• Chéret (Jules)

     

    Au musée des Arts décoratifs

    Chéret à l’affiche<o:p></o:p>

    Présent du 18 septembre 2010<o:p></o:p>

    Les affiches de Jules Chéret (1836-1932) nourrissent l’idée qu’on a de la France de la Belle Epoque. Elles ont d’abord nourri l’idée que la Belle Epoque avait d’elle-même. Dès les années 1890, ses jeunes femmes, si « parisiennes », ont été nommées « chérettes ». Atteints d’« affichomanie », les collectionneurs à la recherche de ses lithos ont reçu le surnom de « chérolâtres ». <o:p></o:p>

    Apprenti, Chéret réalise des travaux de peu d’envergure comme des en-têtes de lettres, des images pieuses. Il illustre ensuite de nombreuses illustrations de couvertures de partitions. C’est en Angleterre, où il travaille de 1859 à 1866, qu’il libère sa manière en découvrant une production lithographique en couleurs et de grand format, plus avancée qu’en France. Il travaille pour le parfumeur Rimmel, qui lui fournit les fonds pour créer sa propre imprimerie lorsqu’il rentre à Paris. Au moment où se créent les Grands Magasins, naît ce que nous appelons publicité, qui s’appelait réclame. La litho en couleurs est son arme, Chéret un tireur d’élite. Travailleur infatigable, il contribue à donner aux murs de Paris de la couleur et du mouvement. Il est à l’aise pour attirer l’œil avec des contrastes de complémentaires, une composition dynamique, une marque et un slogan lisible.<o:p></o:p>

    Chéret est de tous les rendez-vous : au moment des étrennes des Grands Magasins du Louvre, à l’apéritif avec le quinquina Dubonnet, accompagnant le service de livraison en banlieue de chez Félix Potin, prodiguant de sages conseils : « Si vous toussez, prenez une pastille Géraudel » et « Ne quittez pas Paris sans faire vos provisions chez Chatriot et Cie ». Epoque facile où l’on pouvait acheter, « Aux Buttes Chaumont », un complet de cérémonie pour 48 francs ! Soit 7,32 euros…<o:p></o:p>

    Le caractère rétro de cette production graphique nous séduit. La réclame fut cependant vécue comme une agression de vulgarité, un triomphe de l’esprit utilitariste. Villiers de l’Isle-Adam s’est moqué de l’esprit commercial de son époque dans certains de ses contes cruels. Il imagine la projection d’images publicitaires dans le ciel, devenu enfin « utile » et laïque (L’affichage céleste) ; il invente une machine qui manipule les spectateurs de façon à faire réussir ou échouer une pièce de théâtre, manipulation qui n’est qu’un dérivé de la « Réclame » (La machine à gloire).<o:p></o:p>

    Les spectacles font d’ailleurs appel à Chéret, les pièces du Théâtre de la Porte Saint-Martin, les opéras d’Offenbach (La Vie parisienne, 1866 ; Princess of Trebizonde, 1870), les bals de chez Frascati ou de l’Elysée Montmartre, les chansons d’Yvette Guilbert et les danses de Loïe Fuller (illustration) : cette dernière, « papillon de nuit vert d’eau », « pyrotechnie féminine » devant qui « tous les artistes entrent en transe », écrit Paul Morand dans 1900. <o:p></o:p>

    Les éditeurs se lancent aussi dans la réclame pour lancer les romans. En 1889 paraît La Terre de Zola et La Gomme de Félicien Champsaur, écrivain oublié aujourd’hui pour qui Chéret a aussi dessiné la couverture d’Entrée des clowns (1886), celle de Lulu (1888).<o:p></o:p>

    Chéret est encore mis à contribution pour annoncer quelques expositions, représentatives de l’époque : les Maîtres japonais en 1890, Adolphe Willette en 1888, peintre et illustrateur, haute figure montmartroise dont l’antisémitisme a été puni en 2004 par la Ville de Paris qui a débaptisé son square ; et encore l’exposition des « Arts incohérents » (1886), sorte de salon des Refusés informel et débridé.<o:p></o:p>

    La réussite de Chéret en tant qu’affichiste donna l’idée à quelques-uns d’en faire un décorateur. Il travailla ainsi pour le musée Grévin, l’Hôtel de ville de Paris, la préfecture de Nice. Chéret transpose ses clowns, ses femmes, ses farandoles. Les sujets sont festifs, le carnaval, la comédie, les jeux… Les maquettes et les esquisses sont au pastel sur toile. Ces pastels acidulés, aux éclairages contrastés – ceux de l’électricité –, faciles et enlevés, ne sont pas sans charme. <o:p></o:p>

    Comme Rodin, Chéret travaille pour Maurice Fenaille (Neuilly), pour le baron Vitta (Evian). Ses huiles sont contestables. Deux toiles allégoriques (La Terre et l’Air) sont d’un mauvais goût 1900 achevé. L’allégorie de la Sculpture ne vaut pas mieux. D’odieux portraits : Marie Chéret (1885), la baronne Vitta (1908), mais un délicieux Jean Lorrain en fumeur de narguilé, tableautin de 1894.<o:p></o:p>

    Il travaille également pour les Gobelins (paravent, sièges, tapis), sans changer pour autant de registre. Décidément, Chéret est l’homme d’une technique – la litho – et d’un registre : la réclame. Lui demander autre chose serait source de déception. Rien n’est plus parlant que lui opposer les affiches de Lautrec, qui y a mis tant d’art. <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La belle époque de Jules Chéret : de l’affiche au décor.

    Jusqu’au 7 novembre 2010, musée des Arts décoratifs.

    illustration : Jules Chéret, affiche pour Loïe Fuller aux Folies-Bergère, 1893 © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance<o:p></o:p>


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