• Romantiques russes

     

    Au musée de la Vie romantique<o:p></o:p>

    Russes et romantiques<o:p></o:p>

    Présent du 23 octobre 2010<o:p></o:p>

    L’exposition « Sainte Russie » (Louvre) nous avait laissés aux abords du règne de Pierre le Grand, à la fin du XVIIe. Le musée de la Vie romantique nous emmène dans la première moitié du XIXe. Que s’est-il passé pendant ce laps de temps ?<o:p></o:p>

    L’influence de la France a été forte. Nombreux ont été les artistes français à partir travailler en Russie, nombreux les Russes à voyager en Europe occidentale. Le XVIIIe russe découvre l’art profane. La peinture n’est plus limitée aux icônes, la musique aux cérémonies. Elargissement pour une part naturel, pour une autre lié aux Lumières. Cependant la violence de la Révolution écorne cet idéal de progrès et la campagne napoléonienne met fin à l’amitié franco-russe. Désormais les artistes s’arrêteront plutôt à Rome, Alexandre Brioullov y est envoyé en 1822 (il a 21 ans) par la Société d’encouragement aux Artistes, Chtchédrine y séjourne, ainsi qu’à Naples, etc.<o:p></o:p>

    Le romantisme russe ne saurait ressembler exactement au romantisme européen : celui-ci se construisit en opposition partielle au néoclassicisme, tandis que la Russie n’avait pas une assez vieille tradition picturale outre qu’iconique pour rompre, déjà, avec quelque chose. Aussi ce romantisme garde-t-il des aspects du « classicisme » étranger qui l’a précédé. L’art russe gagne en maturation. Il ne marche pas du même pas que la littérature : en ces années 1820-1840 Pouchkine et Gogol donnent des chefs-d’œuvre.<o:p></o:p>

    Gogol s’intéresse de près à la peinture. Dans deux nouvelles, des questions sont posées : la confrontation de l’idéal et du réel (La perspective Nevsky : le peintre Piskariov, incapable de les concilier, se suicide), la vocation (Le portrait : le peintre Tchartkov, qui a réussi en prostituant son art, en vient, le jour où il se rend compte de ce fourvoiement, à acheter de belles œuvres pour la satisfaction de les lacérer). Fedor Moller est l’auteur, au début des années 1840, d’un des trois portraits de Gogol, peint à Rome. Une figure tout en finesse, où se lit la malice si présente dans les œuvres de jeunesse de l’écrivain. <o:p></o:p>

    Bien d’autres portraits témoignent des amitiés entre peintres et écrivains. Oreste Kiprenski peint celui de Pouchkine. Kiprenski est un fort bon portraitiste, à l’huile (le poète Jakowski, jeune homme modestement échevelé), aux crayons : le comte Comarovsky (1823, illustration). Ce comte, cavalier de la Garde, s’occupait de philosophie de l’histoire et se montrait, d’après les témoignages, « perpétuellement insatisfait de la triste réalité ». Un brin de ce refus transparaît dans ces yeux enfoncés, au regard levé. Roman Volkov peint le fabuliste Krylov, dans son épaisse robe de chambre à la Balzac. Vladimir Borovikoski peint un portrait présumé de Madame de Staël, pas flatté pour deux sous.<o:p></o:p>

    D’autres portraits : Vassili Tropinine possède une large touche pour peindre un guitariste, une comtesse. Aquarelliste, Petr Sokolov est un portraitiste minutieux mais sensible.<o:p></o:p>

    Chez les frères Karl et Alexandre Brioullov, la minutie existe sans la sensibilité. Celle-là a-t-elle tué celle-ci ? Prétendrait-elle la remplacer ? Dessins, huiles, aquarelles techniquement corrects mais superficiels. Du même tonneau, l’art méticuleux de Fedor Tolstoï produit des médaillons en plâtre froids et guindés, des études de groseilles où ne manque pas un pépin, des narcisses qui n’éveillent aucun écho, des trompe-l’œil : que peut-il se passer dans l’esprit d’un artiste pour qu’il imagine un jour de pignocher un Paysage urbain sous un papier transparent (sic, et flûte !). L’intention d’une chose pareille est déjà un péché, alors le passage à l’acte ! Une grappe de raisins, à la rigueur, respire la nature.<o:p></o:p>

    L’époque romantique aime les intérieurs, autre expérience d’intimité après le portrait. Dans la chambre (1854), d’Alexandre Khroutski, est un bel intérieur avec deux enfants qui regardent un livre d’images. Il est par endroit chargé, mais la luminosité lui donne sa valeur. L’autoportrait de Sofia Vassilievna Soukhovo-Kobyline, peint à Rome vers 1847, nous montre une charmante jeune femme devant son chevalet, avec sa palette, ses brosses, son guide-main.<o:p></o:p>

    Terminons par les extérieurs. Il y a des clairs de lune à Naples (Chtchédrine, 1828), à Gallipoli (Rabus, vers 1820), une nuit d’automne à Saint-Pétersbourg (Vorobiev, 1835), un crépuscule sur le Dniepr (Ivanov, 1845)… Les peintres y paraissent embarrassés à traduire l’absence ou la particularité de la lumière à ces heures. Le plus beau paysage est romain, Le château Saint-Ange par Chtchédrine, avec le pont Saint-Ange et Saint-Pierre dans le lointain. Le père des paysagistes russes s’y montre maître de la luminosité.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La Russie romantique, à l’époque de Gogol et Pouchkine – Chefs-d’œuvre de la galerie Tretiakiov.

    Jusqu’au 16 janvier 2011, Musée de la Vie romantique.

    illustration : Oreste A. Kiprensky, Portrait du comte Egor E. Komarovsky © Galerie Tretiakov, Moscou<o:p></o:p>


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