• Munch Edvard

     

    A la Pinacothèque
    <o:p></o:p>

    Munch dévoilé<o:p></o:p>

    Présent  du 20 mars 2010<o:p></o:p>

    Qui ne connaît Le Cri d’Edvard Munch ? Et qui en connaît autre chose ? Œuvre peint, œuvre gravé, mais œuvre resté muet. En cela Munch est un peintre maudit. Comme si, de Léonard de Vinci, on ne connaissait que la Joconde. Les deux tableaux ont d’ailleurs eu l’honneur d’être volés, la Joconde en 1911 et Le Cri par deux fois : la version du musée d’Oslo en 1994, celle du musée Munch en 2004. Retrouvé depuis, Le Cri servira comme par le passé à illustrer l’angoisse de l’être humain dans le monde moderne.<o:p></o:p>

    A l’origine du Cri, une expérience de synesthésie, plus intéressante que la toile elle-même et que son interprétation : Munch eut la sensation de couleurs « qui criaient ». La synesthésie est une expérience marquante, mais, qu’il s’agisse de couleurs ressenties comme sons ou l’inverse, l’expérience est strictement personnelle, incommunicable. Le Cri est un malentendu entre le peintre et la postérité. <o:p></o:p>

    Edvard Munch, né et mort en Norvège (1863-1944), commence par peindre de petits paysages consciencieux. Il se libère peu à peu, sensible à la lumière dans des toiles mâtinées de naturalisme et d’impressionnisme (Femme et enfant à Arensdal, 1886). Obtenant une bourse, Munch vient à Paris. De 1889 à 1891, il est l’élève de Bonnat. Fréquenter l’atelier de cet académique ne l’empêche pas de découvrir les courants plus vivants : le symbolisme et le synthétisme lui ouvrent les yeux et orientent sa peinture plus conformément à sa personnalité.<o:p></o:p>

    Le symbolisme, avec ce qu’il traîne de femmes alanguies, de morbidesse, ne peut que toucher la corde très sensible de Munch, dont la jeunesse a été marquée par la maladie et la mort. Le thème de l’Enfant malade, est récurrent chez lui. Sa mère meurt de tuberculose en 1868 ; une de ses sœurs meurt de phtisie en 1877, tandis qu’une autre souffre de « mélancolie » (dépression) ; il perd encore son père en 1889 puis son frère en 1895. Munch se persuade, décès après décès, que sa famille est appelée à disparaître. Lui-même vivra pourtant jusqu’à l’âge de 81 ans, surmontant alcoolisme et dépression. Si Munch utilise une rhétorique symboliste, en même temps il contribue à la façonner, nourrie d’une souffrance authentique. <o:p></o:p>

    Non moins symboliste, la femme nue et vénéneuse. Amoureux malheureux, Munch aborde aussi ce thème en toute légitimité. La Madone est une lithographie célèbre (mais on en connaît rarement l’auteur). Femme « idéale » de la fin de siècle, elle existe avec de multiples variantes. La jalousie est un autre sujet travaillé et repris en gravures qui égrènent les souffrances d’un cœur qu’éventuellement une femme nue tient à bout de bras (La femme et le cœur, 1896).<o:p></o:p>

    Dès Paris, l’activité de graveur de Munch est considérable et ne faiblira pas, à Berlin où il travaille de 1892 à 1896, puis dans son pays natal où il retourne en 1898. Elle explique l’enthousiasme à venir des expressionnistes allemands pour cette technique, leur dette à son égard. En gravant le bois, il fait preuve d’une grande inventivité dans les tailles, devenues des rayures, des ratures dont il scarifie la planche. Le baiser sur les cheveux (illustration) n’est pas sa gravure la plus réussie mais elle est représentative de sa manière.<o:p></o:p>

    L’artiste réalise en 1902 une suite de seize lithographies pour orner la maison du docteur Max Linde, qui fut un temps le mécène de Munch. Le mécénat fut aussi psychologique, de la part de toute la famille Linde, amicale et bienveillante. La lithographie qui réunit les quatre fils du Dr Linde est à juste titre vantée. La vue de la maison aussi. Le Péché, qui conclut cette série, représente une rousse aux yeux verts, référence à Henner ? en tout cas ultime écho symboliste.<o:p></o:p>

    Çà et là, des peintures marquantes comme La rue à Kragero, La récolte de pommes de terre, Garçon de Warnemünde, mais c’est bien en tant que graveur que Munch impressionne, jusque dans sa maturité : Femmes en noir (1912-1913), Filles sur le pont (1918), Portrait de l’ingénieur Frohlich (1931), Brigitte III (1931).<o:p></o:p>

    La Pinacothèque ne présente jamais un artiste sans lui apposer l’étiquette « Transgression ». La technique de Munch est donc transgressive, il a sa « logique presque anarchiste… pour inventer une forme d’expression artistique en révolte contre tout ce que son enfance lui a montré comme modèle de société. » Fichtre ! Et si la réalité était plus simple ? Munch suit son bonhomme de chemin, il cherche la forme que prendra sa pensée, choisissant tel moyen plutôt que tel autre, inventant au besoin. Nous traversons rarement en dehors du passage piéton par conviction politique, souvent par efficacité. Les cerveaux contemporains sont-ils à ce point hérissés de barrières que le comportement le plus naturel soit vu comme une transgression ?<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Edvard Munch ou l’ « anti-cri ». <o:p></o:p>

    Jusqu’au 18 juillet 2010, Pinacothèque de Paris.

    prolongation jusqu'au 8 août 2010<o:p></o:p>

    illustration : E. Munch, Baiser sur les cheveux

     

    © The Munch-Museum / The Munch-Ellingen Group / ADAGP Paris 2010<o:p></o:p>


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :