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Par schwa1 le 30 Août 2006 à 21:12
Horoscope de lété citoyen
par Annick Ekolkhor
Bélier.
Même en vacances le tri des déchets simpose. Vivez-le non comme une astreinte mais comme une ascèse. Le sac vert dans le conteneur vert, le sac jaune dans le conteneur jaune : les couleurs de lété pour des ordures plus citoyennes.Taureau.
Mesdames du 1er décan, les vacances dopent votre libido et crac ! cest laccident. Pas dinquiétude, lIVG étant remboursé par la Sécu. Du 2e décan : fumer tue et accroît les risques de stérilité.Gémeau.
Bloqué de longues heures dans un Corail sans climatisation, ne nourrissez pas pour autant de ressentiment populiste à légard de la SNCF. Remboursement du billet : impossible pour le 2e décan, illusoire pour le 1er et le 3e.Cancer.
Partagé entre lincitation à lhumidification des personnes âgées par temps chaud et linterdiction darroser les jardins, vous faites piquer Mémé: un beau geste pour la protection de lenvironnement.Lion.
Les repas estivaux entre amis sont loccasion de manger sain: ni graisses, ni sucres. 3e décan, noubliez pas que lalcool étant connoté dun point de vue religieux, il nuit au dialogue inter-culturel et est dangereux pour la santé laïque.Vierge.
Le devoir de mémoire, cest y penser toujours, en parler sans cesse : dans un embouteillage, en mangeant une glace ou lors dun barbecue. Alzheimer du 2e décan, faites un effort.Balance.
Lété sera chaud, et brûlante votre voiture la nuit. Pas de sentiment de rejet fascisant à légard du malaise des jeunes. Si vous le ressentez, devenez un exemple citoyen pour votre entourage en dénonçant vos propres pensées à la HALDE.Scorpion.
3e décan aoûtien en ville : consolez-vous avec les énièmes rediffusions télévisées ou les sempiternels jeux radiophoniques. 1er décan : et si vous relisiez le Da Vinci Code ?Sagittaire.
Soucis à la plage: votre fils vous annonce son mariage avec un femme. Vous auriez tant aimé mettre la famille aux normes sociétales en ayant un couple homo! Pas dinquiétudes, vous pourrez être grand-père malgré tout.Capricorne.
Professeurs du 1er décan, voici les mois bénis sans insultes ni passages à tabac! Mais cela vous manque: après tout navez-vous pas contribué à cet état de fait? Il sera toujours temps, à la rentrée, de demander «plus de moyens».Verseau.
Une grève des bagagistes le 30 juillet? Vous resterez serein, estimant justifiées les revendications sociales des Syndicats. Le droit de grève est un acquis sociaux, expliquez-vous à votre femme. Couple: des tensions à envisager vers le 30 juillet.Poissons.
électeurs du 2e décan, sentiment dincertitude : Sargolène ? Sékozy ? Le remord de ne pas avoir accompli votre devoir civique le 21 avril 2002 vous poursuit. Vous cherchez le réconfort auprès des chiraquiens du second tour.
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:36
Sportif. -
Francis Lalanne «poète et supporter», appelait dans Direct Soir du 9 juin à la création d «un courant de stress positif» autour de léquipe de France. Le nationalisme intégré, un peu oublié depuis 1998 (le 12 juillet 1998, «lesprit et la posture de tous les supporters ne faisaient plus quun», curieuse gymnastique), réapparaît : «il faut que nous réapprenions à vivre en joie laventure nationale» avec «nos grands anciens» en misant «sur notre mixité, sur notre volonté dexprimer lIdentité». Déroulède en short.Cosmogonique. -
Le périodique Réveillez-vous! édité par les Témoins de Jéovah nous annonce larrivée prochaine dun monde de paix «qui remplacera lactuel système de choses méchant et sans loi.» Bouh, méchant le monde, pas gentil! Autre échantillon de réflexion chrétienne : une rencontre à N.-D. de Pentecôte (la Défense) le 15 juin dernier, organisée par «Cieux», Comité Inter-religieux pour lExploration de lUnivers et contre la Xénophobie. Enfin les vraies questions : les Martiens, victimes du racisme européen? Les Vénusiens sont-ils antisémites? Peut-on être c... comme la Lune?Tous les mois, la rubrique impertinente de G. Lindenberger.
