• Russie sainte

     

    Au Louvre

     

    <o:p></o:p>

    Sainte Russie

    <o:p></o:p>

    Présent  du 3 avril 2010<o:p></o:p>

    La grande icône des saints Boris et Gleb, premiers martyrs de l’histoire russe, affirme son hiératisme vertical, axé sur l’épée et la croix. L’icône du XIVe suit les canons fixés dès le XIe siècle, époque du martyre. Sur fond d’or, les deux frères se complètent en vert et rouge, mi-partis comme des figures de blason. L’Eglise russe rend hommage à leur sacrifice, ils ont préféré mourir, tués par leur frère Sviatopolk le Maudit, plutôt qu’entrer dans une guerre fratricide. Sviatopolk sera tué par un quatrième frère, Iaroslav le Sage. <o:p></o:p>

    Leurs parents Vladimir et Olga, en se convertissant, ont fait entrer dans l’Eglise le peuple Rous’ (Xe siècle). La conversion a lieu rapidement après l’apparition des Rous’ dans l’histoire : ils sont mentionnés en 839 dans le texte latin des Annales de Saint-Bertin ; en 860 dans le texte grec du patriarche Photios. Ils se convertissent au contact de Byzance et en adoptent le modèle politique, religieux et artistique : églises à coupoles, icônes. La célèbre Vierge de Vladimir est une Vierge de tendresse byzantine. Le Louvre en présente une copie de 1408, qu’on attribue à André Roublev. Même influence dans l’orfèvrerie : le calice de Novgorod, à deux anses, à figures repoussées, est issu d’un savoir-faire éprouvé (XIe).<o:p></o:p>

    Cependant la Rous’ kiévienne n’est pas une « filiale » de Byzance. Les contacts avec l’Occident sont nombreux. Iaroslav le Sage épouse une princesse suédoise, leur fille épouse notre roi Henri Ier en 1051. L’art roman voyage, comme le montrent quelques sculptures sur pierre. La principauté de Vladimir-Souzdal y est particulièrement sensible. Les formidables portes de l’église de Souzdal (début XIIIe) combinent une technique romane (le vernis brun) avec un style byzantin ; y apparaît un motif exclusivement russe, la scène du Prokov : la Vierge étend un voile protecteur sur l’assemblée. <o:p></o:p>

    Un Panaghiarion, ustensile sacré proprement orthodoxe (il est destiné à offrir à la Vierge un morceau de pain) présente des réminiscences romanes, curieuses à la date de sa réalisation (1435, Novgorod) : la patène est tenue à bouts de bras par des anges agenouillés sur des lions. Le socle, lui, relève plutôt du gothique allemand.<o:p></o:p>

    Les invasions mongoles morcèlent la Russie en vassalités. Novgorod est la seule ville à connaître aux XIV et XVe siècles, indépendance et prospérité. Cependant d’autres centres artistiques existent (Pskov). La tendance est de suivre l’art byzantin, mais en développant des particularités. Le fond d’or, déjà parfois oublié autrefois (saint Climaque, XIIIe, sur fond rouge, ill.) disparaît au profit de fonds rouges, blancs, ivoires... L’icône dite « Vierge du Signe » relate la fin de la rivalité entre Novgorod et Souzdal. Les archers de Souzdal ayant tirés sur une icône de la Vierge hissée sur les remparts, ce sacrilège est sanctionné par la victoire de Novgorod. Une splendide Dormition du XVe montre le Christ portant l’âme de la Vierge, sous la forme d’un nouveau-né emmailloté.<o:p></o:p>

    Peu à peu émerge Moscou. Le moine André Roublev (né vers 1360) marque l’histoire de la peinture. L’icône de la Sainte Trinité est un événement esthétique et spirituel. A défaut de la vénérable icône, on voit son oklad, riche habillage d’or offert par Boris Godounov en 1599-1600.<o:p></o:p>

    Vers la fin du XVe siècle, la Moscovie a grandi jusqu’à se libérer du joug tatar. Ivan III (1462-1505) se proclame « souverain de toute la Rous’ » et « autocrate », titre en déshérence depuis la chute de Constantinople. Il épouse la nièce du dernier empereur byzantin, éduquée en Italie. Trois artistes italiens participent à la reconstruction du Kremlin. Cependant l’icône proprement dite, réalisée selon des étapes qui constituent un rituel, résiste à la pénétration étrangère. De 1497 date la grandiose iconostase de Saint-Cyrille du Lac-Blanc. Les figures sont élancées, expressives. Les scènes composées très lisiblement. Tout cela dans des coloris vifs et frais, délicats et harmoniés, cantate à la pureté.<o:p></o:p>

    Sous Ivan le Terrible (XVIe siècle), les artistes de Moscou produisent un art de cour, faisant de la ville « le grand atelier ». C’est un mélange de tradition et d’apports Renaissance dans le domaine de l’orfèvrerie. Le XVIIe voit se développer une préciosité maniériste sous les Stroganov, tandis que le portrait funéraire appartient pour une part au genre de l’icône et pour une autre à celui du portrait occidental (Portrait funéraire de Féodor III, 1686). La profondeur fait une timide apparition dans les paysages des icônes. Ces procédés occidentaux vont trouver, sous Pierre le Grand, un développement considérable, sans que l’âme russe ne perde sa forte identité.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Sainte Russie – l’art russe, des origines à Pierre le Grand.

    Jusqu’au 24 mai 2010, Musée du Louvre.

     

    <o:p></o:p>

    illustration : Saints Jean Climaque, Georges et Blaise, Novgorod, XIIIe siècle © Musée russe, Saint-Pétersbourg<o:p></o:p>


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :