• Art islamique


    Coupe avec inscriptions, Iran, Xe siècle. © Nour Foundation. Courtesy of the Khalili Family Trust<o:p></o:p>

     

    A l’Institut du Monde Arabe<o:p></o:p>

    D’art et d’Islam<o:p></o:p>

    Présent  du 6 février 2010<o:p></o:p>

    La collection d’art islamique privée la plus importante du monde appartient à Nasser D. Khalili, issu d’une famille juive iranienne. Convaincu que la beauté prime l’argent, cet esthète expose à travers le monde, et à ses frais, un florilège de ses trésors. <o:p></o:p>

    L’aniconisme de l’islam, qu’Elie Faure expliquait par les paysages du désert qui n’offrent aucune forme aux regards – explication poétique –, date du milieu du VIIIe siècle. Auparavant, la représentation humaine est acceptée ; elle le sera par la suite en Inde, en Iran. La doctrine musulmane à l’égard des arts a été longue à se formuler, si peu l’a-t-elle été, consistant en hadith du genre : « Ceux qui seront punis avec le plus de sévérité au jour du Jugement dernier sont : le meurtrier d’un Prophète, celui qui a été mis à mort par un Prophète, l’ignorant qui induit les autres en erreur et celui qui façonne des images et des statues. » L’interdiction de représenter l’être humain est expliquée a posteriori par le fait que seul Allah est créateur ; que de ce fait toute image de main d’homme est un faux, une idole.<o:p></o:p>

    Selon Oleg Grabar (La formation de l’art islamique, trad. fr. 2000), les causes de l’aniconisme sont en réalité multiples. Retenons-en deux. D’une part le Coran n’offre pas de narration qui se prête à des cycles historiés. D’autre part les musulmans, au fil des contacts, identifièrent les chrétiens comme des maîtres ès arts, tant du point de vue technique qu’iconographique. Ils firent d’ailleurs souvent appel aux artisans et artistes byzantins. « C’est probablement pendant le premier siècle de l’Islam – écrit Oleg Grabar – qu’est née la notion d’une supériorité artistique des roumis, des chrétiens, sinon des seuls Byzantins. […] Mais un premier mouvement de crainte respectueuse et d’admiration peut également conduire au rejet et au mépris. » L’islam mit donc un point d’honneur à se différencier des infidèles en rejetant l’image humaine.<o:p></o:p>

    L’Islam devait trouver sa voie propre dans l’écriture. Toute son énergie artistique apparaît dans cet art du trait. Il a existé différents styles, du rond à l’anguleux, de la caresse à la griffe. Certains rappellent les premières notations musicales grégoriennes, d’autres, aux horizontales fortement marquées et aux hampes aiguisées, avancent comme des rangs de cavalerie toutes lances dressées. Parmi les magnifiques feuilles coraniques des VIIIe-Xe siècles, celle du « Coran bleu » : les lettres sont en or, sur parchemin teint en indigo (Espagne ou Tunisie, IXe). Le Coran était souvent écrit sur des parchemins teints au safran, technique déjà coûteuse ; le Coran bleu s’inspire des codex byzantins teints en pourpre, et s’y oppose par le choix d’une autre couleur.<o:p></o:p>

    La calligraphie prend place sur la vaisselle, supérieurement sur l’espace plan d’une assiette où elle s’épanouit mieux que sur le volume d’un vase ou d’une jarre. Telle assiette iranienne est admirable par l’accord du support et de sa décoration (illustration). L’inscription dessine le filet circulaire tandis que les hampes convergent vers le centre. Quel rythme !<o:p></o:p>

    Le conte dit que Shéhérazade avait lu « les livres, les annales, les légendes des rois anciens et les histoires des peuples passés ». Posséda-t-elle le manuscrit de l’Histoire universelle de Rachid Al-din, qui rassemble les histoires des Arabes, des Francs, des Chinois et des Juifs, ainsi que l’histoire de l’humanité d’Adam jusqu’à Mahomet (Iran, XIVe) ? Voici illustrés des épisodes tirés de la Bible, du Mahâbhârata, de la vie de Bouddha, dans un style composite qui n’est pas sans charme : à la fois chinois (têtes, utilisation du lavis) et byzantin (attitudes, drapés). Les miniatures du Livre des Rois (XVIe), épopée nationale persane, sont mieux connues.<o:p></o:p>

    L’orfèvrerie, le textile, les arts du métal, etc. : le visiteur est le troisième Saâlouk ouvrant jour après jour les quarante portes du palais où l’a mené l’oiseau Rokh. Nasser D. Khalili est persuadé qu’exposer ces chefs-d’œuvre permet « de lever les idées préconçues » ; que c’est « un moyen de lutte contre l’intolérance ». Reste à savoir qui doit tolérer qui. M. Khalili a les moyens d’avoir une vision esthétique et passéiste de l’Islam. Par sa fortune – une des dix premières du Royaume-Uni –, il échappe aux vexations et persécutions qui grèvent le quotidien des infidèles en terre islamique (1), jusqu’en Malaisie où les musulmans tentent d’interdire aux chrétiens l’usage du nom d’Allah – nom que les chrétiens arabophones utilisent depuis toujours pour désigner leur Dieu.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    (1) Cf. l’article de Jeanne Smits, Présent du 23 janvier ; de Rémi Fontaine, 27 janvier.<o:p></o:p>

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    Arts de l’Islam, chefs-d’œuvre de la collection Khalili.<o:p></o:p>

    Jusqu’au 14 mars 2010, Institut du Monde Arabe.

     

    Voir également :

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