• 1500 (II)

     

    Au Grand Palais<o:p></o:p>

    France 1500 (II)<o:p></o:p>

    Présent du 27 novembre 2010<o:p></o:p>

    Samedi dernier, nous constations la relative pauvreté de talents de peintre autour de l’année 1500. Côté coloristes et dessinateurs, ce sont les maîtres-verriers qui, dès la fin du XVe siècle et pour une bonne part du XVIe, créent et réalisent des œuvres inspirées. Quelques vitraux, entiers ou fragmentaires, illustrent cela.<o:p></o:p>

    L’arrivée, dans les collections de l’élite française, de peintures italiennes a-t-elle eu un effet inhibant ? Elles ont radicalement rompu avec l’univers de la miniature. Voyez une Nativité de Fra Bartolomeo, une Déploration d’Andrea Solario, la Sainte Véronique de Lorenzo Costa, La belle ferronnière du Vinci – voilà un Vinci que j’aime. L’emploi de l’huile, ce médium considéré comme supérieur puisque permettant tout, ne saurait transformer d’honnêtes miniaturistes en grands « huiliers », sauf à l’utiliser d’une tout autre manière que celle des Italiens (cf. les panneaux du Maître de saint Gilles), donc en ne suivant pas exactement la tendance.<o:p></o:p>

    Rien de semblable dans la sculpture. Aucune révolution technique ne vient perturber les artistes. Tout au plus constate-t-on l’emploi plus fréquent du marbre, qu’on fait venir d’Italie, pierre prestigieuse mais traîtresse.<o:p></o:p>

    La première influence italienne est celle des médailles. L’usage se répand d’en offrir. En Italie, la médaille est affaire de sculpteurs ; en France, d’orfèvres. Le roi René a deux médaillistes à son service : Pietro da Milano et son élève Francesco Laurana. Ils glorifient le couple royal, qui a chanté son union en vers et en enluminures, en juxtaposant les profils de René et de Jeanne ou deux tourterelles liées par le col : « paire non pair » (couple sans pareil).<o:p></o:p>

    A leur suite on verra Michel Colombe réaliser la médaille de Louis XII, frappée par un orfèvre, Jean Perréal dessiner les médailles de Charles VIII et d’Anne de Bretagne, réalisées par des orfèvres.<o:p></o:p>

    Michel Colombe est actif dans la vallée de la Loire. A l’époque qui nous intéresse il a soixante-dix ans (et beaucoup de poussière) : une belle maturité de sculpteur. Les œuvres de sa jeunesse sont inconnues. Son art est mesuré, gracieux quand il le faut, monumental toujours : une Vierge à l’Enfant (terre cuite) résume bien son talent.<o:p></o:p>

    Son neveu et collaborateur, Guillaume Regnault, ne démérite pas. Un de ses élèves, Jean Guilhomet, non plus. Pierre II de Bourbon fait appel à lui. On a vu le duc, sa femme et leur fille, peints par Jean Hey. A Guilhomet, il commande leurs trois saints patrons, belles et grandes pierres : saint Pierre, sainte Anne et la Vierge enfant, sainte Suzanne. La mouvance de Colombe s’illustre par un gothisme atténué, une mesure qu’on qualifierait volontiers de pré-classique, ou de française.<o:p></o:p>

    Cet esprit coexiste avec des productions restées gothiques d’esprit, mais non moins remarquables. Tandis que les œuvres de Jacques Bachot, le maître de Chaource, sont inspirées par l’austérité, comme d’autres sculptures champenoises (Christ de pitié, Mussy-sur-Seine, Aube), beaucoup de sculptures se signalent par une gracieuseté franche ou maniérée : la sainte Marie l’Egyptienne (Saint-Germain-l’Auxerrois), la sainte Madeleine (Montluçon), Notre-Dame de Grâce (Toulouse), l’Annonciation normande du musée de Cluny. Cette dernière était polychrome. La nudité de la pierre laisse paraître le travail approfondi de l’artiste.<o:p></o:p>

    Les médaillistes italiens n’ont pas changé le cours des choses, ce sont les artistes ramenés par Charles VIII qui, par instillation, apportent un air nouveau aux ateliers français. Il faudra attendre les années 1530, le chantier de Fontainebleau, pour voir peser le maniérisme. Pour le moment, les artistes français et italiens font connaissance.<o:p></o:p>

    Le tombeau des enfants de Charles VIII est une collaboration entre l’atelier de Colombe, pour les figures, et l’Italien Jérôme Pacherot (Girolamo Paciarotto) pour la base, ornée de rinceaux et de figures en relief (putti, Hercule…). On l’a noté pour les enluminures : la Renaissance arrive par voie ornementale, la figure restant « gothique ».<o:p></o:p>

    Pour sa chapelle de Gaillon, le cardinal d’Amboise associe encore Colombe et Pacherot (Saint Georges tuant le dragon, retable), et emploie Antoine Juste, autre Italien venu en France avec son frère Jean : le Christ et douze apôtres, des terres cuites polychromes, lui sont commandés. Reste le Christ, saint Jacques, la belle tête de saint Pierre (illustration).<o:p></o:p>

    ***<o:p></o:p>

    Deux articles, et le « matériel » de l’exposition n’est pas épuisé. J’ai laissé de côté les fortes gravures sur bois, les émaux, les tapisseries… Qu’on regrette, vraiment, l’esprit dispersé dans lequel « France 1500 » a été conçue ! Une vache gothique n’y retrouverait pas son veau Renaissance.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    France 1500, entre Moyen Age et Renaissance.
    Jusqu’au 10 janvier 2011, Galerie nationale du Grand Palais.

    illustration : Antoine Juste, Tête de saint Pierre (musée du Louvre) © RMN / René-Gabriel Ojéda<o:p></o:p>


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