• Boullogne (Louis de)

    Au musée du Louvre

    Louis de Boullogne,

    dessinateur

    Présent du 30 avril 2011

    Les dessins de Louis de Boullogne – papier bleu, rehauts blancs – sont à voir au Louvre. On ne saurait parler de ce peintre sans mentionner sa famille : « l’habileté du pinceau s’y est succédée de père en fils ; elle ne faisait que changer de main », écrivit Dézalier d’Argenville.

    Louis Boullogne (1609-1674), peintre, eut quatre enfants peintres qui tous furent reçus à l’Académie, à la fondation de laquelle il avait participé en 1648 : deux filles, Madeleine et Geneviève – elles font partie de la quinzaine d’académiciennes des XVIIe-XVIIIe siècles – ; deux garçons, Bon et Louis.

    Bon Boullogne (1649-1717) fut un peintre virtuose, capable de pasticher Rembrandt, Poussin, le Guide, etc., et de tromper les connaisseurs. Son œuvre ne se résume pas à cela. Parmi les commandes importantes qui lui furent passées, figurent les décors de l’escalier du château de Versailles, d’une partie de la chapelle, et de deux chapelles des Invalides (celle de Saint Jérôme et celle de Saint Ambroise).

    Le cadet, Louis (1654-1733) fut surnommé « le Jeune » pour le différencier de son père et de son frère, jusqu’à son anoblissement en 1724 : la particule permit de le distinguer. Sa carrière est parallèle à celle de Bon. Premier prix de l’Académie en 1673, il passe comme lui cinq ans à Rome (1675-1679). On le trouve retenu pour les mêmes chantiers. Il ira plus loin, devenant premier peintre du roi et directeur de l’Académie.

    A une époque où la peinture religieuse s’essoufflait ou dégénérait, les frères Boullogne y mirent, plus que d’autres, le talent au service de la foi. Bernard Dorival attribue cela à l’orientation religieuse : les artistes issus de familles jansénistes « apportèrent à l’exécution de leurs œuvres sacrées un respect émouvant » (La peinture française, 1946). Les dessins de Louis confirment cela et grâce à eux nous suivons l’artiste dans les lieux prestigieux qu’il a décorés.

    Au château de Versailles, il peignit la chapelle de la Vierge (1702-1709) : l’Annonciation, l’Assomption, les Vertus et les Litanies. L’étude d’ensemble des principales peintures est complétée par des études de détails, pratique de laquelle il ne se départit jamais : l’ange Gabriel, par exemple, est l’objet de plusieurs dessins. Le plus poussé est magnifique, tant du point de vue du drapé que de la lumière (illustration).

    Robert de Cotte lui commanda deux tableaux pour le chœur de Notre-Dame de Paris : la Présentation au temple, le Repos pendant la fuite en Egypte (cette dernière au musée d’Arras). Un remarquable dessin, un jeune homme tenant un encensoir, se rapporte au premier ; au second, un visage d’ange et un jeune homme tenant une corbeille : ce personnage n’est qu’à l’arrière-plan mais est l’objet d’une étude sérieuse.

    Louis de Boullogne avait déjà vu un de ses tableaux entrer à Notre-Dame (où des tableaux de son père l’avaient précédé) : la confrérie des Orfèvres l’avait choisi pour réaliser le May de 1685. On appelait ainsi le tableau qu’elle offrait chaque mois de mai à la cathédrale de Paris (coutume qui tombera en désuétude au début du XVIIIe siècle). On en voit l’esquisse, mise au carreau. Le tableau, le Christ et le centenier, est au musée des Beaux-Arts d’Arras.

    La vie de saint Augustin a été traitée deux fois par Louis. Les Augustins déchaussés (les « Petits-Pères ») lui commandèrent un Baptême et une Ordination pour leur réfectoire de la place des Victoires ; puis le peintre réalisa le décor de la chapelle des Invalides consacrée à ce Père. Parmi les dessins préparatoires, on remarque un jeune sous-diacre portant un livre : l’attention de l’artiste s’est portée sur la manche plissée.

    Grand peintre religieux, Louis de Boullogne a aussi peint des tableaux de chevalets, profanes. A Rambouillet, son frère et lui peignirent des dessus-de-porte, Louis deux scènes représentant Diane, à la chasse et au repos (1707, Beaux-Arts de Tours). Il se montre grand dessinateur de nu. Les deux suivantes endormies, celle qui s’essuie le pied, une femme allongée de dos… Le dessin est d’une grande rigueur.

    D’autres dessins, qui correspondent aussi à des peintures, annoncent le style galant qui se répandra dans le siècle  : Mars et Vénus (1712, musée de Berlin), les muses qui n’ont rien de mythologique mais mignonnes et gracieuses : Erato, Thalie, (1715, musée de Niort).

    Les dessins de Louis de Boullogne, pour la plupart, sont réalisés sur papier gris ou bleu, avec des rehauts blancs (gouache ou craie). Nous en avons cité quelques-uns, bien d’autres sont de qualité : études de mains, de pieds, de visages… La recherche de la forme est poussée, le trait est ferme. La recherche d’une correction extrême qui, parfois, ne va pas sans froideur. C’est le défaut d’une qualité.

    Samuel

    Louis de Boullogne, premier peintre du roi.

    Jusqu’au 6 juin 2011, musée du Louvre.

    illustration : Etude de détail pour l’ange Gabriel © RMN / Thierry Ollivier.


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