• Tapisseries flamandes

     

    Aux Gobelins

    Tentures flamandes

    à la Cour d’Espagne

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    Présent du 22 mai 2010<o:p></o:p>

    La collection de tapisseries des Habsbourg d’Espagne constitue encore aujourd’hui un ensemble magnifique qui reflète autant le savoir-faire des artisans bruxellois que l’éclat d’une dynastie.<o:p></o:p>

    La collection d’Isabelle la Catholique fut vendue à sa mort pour régler des créances (1505). Le patrimoine par la suite fut préservé et transmis. Marguerite d’Autriche, sœur de Philippe le Beau, régente des Pays-Bas (1507-1530), rassembla une collection qui passa à son neveu Charles Quint, lequel l’enrichit à son tour par ses soins et par l’entremise de sa sœur Marie de Hongrie (régente des Pays-Bas, 1530-1555). A la fin du XVIe siècle, Philippe II se retrouvait ainsi en possession de sept cents tapisseries.<o:p></o:p>

    Tissées d’or, d’argent et de soie, les tapisseries apparaissent dans les inventaires après les bijoux et l’argenterie, loin devant les peintures et les sculptures. Elles suivent le souverain dans ses déplacements, rehaussent ses résidences de tout leur éclat. L’habileté des lissiers flamands au XVIe siècle est confondante, à la hauteur du talent des peintres qui fournissent les cartons. Les sujets sont religieux, moraux, historiques ; souvent choisis en fonction de l’image que le roi veut donner de lui-même.<o:p></o:p>

    Les tentures du premier quart du XVIe siècle sont de style gothique : les attitudes, les drapés continuent le siècle précédent tout en s’assouplissant. L’histoire de David et Bethsabée est racontée à la façon d’un roman courtois (tapisseries oblongues servant de parements de lit). Au Baptême du Christ assistent de nobles personnages, dont la prestance s’accorde à celle de l’ange mêlé à eux (illustration). Aux pieds du Christ, des canards, des pics, une grenouille regardent la scène, qui capte l’attention d’un rocher « céphalomorphe ». Le paysage acquiert une certaine profondeur.<o:p></o:p>

    A la même période, les sujets profanes restent volontiers allégoriques. Le Triomphe du Temps (avant 1504) se présente comme une préparation à une joute chevaleresque. Le Temps en armure est entouré du Passé (un vieillard), du Présent, de la Gloire ; vers lui arrive le Futur, chevalier masqué, prêt à en découdre sous les yeux de l’assistance regroupée dans une tribune. Les coloris bleu vert sont remarquables.<o:p></o:p>

    La Renaissance, par la pratique des emblèmes, ne dédaigne pas les allégories. Une tenture consacrée aux Moralités montre la Vertu, autour de laquelle gravitent – avec une certaine confusion – des dieux et des personnages antiques. Tirée d’une tenture consacrée aux Honneurs, la tapisserie de la Fortune (1520) est mieux composée. La Fortune trône au centre, impériale, tandis que toutes sortes d’épisodes montrent divers personnages de l’histoire antique ou biblique qui ont bénéficié ou subi d’éclatants revers de Fortune. Ainsi Moïse qui, nourrisson, se retrouve voguant sur le fleuve dans une corbeille de papyrus.<o:p></o:p>

    Cette Fortune est due au peintre Van Orley, qu’on dit avoir été élève de Raphaël, ce qui n’est pas assuré : peut-être ne quitta-t-il pas sa Bruxelles natale. Toujours est-il que sous sa direction y fut tissée la Tenture des Actes des Apôtres de Raphaël, promise à une grande gloire. L’artiste y avait envoyé ses cartons, preuve de la prééminence des lissiers flamands tôt dans le siècle (1516).<o:p></o:p>

    Van Orley achève la rupture avec le gothique. Les vêtements sont naturalistes, les poses moins hiératiques. Il fut fréquemment mis à contribution pour les tapisseries. Le Louvre possède les tapisseries dites « Chasses de Maximilien », et les petits cartons réalisés d’après ses dessins, ici exposés : à chaque mois correspond une chasse, une étape, un signe zodiacal. Toujours d’après lui, six petits cartons traitent de la bataille de Pavie, mise en scène de façon très moderne. Il donne, dans un des panneaux de La fondation de Rome, le visage de Charles Quint à Romulus.<o:p></o:p>

    Çà et là se rencontrent des détails iconographiques curieux. Une Apocalypse du milieu du siècle présente un nœud de dragons, à gauche, dont les gueules et les reflets bleutés laissent supposer une inspiration chinoise (Saint Michel terrassant le dragon). Sans conteste, dans l’inattendu, une tapisserie l’emporte, tissée d’après Bosch (1453-1516). Philippe II aimait beaucoup ses œuvres, dont le Prado conserve quelques unes des plus belles.<o:p></o:p>

    Jérôme Bosch peignait du même pinceau paisible le Jardin d’Eden et la terre après la Faute, fourmillant d’êtres humains aux prises avec des monstres et démons divers. Un univers qui semble difficile à transcrire en tapisserie. Et pourtant, le motif principal est emprunté à La Charrette, placé au centre d’un univers constitué de « citations » de Bosch, le tout arrangé sans fausse note. Rien n’était impossible aux lissiers bruxellois.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Trésors de la Couronne d’Espagne, Un âge d’or de la tapisserie flamande.

    Jusqu’au 4 juillet 2010, Galerie des Gobelins.<o:p></o:p>

    illustration : Atelier de Bruxelles, Le Baptême du Christ, 1515-1520 © Patrimonio nacional, Madrid<o:p></o:p>


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