droit « et de la Nature » lors de sa réouverture fin 2006, reconstitue le cabinet de cet amateur et signale, dans ses collections, les œuvres qu’il a fait entrer.

    Le portrait de La Jonchère, par Hyacinthe Rigaud (1659-1743), est typiquement XVIIIe par le traitement franc du costume (ici le splendide rouge et noir costume d’apparat de l’ordre de Saint-Louis) et par celui, flou, du visage : les traits n’y sont pas affirmés, comme si l’artiste hésitait à préciser le caractère concret de la tête humaine.

    Antérieurs de plusieurs décennies dans la carrière de Rigaud, trois portraits d’artistes : Antoine Coysevox, Gabriel Blanchard, un anonyme. Le négligé de la mise est une convention de la représentation de l’artiste au travail. On se souvient d’une exposition des Beaux-Arts où, au vu d’un débraillé analysé comme un indice de non-conformisme, un buste d’Hubert Robert était étiqueté contestataire – contresens d’autant plus malheureux qu’il paraissait volontaire.

    C’est au travail que se représente le grand ami de Rigaud, Nicolas de Largillière (1656-1746), dans le dernier autoportrait de sa carrière, toile austère. L’artiste tient un porte-mine. Il s’apprête à mettre en place la composition sur une toile.

    Cette toile vierge n’est pas blanche. Les toiles modernes sont toutes couvertes d’une impression d’un blanc éclatant. Les anciens n’en usaient pas ainsi. L’impression était colorée. On le constate en comparant les toiles inachevées : impression ocre rouge (portrait de Gabriel Blanchard), impression grise (autoportrait de Largillière), impression vieux rose (tête de femme, par Pierre Mignard). L’impression donnait une unité à l’ensemble et conditionnait la luminosité et la tonalité générale de l’œuvre. Elle permettait d’indiquer les lumières d’une composition dès le début, d’avancer le travail par partie (d’achever le visage sans avoir entamé l’habit) sans être gêné par le blanc, dont la moindre parcelle subsistante perturbe la perception du travail déjà effectué.

    Le père de Largillière commerçait à Anvers, il plaça son fils chez le peintre Anton Goebow, spécialisé dans les bambochades. Puis Nicolas devint en Angleterre l’élève de Pierre Lely. Rentré à Paris, il attira l’attention de Le Brun et fut reçu peintre d’histoire à l’Académie en 1686. Largillière peignit des portraits d’aristocrates, mais sa clientèle fut essentiellement bourgeoise. « Ce peintre eut peu de liaison avec la Cour auprès de laquelle il n’a jamais fait aucune démarche ; il aimait mieux, à ce qu’il m’a dit plusieurs fois, travailler pour le Public : les soins en étaient moins grands, et le paiement plus prompt », écrit un biographe anonyme en 1752. L’inspiration de Largillière n’est pas démesurée. Il peignit trop de pratique, mais un heureux métier rattrape cela.

    L’œil se perd dans une toile comme La marquise de Noailles et ses enfants, mais le métier est large et lisible dans un portrait de gentilhomme inconnu (vers 1685, illustration). Largillière passa, un temps, pour le Van Dyck français, puis la postérité lui préféra Rigaud. Dans la nature morte, il donne trop dans le brillant, mais certaines parties – une jatte de pêches – laissent présager la matière de Chardin.

    Largillière eut Oudry (1686-1755) comme élève. De celui-ci, Lastic posséda deux des beaux dessins illustrant les Fables de La Fontaine. C’est en tant que peintre animalier qu’on retrouve Oudry dans les collections du musée : la célèbre Lice et ses petits.

    L’autre grand animalier français, Desportes (1661-1743), reçut en 1702 la commande des portraits des plus belles chiennes de chasse du roi : Lise ; Diane et Blonde… Ses études (chiens, papillons, pies, chouettes, etc.) n’ont d’égales que celles de Pieter Boel (1626-1674). Les œuvres de Boel furent d’ailleurs longtemps confondues avec les siennes. G. de Lastic a contribué à les distinguer. Boel était anversois et travailla auprès de Le Brun aux Gobelins. Desportes lui-même avait eu pour maître un Flamand domicilié à Paris, Nicasius Bernaert.