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:33
Extraits d'un texte d'Emile Montégut sur l'idée de Patrie (1871)
Quest-ce que la patrie ? Je commence par prendre la question par son côté le plus étroit peut-être, mais le moins contesté, et je réponds avec lantiquité : La patrie, cest le pays des pères, et ce qui la constitue, cest le lieu où nous sommes nés, les foyers, les autels et les tombeaux. Si cette définition est exacte, il faut avouer que la révolution, tout en prononçant très haut le nom de patrie, a peu ménagé tout ce qui la compose. Je dirai peu de choses des autels : on sait la haine toute particulière que leur a vouée la révolution, haine tellement tenace quau bout de quatre-vingt ans elle est aussi enflammée quau premier jour. Je ninsisterai pas davantage sur les tombeaux ; on sait le respect avec lequel elle les a traités, quils fussent anciens ou nouveaux, quils enfermassent des rois ou des révoltés, la cendre de Louis XIV ou la cendre de Mirabeau. Bien différente de ce vieux père la mort de Walter Scott qui sétait donné la tâche pieuse de protéger les sépultures héroïques contre loubli des vivants ou la mousse du temps, la révolution française en a brisé le plus quelle a pu. Je nai nulle envie de mélever contre la constitution nouvelle quelle a donnée à la famille ; il faut bien reconnaître cependant que le sentiment qui la inspirée nest point précisément le respect du foyer, que les dieux lares nont obtenu delle aucun culte superstitieux. Reste enfin ce que les Bretons appelaient la petite patrie, quils aimaient à opposer à la grande, la province, le district, le lieu natal. Cest là surtout que luvre de la révolution a été radicale et complète. Elle a donné à la grande patrie, il est vrai, la plus forte, la plus compacte unité que jamais nation ait connue ; mais elle a tué toutes les petites patries, et on peut dire quelle a effacé pour chacun de nous le lieu de naissance. Certes, lorsquelle opéra cette réforme si hardie, elle navait point la pensée de porter atteinte à la patrie, et pourtant que faisait-elle, sinon la dépouiller de tout caractère concret et matériel, la réduire à létat de pure abstraction, de généralité métaphysique ? Oui, la grande unité quelle créa peut arracher ladmiration du philosophe, le respect du lettré, inspirer lamour à quiconque sait aimer par lintelligence, mais non pas faire battre le cur dun pauvre homme, et révéler à lignorant les émotions de cette piété nationale sans laquelle il nest point véritablement de patrie. La patrie telle que la révolution la fit, cest une philosophie, ce nest pas une religion : or il faut quelle soit une religion pour la plus grande partie des hommes, sans quoi elle nest point. « Ma province mest plus chère que ma famille, ma patrie que ma province, et lhumanité que ma patrie » disait Fénelon. Ce sont là de nobles paroles, mais qui ne sont vraies que pour Fénelon et ceux qui lui ressemblent. Pour la plupart des hommes, tout amour séteint quand son objet est trop général. Rien nest plus froid pour eux quune idée abstraite. Dites au premier venu daimer Dieu, il vous comprendra, et peut-être vous obéira ; dites-lui daimer lêtre en soi et cherchez ensuite si son cur bat bien fort. Il en est de même dune patrie trop vaste et réduite à létat dabstraction politique saisissable seulement par lintelligence. Elle est alors inaccessible au cur, elle inspire à lhomme ordinaire un amour aussi tiède que celui quinspirerait à des paysans une maîtresse