• Expressionnisme allemand


    illustration : Franz Marc, Renard d’un bleu noir (1911) © Von der Heydt-Museum Wuppertal<o:p></o:p>


    Au musée Marmottan<o:p></o:p>

    Vitalité artistique<o:p></o:p>

    Présent du 30 janvier 2010<o:p></o:p>

    L’expressionnisme est un mouvement dont la définition n’est pas aisée. Grosso modo, il est la forme prise par la modernité picturale en Allemagne et en Autriche entre 1905 et 1920. <o:p></o:p>

    L’Allemagne au début du siècle aspire à la communion avec la nature. La pratique du naturisme se développe. Des colonies d’artistes s’installent à la campagne. Le primitivisme est cherché dans les cultures extra-européennes autant que dans l’art populaire allemand et chez les primitifs allemands du moyen âge tardif, d’avant Raphaël ou qui ont ignoré son art douceâtre. <o:p></o:p>

    L’intensité de l’expérience nietzschéenne, la libération du dionysiaque au détriment de l’apollinien (rejet donc de l’esthétique de Goethe), qu’accompagne à Vienne le débondage de l’inconscient, déchaînent forces vives et pulsions obscures. Rien, ni peine ni joie, ne saurait être tempéré. Les peintres trouvent chez les fauves français l’exacerbation des couleurs : elle est le moyen idéal d’exprimer la vitalité qui les travaille. <o:p></o:p>

    Certes il y a du fauvisme français, certes du futurisme italien dans l’expressionnisme ; mais le dosage est germanique et le mouvement se revendique volontiers comme un art du Nord dont le suédois Munch et le hollandais Van Gogh seraient les pères fondateurs. Les tableaux prêtés par le musée Von der Heydt (Wuppertal) au musée Marmottan auraient permis d’éclairer cette matière compliquée si une présentation adéquate les avait accompagnés.<o:p></o:p>

    Die Brücke voit le jour à Dresde en 1905 et perdure jusqu’en 1913. Son nom est tiré du prologue d’Ainsi parlait Zarathoustra, où « le pont » est un leitmotiv. Le principe du groupe est plus l’amitié qu’un programme structuré. Kirchner est le moteur du groupe. Ses Quatre baigneuses sont révélatrices de l’importance de la nature : le thème rebattu du nu sur fond de paysage est rénové par le fait que les modèles ont réellement posé au bord du lac de Moritzburg. Pechstein a des teintes plus nuancées. Heckel peint un puissant portrait de Kirchner et grave un bel autoportrait. Les artistes du Brücke et du Blaue Reiter ont été des maîtres de la gravure sur bois ; on aurait aimé voir davantage d’estampes. Heckel, Kirchner, Nolde, Barlach, avec un sûr instinct artistique, ont travaillé le bois de fil et non le bois de bout, retrouvant le sens des imagiers médiévaux allemands. Quelques unes de leurs estampes comptent parmi les plus réussies de l’histoire de cette technique. <o:p></o:p>

    Der blaue Reiter est munichois (1911-1914), sous la férule de Kandinsky qui, avec Jawlensky, constitue l’apport russe à l’expressionnisme. Une dimension théosophique s’ajoute. L’art doit s’opposer au matérialisme, la peinture exprimer l’abstrait à la façon de la musique ; un renouveau spirituel est attendu. Dans cette perspective la Révolution est souhaitable. L’artiste, privilégié par des révélations, devient une sorte de médium. Barlach eut le bon sens de se moquer de ces prétentions : « Nous nous donnons des airs détestables, comme si nous étions des opérateurs télégraphiques en communication avec l’insondable. » Art total et spirituel : ressurgissent les idées qui au XIXe ont donné naissance aux Nazaréens.<o:p></o:p>

    Cependant, alors que l’anémie des peintures nazaréennes leur a été fatale, les œuvres expressionnistes sont sauvées par leur force. Erbslöh, avec sa Jeune fille en jupe rouge, est proche de Jawlensky et de sa Jeune fille aux pivoines ; Macke use de tons moins stridents, privilégiant la luminosité (Jeune fille à l’aquarium) ; Marc a des harmonies acidulées, ses peintures animalières sont remarquables (illustration : Renard d’un bleu noir). Le goût de la couleur, les expressionnistes viennois l’ont moins, qui préfèrent le gris : Kokoschka, Oppenheimer.<o:p></o:p>

    Certains artistes voient venir la guerre de 14 avec joie, s’imaginant qu’elle annonce la régénération spirituelle et sociale attendue. La guerre fauche la moisson expressionniste. Macke et Marc tombent au combat, d’autres en rentrent brisés, comme Kirchner ; d’autres, désabusés et cyniques, seront les maîtres de la Nouvelle Objectivité, seconde génération expressionniste : Dix, Beckmann, Grosz. <o:p></o:p>

    En 1937, les Nazis font une place de choix aux œuvres expressionnistes dans l’exposition d’Art dégénéré, bien que certains, comme Nolde, Barlach, aient frayé avec le régime. Les artistes s’exilent, Kirchner se suicide en Suisse. Œuvres mises au pilori ou détruites : c’est la méthode employée dix ans auparavant en URSS à l’égard de l’avant-garde. Les expressionnistes, « artistes bolchéviques » pour les Nazis, ne rencontrent guère de compassion chez les marxistes, lesquels ne manquent pas de déceler des ferments fascistes dans leurs peintures. <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Fauves et expressionnistes, de Van Dongen à Otto Dix –

    Chefs-d’œuvre du musée Von der Heydt. <o:p></o:p>

    Jusqu’au 20 février 2010, Musée Marmottan (Paris XVIe).<o:p></o:p>


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