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Médicis
La famille Médicis
On connaît tous des Médicis, mais leur généalogie ? La part qui revient aux principaux d’entre eux dans le mécénat, véritable estampille familiale ? Ils eurent cela dans le sang et l’analyse que propose le musée Maillol retrace quatre siècles d’une histoire extraordinaire.<o:p></o:p>
L’aura des Médicis commence avec Cosme l’Ancien (1389-1464), banquier des papes et des rois. Il collectionne les antiques, commande un retable à Fra Angelico, en piété pour son saint patron. La prédelle représente la sépulture de Côme et Damien et de leurs trois frères, tous décapités. Un dromadaire y parle par phylactère. L’explication se trouve dans la Légende dorée. Côme avait déclaré ne pas vouloir être enterré avec Damien parce qu’il avait accepté de l’argent d’une malade. Après leur martyre, au moment de les enterrer, les chrétiens étaient dans l’embarras : fallait-il se conformer au vœu de Côme ? C’est alors qu’arriva un camélidé qui cria « d’une voix humaine » : « Ensevelissez-les tous en un même lieu. » La scène est baignée d’une luminosité irréelle, à la fois douce et pimentée.<o:p></o:p>
Le petit-fils de Cosme, Laurent le Magnifique (1449-1492), est un banquier médiocre mais un poète talentueux. Il collectionne les vases chinois, les camées antiques. Il protège le jeune Michel-Ange, commande une Adoration des Mages à Botticelli. Nulle emphase dans cette peinture qui rassemble autour de la crèche la famille Médicis et leurs proches (le sulfureux Pic de la Mirandole, le lettré Politien…). Les personnages perdent la gracilité gothique et gagnent en épaisseur. Bien des teintes sont identiques à celle du Fra Angelico : mais, comme dans deux recettes, les proportions des ingrédients sont différentes, et combien plus l’occupation de l’espace.<o:p></o:p>
Au XVIe siècle, Cosme Ier (1519-1574) accroît la collection d’antiques et édifie les Offices pour l’y abriter. Il crée un cabinet de curiosités, la mode de l’époque maniériste, visible dans l’art qu’il soutient : distant portrait de son épouse par Bronzino (1543, illustration) – épouse qu’il fera empoisonner, la soupçonnant d’infidélité, raconte Brantôme –, bas-relief de Persée et Andromède (1545) par Cellini, qui manque d’unité mais où Andromède est splendidement modelée.<o:p></o:p>
Ses fils, François Ier de Médicis et Ferdinand Ier, agissent dans la même ambiance maniériste : goût pour les fêtes magnifiques avec costumes exubérants et effets spéciaux, amour des roches étonnantes, des perles et des coquillages, goût pour la science – pas encore distinguée de l’alchimie – et les mathématiques (Galilée est leur protégé).<o:p></o:p>
La gloire de ces grands-ducs est éclipsée par leurs cousins contemporains qui accèdent au pontificat. Le fils de Laurent le magnifique devient pape sous le nom de Léon X (pape de 1513 à 1521). Son mécénat donne du travail à Del Sarto, à Raphaël, mais le pape se heurte à Michel-Ange. Il collectionne les manuscrits. Sa crosse est exposée, avec sa volute tressée au milieu de laquelle se tient saint Laurent.<o:p></o:p>
Après l’intermède d’un pape néerlandais, un cousin de Léon X devient pape à son tour (Clément VII, 1523-1534). Il a la douleur de voir Rome mise à sac par les troupes impériales. La gloire de son règne est d’avoir pris sous sa coupe Michel-Ange. Clément VII marie sa petite-nièce Catherine à Henri II. Reine de France, elle prolonge l’italianisme qu’a favorisé François Ier.<o:p></o:p>
C’est ensuite une petite-fille du grand-duc François qui devient reine de France en épousant Henri IV en 1600. Avec les grands travaux du palais du Luxembourg dans les années 1620, arrivent à Paris des Italiens comme Gentileschi (un possible maître des Le Nain), des Flamands : François II de Pourbus, qui peint son portrait tout emperlé, Rubens, présent au mariage à Florence en tant qu’ambassadeur, qui peint la série de 24 tableaux qui raconte de la naissance de la reine à sa réconciliation avec Louis XIII, et bien d’autres toiles (cf. l’exposition du musée Jacquemart-André, Présent du 30 octobre).<o:p></o:p>
Le XVIIe siècle connaît encore deux Médicis intéressants. Cosme II donne sa place à la peinture caravagesque, pousse les murs pour mieux organiser les collections. Son frère le cardinal Léopold réorganise la considérable bibliothèque et commence une collection d’autoportraits : Cortone, Giordano, Dolci… La famille a depuis longtemps soutenu Galilée dans ses recherches. Lors de ses ennuis avec l’Inquisition, Ferdinand II (fils de Cosme II), défend encore le savant.<o:p></o:p>
Le sang est épuisé : Cosme III est un pâle grand-duc. Il a la dévotion triste et l’alimentation cafarde : cinq fruits et légumes par jour, de l’eau. Il règne si longtemps que son fils aîné, mélomane et esthète, meurt avant d’être duc. Le fils cadet lui succède, Jean-Gaston, figure de débauché mélancolique toujours entre deux cuites. Sa sœur lègue le trésor à la ville de Florence : les Médicis quittent l’histoire et entrent dans la légende.<o:p></o:p>
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Samuel<o:p></o:p>
Trésor des Médicis.
Jusqu’au 31 janvier 2011, musée Maillol.
Prolongation jusqu'au 13 février 2011
illustration : Agnolo Bronzino, Portait d’Eléonore de Tolède
© Narodni Galerie, Prague,Czech Republic/ Giraudon/ The Bridgeman Art Library<o:p></o:p>
Tags : médicis, renaissance
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