toujours absente et quils ne pourraient jamais voir. Ce résultat sest peut-être déjà fait sentir. Le cur de lhomme est fort et chaud, mais il est singulièrement étroit et borné dans ses affections ; il naime bien que de près et ce qui est près. Or comme lamour est le suprême régulateur de toutes nos facultés, ce qui est compris est seulement ce qui est aimé. Posséder une petite patrie est donc pour lhomme le plus sûr moyen den aimer une plus grande, car la grande patrie cesse dêtre une abstraction pour quiconque en contemple limage dans une plus petite : cest une réalité tout comme la petite, il la voit, il la touche, il pourrait en faire le tour ; pour sélever jusqu'à elle, son cur na pas deffort douloureux à faire, il na quà monter dun degré. Lorsque cette première patrie lui manque au contraire, il se sent comme perdu au milieu dun vaste et monotone océan dhommes ; il ne sait plus où accrocher ses racines, et alors, se repliant sur lui-même, il sisole égoïstement, se fait centre du monde et se constitue à lui-même son univers. Cest ainsi que par degrés insensibles une société en arrive à cet état dindividualisme stérile et impuissant dont les ravages ont pu frapper tous les yeux clairvoyants. Ce besoin dune petite patrie au sein dune plus grande est tellement dans la nature humaine, que partout où le pouvoir échappera aux classes éclairées, où le peuple sera libre dagir à sa guise, on le verra immédiatement renouveler lhistoire des Flandres ou de lItalie du moyen âge, se façonner des patries grandes comme de bonnes paroisses dont il connaîtra tous les habitants, dont il pourra faire le tour en une journée.
[...]
« Nous vivons dans un temps où la nécessité économique prime toute autre question » ; dans cette formule si simple, si peu contestable, est implicitement renfermée la destruction de lidée de patrie. De toutes les choses de ce monde, la plus cosmopolite par nature, cest lintérêt matériel. Comme lactivité est leur essence, les intérêts sont sans cesse mouvants, et nont rien de cette fixité qui est propre à la patrie. Ils ont des résidences, des campements nommés comptoirs, ils nont pas de demeure. Pour quils aient leur libre expansion, ils faut quils ne rencontrent aucun obstacle ; or la patrie nest composée que de barrières. Qui dit intérêt dit rapide circulation, qui dit patrie dit étroit resserrement. Les intérêts nont point dâme ; ils ne connaissent pas leurs propres clients, qui se succèdent en nombre plus rapide que les passants dans une rue populeuse, et ces clients sont non pas des hommes, mais des chiffres, des raisons sociales, des valeurs momentanées. Ils sont donc isolés au milieu de la plus bruyante affluence ; aussi peut-on dire quil ny a rien en ce monde qui dépasse la liberté des intérêts et qui soit plus profondément démocratique.
[...] Remarquez enfin que plus les intérêts sont multipliés et les transactions entre les peuples rapides, moins la patrie nous est nécessaire. Cela est si vrai que les meilleures et les plus vraies réformes économiques nous conduisent à ce résultat. à Dieu ne plaise que je veuille prendre parti dans linterminable querelle des libre-échangistes et des protectionnistes ! Je crois que les libre-échangistes ont raison ; mais, sils sont meilleurs démocrates que les protectionnistes, les protectionnistes sont certainement meilleurs patriotes. Il y a une grande différence entre dépendre de la patrie seule pour les besoins de la vie et dépendre de tous les peuples de lunivers.
[...]