    Froids, froids les dessus-de-porte de Desportes (1713) en comparaison des études. Leur intérêt est plus iconographique car ils représentent des animaux et des plantes exotiques. Un coup de foudre : La chasse au renard de Pol de Vos, vivante, aux délicieux tons bleu passé et ocre. Une vieille liaison : Le canard à la bigarade de Chardin, dans des gris terreux où les touches d’orange et de vert presque noir se font violence.

    Samuel

    Georges de Lastic – Le cabinet d’un amateur.

    Jusqu’au 13 mars 2011, musée de la Chasse et de la Nature.

    illustration : Nicolas de Largillière, Portrait d’un gentilhomme inconnu© David Bordes


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  • Prohibition rampante

    L’Organisation mondiale de la Santé a rendu public, le 11 février, son Rapport mondial de situation sur l’alcool et la santé. Le bilan est sans appel : « Il faut réduire la consommation d’alcool », annonce le communiqué. Ce qu’un site d’actualités présente ainsi : « L’alcool tue plus que le sida ! ». La liberté de boire tue plus que la liberté sexuelle : le message va passer.

    Près de 4 % des décès sont liés à un usage nocif de l’alcool. Le pourcentage augmente dans deux catégories : 9 % des jeunes de 15 à 29 ans, 20 % des Russes à l’âge adulte. L’OMS « définit l’usage nocif de l’alcool comme une consommation excessive au point qu’elle entraîne des dommages pour la santé et souvent également des conséquences sociales indésirables ». Si je lis bien, la cuite traditionnelle n’est pas concernée.

    A côté de ces considérations mondiales, le rapport analyse la situation région par région, pays par pays. La consommation annuelle d’un Français adulte s’élève à 13,7 litres d’alcool pur. Cela le place au-dessus de la moyenne européenne, qui est de 12,2 ; et largement au-dessus de la moyenne ouzbèke, qui est de 3,5.

    La moyenne ouzbèke ne se glisse pas par hasard dans la partie du rapport consacrée à l’Europe. L’OMS a une conception particulière de la « région Europe » : elle y inscrit Israël, la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et autres pays radicalement orientaux. L’OMS est très en avance sur l’UE, avec cette Europe élargie dans laquelle les racines chrétiennes comptent comme radicelles.

    N’est-ce pas mieux ainsi ? « Le fait qu’il y ait moins de décès attribuables à l’alcool dans les pays à majorité musulmane n’est pas surprenant, du fait du chiffre élevé d’abstinents pour raisons religieuses », constate le rapport global (p. 11, 26, 46). Un précédent rapport consacré à la même simili-Europe (2010), soulignait « la corrélation entre le taux d’abstinence d’alcool et la proportion de population musulmane » (p. 9, 28). Obsession ? Comprenez : le problème de santé publique que pose l’alcool se trouverait heureusement résolu par une islamisation massive de l’Europe (occidentale). Telle déclaration sonnerait cru. Aussi l’OMS préconise-t-elle simplement de renforcer les politiques déjà mises en place : pression fiscale accrue, réduction du nombre des points de vente, augmentation des limites d’âge légales pour l’achat d’alcool, lutte contre l’alcool automobile – voire interdiction totale de l’alcool. Au passage le rapport a un geste de tendresse pour la loi Evin, « exemple de formulation d’une politique de contrôle de la publicité et de la commercialisation d’alcool ».

    Tout ce discours de prohibition progressive et d’islamisation hygiénique est cautionné par des diagrammes, des courbes, des camemberts… Qu’y connaissent-ils au camembert, les experts de l’OMS ? Savent-ils seulement que cela s’accompagne d’un bon vin rouge ?

    Martin Schwa


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