L’Organisation mondiale de la Santé a rendu public, le 11 février, son Rapport mondial de situation sur l’alcool et la santé. Le bilan est sans appel : « Il faut réduire la consommation d’alcool », annonce le communiqué. Ce qu’un site d’actualités présente ainsi : « L’alcool tue plus que le sida ! ». La liberté de boire tue plus que la liberté sexuelle : le message va passer.
Près de 4 % des décès sont liés à un usage nocif de l’alcool. Le pourcentage augmente dans deux catégories : 9 % des jeunes de 15 à 29 ans, 20 % des Russes à l’âge adulte. L’OMS « définit l’usage nocif de l’alcool comme une consommation excessive au point qu’elle entraîne des dommages pour la santé et souvent également des conséquences sociales indésirables ». Si je lis bien, la cuite traditionnelle n’est pas concernée.
A côté de ces considérations mondiales, le rapport analyse la situation région par région, pays par pays. La consommation annuelle d’un Français adulte s’élève à 13,7 litres d’alcool pur. Cela le place au-dessus de la moyenne européenne, qui est de 12,2 ; et largement au-dessus de la moyenne ouzbèke, qui est de 3,5.
La moyenne ouzbèke ne se glisse pas par hasard dans la partie du rapport consacrée à l’Europe. L’OMS a une conception particulière de la « région Europe » : elle y inscrit Israël, la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et autres pays radicalement orientaux. L’OMS est très en avance sur l’UE, avec cette Europe élargie dans laquelle les racines chrétiennes comptent comme radicelles.
N’est-ce pas mieux ainsi ? « Le fait qu’il y ait moins de décès attribuables à l’alcool dans les pays à majorité musulmane n’est pas surprenant, du fait du chiffre élevé d’abstinents pour raisons religieuses », constate le rapport global (p. 11, 26, 46). Un précédent rapport consacré à la même simili-Europe (2010), soulignait « la corrélation entre le taux d’abstinence d’alcool et la proportion de population musulmane » (p. 9, 28). Obsession ? Comprenez : le problème de santé publique que pose l’alcool se trouverait heureusement résolu par une islamisation massive de l’Europe (occidentale). Telle déclaration sonnerait cru. Aussi l’OMS préconise-t-elle simplement de renforcer les politiques déjà mises en place : pression fiscale accrue, réduction du nombre des points de vente, augmentation des limites d’âge légales pour l’achat d’alcool, lutte contre l’alcool automobile – voire interdiction totale de l’alcool. Au passage le rapport a un geste de tendresse pour la loi Evin, « exemple de formulation d’une politique de contrôle de la publicité et de la commercialisation d’alcool ».
Tout ce discours de prohibition progressive et d’islamisation hygiénique est cautionné par des diagrammes, des courbes, des camemberts… Qu’y connaissent-ils au camembert, les experts de l’OMS ? Savent-ils seulement que cela s’accompagne d’un bon vin rouge ?
Martin Schwa