Cest une très sérieuse question que de savoir si les démocraties peuvent se défendre longtemps, et si même elles ont les ressources nécessaires pour se défendre. Ce ne sont point les leçons de lhistoire qui nous inspirent ce doute, et Dieu sait pourtant si ces leçons sont instructives. On naurait quà comparer la stabilité des états aristocratiques et lexistence souvent brillante, mais toujours si rapide, des démocraties, pour être déjà édifié à cet égard. Ce nest pas davantage la mobilité, linconstance, la versatilité bien connues des démocraties, ni même cette dangereuse présomption subitement suivie dune abdication désespérée et complète dont nous avons vu si souvent le triste spectacle, qui nous effrayent pour leur avenir. Le fait qui cause notre inquiétude, ce sont les ravages que lexagération de lidée dégalité opère si rapidement dans les sociétés démocratiques, surtout dans une société aussi fortement centralisée que la nôtre. En temps de paix, ces ravages ne se distinguent pas, et même quand on les remarque, si lon a tant soit peu de penchant pour la démocratie, on est tenté de les regarder comme des bienfaits ; mais vienne la guerre, surtout la guerre sur le sol de la patrie, et aussitôt on saperçoit du peu de force quune démocratie absolue laisse à une nation. Voyez un peu le spectacle que présente la France au bout de quatre-vingts ans de révolutions ; ce nest pas assez dire, selon la métaphore depuis si longtemps en usage déjà, que cest une société nivelée jusquau ras du sol, il faut ajouter que ce sol lui-même a été retourné, hersé, broyé jusquau tuf. Tous les éléments sociaux, cest à dire ce qui donne à un pays fixité et continuité, ont été tour à tour déracinés ; il ny a plus rien quun amas de poussière humaine désagrégée et impuissante. Dans un tel milieu social, létat seul a volonté, faculté de commander et chance dêtre obéi ; malheureusement, dès que le ressort de létat se brise, toute direction disparaît, et les destinées de la nation sont remises à lintelligence du hasard.
[...]
Quelle est limportance politique du citoyen dans une démocratie comme la nôtre ? Elle est nulle, peut-on répondre hardiment. La Révolution nous a délivrés de toute contrainte, mais cest en nous enlevant toute participation à une existence générale quelconque. Autrefois lindividu, à quelque sphère quil appartînt, rentrait dans un centre dactivité collective dont il ne pouvait se séparer, magistratures, ordres religieux, corporations, que sais-je encore ? Ses intérêts se rapportaient de la manière la plus étroite aux intérêts de ce groupe, ou, pour mieux dire, ils étaient les mêmes. Chacune de ses affaires privées, aussi petite quelle fût, avait une importance générale, et rien que pour vivre en simple particulier, il était obligé de vivre comme un être collectif. Nous pouvons en convenir facilement aujourdhui, cétait là une manière de comprendre la personnalité humaine qui valait bien la nôtre. La plus humble existence navait rien de chétif, puisquelle était rehaussée jusqu'à une existence dordre général ; elle nétait pas impuissante, puisquelle ne connaissait pas lisolement. Il ne faut pas chercher dautre raison au nombre infini dindividualités éminentes que nous voyons se succéder dans les trois derniers siècles de notre histoire avec une si vivace fécondité, de même quil ne faut attribuer quà la raison contraire létrange disette dhommes remarquables qui nous afflige à cette heure, et sur laquelle nous en sommes tous venus à nous lamenter après lavoir niée si longtemps contre toute évidence.
Emile Montégut
Extrait de
La Démocratie et lidée de patrie (texte daté doctobre 1871) ; pour approfondir la question, voyez lincontournable analyse de Jean de Viguerie, Les Deux Patries, DMM, 1998.
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:25
Pour la présentation d'Emile Montégut par Xavier Soleil (lovendrin n°12, pp 7-8) nous renvoyons à son site personnel.
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:21
En exclusivité pour lovendrin!
un chapitre inédit du Dan Broni Code
Dans lombre de la station Saint-Michel, haut lieu de Paris où se déroulèrent différents combats eschatologiques, lAnge contre le Démon, les Musulmans contre les Catholiques, un moine albinos, tout en se garrottant avec du fil de fer barbelé que ses maîtres de lOpus Dei achetaient en secret à un fabricant nazi caché en Amérique du Sud, épiait Forrest Gump et Dan Brown.
- Une valise en carton ! sexclama Forrest.
