• Taoïsme

     

    Au Grand Palais<o:p></o:p>

    Lao-Tseu et la Voie<o:p></o:p>

    Présent du 19 juin 2010<o:p></o:p>

    « Lao-Tseu a dit : il faut trouver la Voie. Je vais vous couper la tête. » Comment oublier Didi, ce personnage du Lotus bleu, qui fou avait une conception si personnelle du Tao ? Ce mot signifie voie, pratique, doctrine. Le taoïsme ne se résume donc pas au qi gong, cette gymnastique pratiquée jusqu’en Europe dans des parcs, ni au couple du yin et du yang, souvent réduit à une dualité sexuelle alors qu’il est beaucoup plus que ça : « non seulement il a servi de modèle de classification universelle, expliquait Mircea Eliade, […] en outre il a été développé dans une cosmologie qui, d’une part, systématisait et validait de nombreuses techniques du corps et disciplines de l’esprit et, d’autre part, incitait à des spéculations philosophiques de plus en plus rigoureuses et systématiques. » Le taoïsme est religion, philosophie, hygiène, cogitation alchimique, vision totale de l’être supposé atteindre l’immortalité physique.<o:p></o:p>

    Le taoïsme a connu des périodes favorables et d’autres où vexations, interdictions, destructions lui ont été prodiguées. Il a connu l’hostilité du confucianisme, du bouddhisme, parfois celle de l’empereur ou du chef de la Révolution. La résistance du taoïsme s’explique probablement par le fort substrat mythologique archaïque sur lequel il est établi, qui l’ancre dans la mentalité chinoise. <o:p></o:p>

    Vivant au VIe siècle avant notre ère, Lao-Tseu reprend les cosmogonies antérieures, puise dans Le livre des Mutations écrit deux siècles plus tôt. D’après son ouvrage, Le livre de la Voie et de la Vertu, il ne paraît pas qu’il ait eu la prétention de donner les clés de l’immortalité. Sa pensée s’est trouvée largement développée par différentes et fécondes écoles.<o:p></o:p>

    Lao-Tseu est souvent représenté sur un buffle (illustration : rouleau vertical d’un mètre de haut, par Zhang Lu, XVIe siècle). « Lao-Tseu à la passe de Hangu » est le dernier épisode connu de sa vie, maintes fois représenté. C’est à ce moment que le sage remet au gardien de la passe son livre, puis s’éloigne et disparaît à jamais. La scène apparaît aussi bien sur un vase de porcelaine à émail rouge (XIXe), que peinte sur soie en tons délicats par Jiang Xun (1764-1821).<o:p></o:p>

    Sa disparition est significative. Le maître délaisse le monde. Le taoïsme en cela s’oppose au confucianisme, construit pourtant sur les mêmes croyances anciennes. Selon Confucius, l’homme s’épanouit et gagne en perfection en ayant une vie sociale et politique. Lao-Tseu prône lui la vie cachée.<o:p></o:p>

    Le caractère qui désigne les immortels, les adeptes qui sont allés au bout de l’expérience du Tao, est constitué du signe « homme » et du signe « montagne » : à l’instar de Lao-Tseu, l’immortel l’est devenu par la pratique de l’érémitisme. Les montagnes sont le lieu de méditation, mais aussi de recherches de plantes et de minéraux – ingrédients de l’élixir de longue vie. Importance de la montagne, le taoïsme a influencé la peinture chinoise en la poussant vers le paysage. Wen Boren (1502-1575) peint un long paysage horizontal où l’œil circule à merveille : Aube de printemps sur la terrasse de l’élixir. Shitao (1642-1720), dans le même format, peint Une visite à la grotte de Chang Gong, dans des tons gris bleu et saumon pastel. Les différentes îles où séjournent les immortels sont autant de prétextes à paysage : Wen Boren encore, ou son contemporain Wen Jia (1501-1583), qui fait s’étager de beaux escarpements où s’accrochent les arbres.<o:p></o:p>

    Divinisé en 166 ap. J. C., Lao-Tseu forme avec deux autres dieux les dieux dits du Ciel antérieur, les plus importants. Existent beaucoup d’autres dieux, secondaires, liés à l’organisation du monde : régents des onze luminaires, empereurs des cinq directions, grands généraux des friches, dieux des murs et des fossés… Ils apparaissent dans une série de remarquables peintures sur soie datée de 1454. <o:p></o:p>

    A chaque point cardinal est associé un animal : dragon vert à l’est, tigre blanc à l’ouest, oiseau vermillon au sud, tortue noire enlacée par un serpent au nord. Le zodiaque, expression du temps cyclique, a lui aussi ses animaux. Des terres cuites du VIe siècle les représentent en toge. Les têtes, délicates et naïves, sont de bons morceaux d’art animalier. Les « régents des douze palais du zodiaque » peuvent aussi être représentés portant des attributs occidentaux : lion, taureau, etc.<o:p></o:p>

    Le taoïsme, on le voit, a aimé les images, les paysages comme les personnes. Outre les nombreux manuscrits (textes sacrés, médicinaux), outre les vases, les peintures et les sculptures, on admirera de remarquables estampages réalisés à partir de bas-reliefs. Ils donnent, sur papier, des « négatifs » précieux pour l’iconographie. La sculpture se transforme en spectacle d’ombres chinoises.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La voie du Tao, un autre chemin de l’être.

    Jusqu’au 5 juillet 2010, Grand Palais.

    illustration : Laozi sur le buffle, par Zhang Lu © The National Palace Museum Taipei, Taiwan

     

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