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Sculpture
Au musée d’Orsay<o:p></o:p>
De la statue au bibelot<o:p></o:p>
Présent du 11 septembre 2010<o:p></o:p>
Carpeaux et Dalou ont tous deux vu leurs œuvres abondamment diffusées par le biais de reproductions ; pas tous deux dans les mêmes conditions ni avec le même assentiment. Seize élèves de l’Ecole du Louvre ont travaillé sur ce sujet et réalisé une exposition, tout à fait digne du musée d’Orsay.<o:p></o:p>
La reproduction en nombre et dans des formats divers devient possible au XIXe. La fonte au sable, moins difficile, et la réduction mécanique grâce à un pantographe en trois dimensions, plus rapide (procédé Collas), donnent les moyens d’une production en quantité et peu coûteuse, à partir d’un chef-modèle démontable. A cette production, une clientèle idéale : une bourgeoisie qui considère l’art avec méfiance, mais forcée de l’admettre au nom du « standing », donc disposée à acheter des œuvres à un prix minimum et sans en apprécier nécessairement la qualité.<o:p></o:p>
Des dizaines de fonderies se créent, Barbedienne, Susse… Elles signent avec les artistes des contrats d’édition. Pradier et Rude, au début des années 1840, sont parmi les premiers à s’engager dans cette voie. Les fonderies font de la publicité dans les journaux, sous le titre par exemple de « bronzes d’art pour pendules et ameublement ». Des Jeanne d’Arc, des Napoléon III, des odalisques nues ou habillées (d’après Ingres), des allégories de la Science, des Vénus à coquille et des Négresses à torchère peuplent les dessus de cheminée.<o:p></o:p>
Carpeaux et la joliesse<o:p></o:p>
Carpeaux (1827-1875) est connu pour La danse, groupe au pied de la façade de l’opéra Garnier. In situ se trouve une copie par Paul Belmondo, l’original est au musée d’Orsay. Sculpture accordée à l’architecture : c’est relativement creux. Elève de Rude, prix de Rome 1854, Carpeaux est très demandé par l’Empire. Il réalise le tympan du pavillon de Flore (Louvre), qu’on peut voir depuis le pont Royal, dont Orsay a une maquette à demi grandeur. Le musée possède également un exemplaire de la fontaine de la place Camille-Jullian, dite « fontaine Carpeaux » : les quatre femmes (l’Asie, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe) sont les morceaux les plus honnêtes du sculpteur.<o:p></o:p>
En matière de statuettes, Carpeaux a fourni des pêcheuses, des jeunes mères, des amours, un Napoléon Ier méditant (digérant ?)… Il est typiquement le pourvoyeur en sujets de pendules. Une déconsidération justifiée s’attache à cette partie de son « œuvre ». De son vivant il a travaillé avec la fonderie Barbedienne ; ses héritiers, en 1914, signent avec la maison Susse.<o:p></o:p>
Dalou et la rudesse<o:p></o:p>
C’est grâce au soutien de Carpeaux que Dalou (1838-1902) entre à la Petite Ecole, antichambre de l’école des Beaux-Arts. Il s’y lie avec Rodin. La carrière de Dalou est moins aisée. Quatre échecs au prix de Rome ne le disposent pas favorablement envers le cursus officiel. Chargé, par Courbet, de surveiller les collections du Louvre pendant la Commune, il doit s’exiler ensuite en Angleterre, jusqu’à son amnistie par Jules Grévy en 1879. <o:p></o:p>
Sculpteur républicain, sculpteur des ouvriers, des petits métiers, Dalou a un art plus viril que celui de Carpeaux. Son talent est reconnu au début des années 1880. Sa grande œuvre est le Triomphe de la République, installée place de la Nation (1899). <o:p></o:p>
Dalou se montre réticent à l’égard du bronze à-tout-va. Sa réaction est naturelle de la part d’un sculpteur : « Un ouvrage est fait pour une matière et une dimension. L'en changer est le dénaturer. » Jusqu’en 1899 il refuse l’édition de ses œuvres, avant de signer avec Susse, tout en limitant les tirages. C’est sa fille, à sa mort en 1902, qui signe avec la maison Susse pour une diffusion illimitée de soixante-seize œuvres. Une fille handicapée mentale qu’il a dû être facile de circonvenir. Le Travailleur (illustration) se décline en quatre tailles. La Porteuse de gerbes, la Porteuse de lait, la Liseuse, le Tonnelier, le Tueur à l’abattoir, etc., ces personnages bien observés et bien campés se multiplient comme la Sabine de Marcel Aymé et de la répétition naît le bibelot.<o:p></o:p>
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La diffusion de bronzes a séduit, parmi les artistes, ceux qui étaient prêts à sacrifier une part d’art pour une part d’argent, et ceux qui croyaient favoriser la démocratisation de l’art. Trop de sculpteurs s’y étant déshonorés, une réaction a lieu aux alentours de 1900 : l’incompatibilité de l’art et du nombre est une évidence. Les sculpteurs reviennent à la fonte à la cire perdue, plus difficile que la fonte au sable mais seule à garantir la fidélité aux plans, se tournent vers les tirages en nombre limité. C’est l’échec de la l’industrialisation de l’art, de sa « démocratisation » – qui n’a été en fait qu’un embourgeoisement. La production continue encore quelque temps, médiocre.<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Tous collectionneurs ! Carpeaux et Dalou édités par la maison Susse.
Jusqu’au 7 novembre 2010, musée d’Orsay.
illustration : Jules Dalou, Grand Paysan ou Le Travail n°3, chef-modèle, Susse Frères fondeur © RMN (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski<o:p></o:p>
Tags : carpeaux, dalou, sculpture
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