- Ma grand-mère en possédait une. Mais quel est cet ingénieux mécanisme ?
- Une combinaison codée. Da Vuittoni, le célèbre serrurier de la Renaissance, a le premier mis au point ces mallettes qui permettaient de transporter des documents sans craindre lInquisition.
- Comment louvrirons-nous ?
- Celle-ci est assez simple : cest une combinaison à un seul chiffre. Il suffit de tourner la mollette jusquà ce que le chiffre arabe vous savez que lEglise a pillé les richesses scientifiques de lIslam déclenche le moraillon.
Forrest Gump commença à tourner la mollette. Un deux trois Dan Brown suait à grosses gouttes : quel secret avait été caché dans cette valise ? Quatre cinq six Il transpirait désormais abondamment Sept : un déclic se fit entendre !
- Que ny ai-je pensé plus tôt ? se reprocha Gump. Bien sûr, le chiffre sept, qui dans toutes les civilisations où le rationnel na pas éteint les symbolismes majeurs de lhumanité signifie le changement après un cycle accompli et un renouvellement positif ! La ligne 7 ! Pensez à demander à Ti Bing, mon ami chinois, sil peut nous prêter un plan de métro.
- Mais que recèle cette valise ?
- La vie, cest comme une boîte de chocolat.
Le contenu de la valise apparut : une raquette de tennis de table, une plume, une rose et un poil fessier.
- Ça se complique singulièrement.
- Jai connu une fille, dit Gump (il parlait dAmélie Poulain, qui, descendant du Christ, sétait installée à Montmartre, haut-lieu du féminin sacré pré-chrétien, éminence mamaire sans ambiguïté), jai connu une fille qui aurait percé ce mystère en cinq minutes.
Toujours caché dans lombre, le moine observait les deux hommes qui réfléchissaient. « Où ai-je mis ma Carte Orange ? Si je la perds, je suis indigne de la confiance de Mgr. » Et, préventivement, il serra un peu plus le garrot. Le sang jaillit en un flot ininterrompu et rouge.
- Commençons par le plus simple. Cette raquette est utilisée par les pongistes : cest une allusion transparente au Ping et au Pong, le principe actif et le principe passif.
- Et la plume ? Je me souviens, ma grand-mère me chantait cette complainte païenne qui se transmet dâge en âge, malgré linterdiction de léglise : Au clair de la lune Elle doit symboliser lécriture. Regardez : la rose aussi nous renvoie à lécriture : Au nom de la rose !
- Très juste, accorda Forrest. Si je reste dans cette voie, et si je ne mabuse, le poil fessier est une allusion du même genre. Connaissez-vous lauteur mystique et profond Paulo Coelho ?
Dan ne voyait pas du tout le rapport.
- Voyons, cest évident : ce poil est la transcription exacte de « poilo cuelo ».
- Mais alors ?... balbutia Dan Brown au bord du gouffre de la Vérité bannie par les autorités chrétiennes depuis au moins 4000 ans.
- Oui, cest évident, Dan ! Les Maîtres du Prieuré de Fion ont ménagé ces indices pour que vous lappreniez : vous êtes le fils naturel dUmberto Eco et de Paulo Coehlo.
Ils avaient trouvé le secret ! Dans lombre sanglante le moine fanatique hâve et blanchâtre avait pâli.
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:17
CRYPTIQUE ELEMENTAIRE
Sophie Neveu, lhéroïne du Da Vinci Code, est diplômée du Royal Holloway Institute : cest une cryptographe professionnelle, présentée comme douée. On la voit pourtant peiner, en compagnie de Robert Langdon qui ne fait pas meilleure figure, sur un cryptogramme simplement codé en écriture inversée. Un certain temps leur est nécessaire pour quils savisent quun miroir Plus loin ils cherchent désespérément le mot clé, un mot de cinq lettres, qui nest pas celui qui vient à lesprit du lecteur fatigué. Le diplôme de Sophie nest pas plus crédible que son arbre généalogique ; quant à Dan Brown, spécialiste ès sciences incultes, il sen tire par un hymne à ce génial cryptographe de Léonard qui est, pour lui, « lhomme universel ». Le mythe Léonard navait pas besoin de ce soutien, mais le fait est que labondante diffusion du Da Vinci Code la encore renforcé. En réalité, Léonard de Vinci na pas été le précurseur quon prétend : les objets de ses recherches avaient déjà occupé lAntiquité, les Arabes, le Moyen âge et occupaient ses contemporains de la Renaissance.
Un cryptographe autrement plus sérieux, tel est Blaise de Vigenère. Secrétaire de la Chambre sous Henri III, Blaise de Vigenère (1523-1596) soccupa de traductions (Le Psautier de David en prose mesurée, ou vers libres, 1588) et dalchimie (Traité du Feu et du Sel). Dans le Traité des Chiffres, ou secrètes manières décrire (Paris, 1586 ; reprint chez Guy Trédaniel, Paris, 1996) alternent développements cabalistes et descriptions de procédés de cryptographie; étrange collusion pour notre époque, mais le lien logique est tangible puisque lalchimie se devant de découvrir ce qui est caché et de dissimuler ce quelle découvre, la cryptographie lintéresse au premier chef; et létude de lésotérisme des nombres menant insensiblement à celle de leur pouvoir chiffrant. (Je renvoie à larticle « Rond Carré » où cette question était effleurée, lovendrin n°11.) Personnellement je laisse de côté les dissertations délirantes de lalchimiste pour me pencher avec délice sur les démonstrations rigoureuses du cryptographe.
Entre quantité de systèmes de chiffres, dont certains sont illustrés par des grilles qui sont de belles planches, en caractères rouges et noirs, dune habileté typographique remarquable (cf. ill. ci-dessus, p.232 du Traité des Chiffres), il en faut mentionner deux. Blaise de Vigenère se reconnaît des devanciers mais réclame sa part : « de quoi nous amènerons ici quelques artifices, & par ci-après derechef de plus excellents ; partie empruntés des autres, mais améliorés de nous ; & la plus grande part provenant de notre pure invention. » (p.199) Quels sont ces systèmes ? Prenant le contre-pied du chiffrage enfantin qui noie le message dans une multiplicité de signes, lauteur entreprend de restreindre ces signes le plus possible. Par exemple, avec des traits longs et des traits courts, ou avec des groupes de points : qui ne voit là le principe du langage morse ? (Samuel Morse mit au point le langage et lappareil dans les années 1830.) De cette idée découle naturellement le chiffrage à base de quelques caractères seulement : Blaise de Vigenère aboutit par ce biais à une phrase codée écrite avec trois lettres a, b et c ; il propose même un chiffrage à base de o : mettez 0 à la place du o, et se dessine le langage binaire de linformatique (réduction à 0 et à 1). On attribue ordinairement au mathématicien G. Boole (1815-1864) linvention de ce langage binaire. Mais sest-on préoccupé des éventuels précurseurs ? Vigenère, resté célèbre pour un encodage par substitution polyalphabétique (puissant, mais ne résistant pas à une analyse fréquentielle) mérite une relecture approfondie. Ce nest pas la cas de Dan Brown, quun unique zéro suffirait à encoder.
Amédée Schwa
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Par schwa1 le 10 Juillet 2006 à 20:13
Je métais promis de ne pas ouvrir le Da Vinci Code, mais, sur les conseils dun abbé qui massurait que jy trouverais matière à réflexion, je suis allé acheter ce livre. «Une voix de sagesse très ancienne, issue du fond des âges, dont le murmure montait des entrailles de la terre» mannonça quil coûtait sept euros. Sept euros ! Chiffre spirituel sil en est ! Il sen fallut de peu que «submergé par une vénération immense, je ne tombe à genoux.» Mon sens des convenances lemporta : je payai puis sortis, heureux que grâce à moi Dan Brown pût sacheter une gomme pour écrire son prochain roman.
Je lai donc lu, jusquau bout, contrevenant à mon principe qui est dabandonner à leur solitude les livres nuls. Les erreurs historiques, religieuses, qui abondent, ont été dénoncées par des gens très compétents : je ny reviens pas. Restant sur le terrain de lart qui est le mien, je constate avec fierté que Dan Brown a de lhistoire de lart une conception opposée à celle que défend lovendrin. Il tombe dans tous les panneaux que nous eu loccasion de dévisser : jai remis le nombre dor à sa place (lovendrin n°3), réfuté la lecture hermétiste de sculptures romanes (n°8), donné leur place aux motifs antérieurs au christianisme sans les accabler de mystères (n°9). Son héros, Robert Langdon, spécialiste de la symbolique cultuelle, auteur des Symboles païens cachés de la cathédrale de Chartres et des Symboles du Féminin sacré disparu, nest manifestement pas abonné à lovendrin.
Luvre dart la plus mise à contribution dans le roman est la Cène peinte par Léonard de Vinci pour le couvent Sainte-Marie des Grâces à Milan. Poursuivis par la police et un moine-tueur à gage de lOpus Dei, Langdon et Sophie sont réfugiés chez Teabing, autre spécialiste de lhistoire de lart. Celui-ci montre à Sophie une reproduction de la Cène et attire son attention sur la présence dun gobelet de vin devant chaque convive et labsence de Calice. Sil ny pas de Calice, ce quon nomme Saint Graal ne peut être un calice ; donc le Calice, le Saint Graal, en réalité, désignent une personne. Que la logique se le tienne pour dit.
La seconde révélation de Teabing est que ce nest pas saint Jean qui est aux côtés de Jésus, mais Marie-Madeleine : « Le plus près possible, elle [Sophie] observa le visage et le buste qui dépassaient de la table. Les longs cheveux, les petites mains fines, la poitrine légèrement arrondie, la courbe gracieuse du cou, lexpression retenue » Si saint Jean a disparu on ne sait trop où, laissant la place dhonneur à Marie-Madeleine, cest que cest elle, le Graal, le Calice, lépouse de Jésus. « Leonardo Da Vinci était persuadé de cette union. Sa Cène le proclame littéralement. Notez la correspondance entre leurs vêtements : robe rouge et cape bleue pour Jésus robe bleue et cape rouge pour Marie-Madeleine. Yin et Yang, complémentarité entre le masculin et le féminin. » Les lignes de force du tableau, dessinant un V (« symbole du Calice, le principe féminin ») et du M (« trop parfait pour être le fruit dune pure coïncidence ») ne le prouvent que trop.
Cest à Madeleine que le Christ, féministe, prévoyait de confier la direction de léglise. Doù la jalousie certifiée par la Cène de Pierre, abominable machiste. « Sophie était à nouveau sans voix. Un personnage barbu et grisonnant se penchait vers la jeune femme, tendant devant son cou une main menaçante, comme la lame dun couteau. Le même geste que celui de la Vierge aux Rochers - Et regardez par ici, continua Langdon. Cest inquiétant aussi, ne trouvez-vous pas ?
Entre les deux apôtres assis à la droite de Pierre, une main surgissait.
- Il y a une main qui tend un poignard ! sexclama Sophie.
- Exact. Et le plus étrange, cest que, si vous comptez les bras, elle ne semble appartenir à personne. Cest une main sans corps, anonyme. » (chap. 58)
Maintenant quest exposée la théorie de Dan Brown (je ninsiste pas sur le caractère paradoxal de lassertion qui veut que Léonard de Vinci ait multiplié dans son tableau des indices à la fois dissimulés et manifestes), attardons-nous sur ses connaissances artistiques.Jeux de mains. Cette main « menaçante comme une lame de couteau » est tout simplement la main que Pierre pose sur lépaule de Jean, selon lévangile : « Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus ; Simon-Pierre lui fait signe et lui dit : Demande de qui il parle. » (Jean, 13, 23-24) Quant à la mystérieuse main au poignard, cest la main droite de Pierre, qui était en train de couper quelque chose dans son assiette mais que lannonce de la trahison à venir a interrompu. Prestidigitation, ou comment un banal couteau devient un poignard (Je ne mattarde pas sur lallusion à la Vierge aux Rochers, objet dautres divagations du même acabit.)Programme couleurs. Concernant les couleurs de vêtements de Jésus et du personnage à sa droite, létat actuel de la peinture ne permet absolument pas de conclure à léquivalence entre les bleus dune part, les rouges dautre part. Je passe sur le détail du V et du M : ce sont des enfantillages, et des enfantillages ne se réfutent pas.Caractères sexuels secondaires.
Saint Jean a toujours été représenté juvénile et frais, symbole de sa virginité conservée. Dans les représentations, il soppose ainsi facilement aux autres apôtres, volontiers costauds et barbus. Dan Brown arrange les choses : des cheveux longs et une expression retenue nappartiennent pas quaux femmes ; il concède une poitrine « légèrement » arrondie (quel bonnet ? Un 90 D aurait été plus convaincant ; en réalité, une fois encore, létat de la peinture ne permet pas de dire si le personnage a une poitrine). Que saint Jean, dans cette Cène, soit plus féminin que juvénileest imputable à lhomosexualité probable du Vinci pour qui un jeune homme efféminé devait être le summum de la beauté.
Abus dalcool.
Les treize gobelets de vin étiquetés « bizarres » ne me le semblent en rien et ne peuvent donc pas être utilisés comme indice dune hétérodoxie quelconque dissimulée. Voici une Cène où figure le seul Calice (fig. A) ; voici une Cène où figure le Calice au milieu dune vaisselle variée (fig. B) ; voici deux scènes sans Calice, mais avec vaisselle (fig. C & D).Dan Brown aurait beau jeu de rétorquer que la première miniature citée représente lorthodoxie et que les dernières ont été peintes par des « initiés » du genre Leonardo. Le terreau initiatique permettant la croissance irrationnelle de toute théorie, nous resterons sur le terrain plus sûr, démontrable, de liconographie.
La Cène du Vinci et les enluminures C et D sont sans Calice parce quelles se passent au moment de lannonce de la trahison de Judas. La figure C illustre lannonce de la trahison suivant Marc (14, 20) et Matthieu (26, 23): Jésus et Judas mettent la main au plat au même instant. La Cène du Vinci et la fig. C suivent lévangile de saint Jean. Cène du Vinci : saint Pierre interroge saint Jean (Jn, 13, 23-24). Fig D: celui-ci transmet la question au Christ «en se penchant alors vers la poitrine de Jésus». (Jn. 13, 25). La figure B illustre le verset suivant 13, 26 : Jésus tend la bouchée à Judas qui tient la bourse (Jn. 13, 29). La présence du Calice ici peut sexpliquer soit par la volonté de signaler sans ambiguïté quil sagit bien de la dernière Cène, soit par la lecture de saint Marc et saint Mathieu selon lesquels linstitution de lEucharistie eut lieu «tandis quils mangeaient».
La figure A, elle, insiste sur le moment sacrificiel, eucharistique, du repas : la table est débarrassée de toute vaisselle profane au profit du vase sacré : ne restent que le Calice, lhostie et un couteau (qui doit signifier la fraction du Pain). La seule bizarrerie dans cette Cène est que les douze apôtres ont leur auréole alors quen B et C Judas en est dénué. Je me garde bien den tirer une quelconque conclusion sur les croyances du peintre quant à une «sainteté» de Judas; ce serait lobjet dautres recherches .
Que reste-t-il de nos amours ? et des démonstrations de Dan Brown ? Plus des premières, assurément, que des secondes.
Samuel
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