• XVIIe siècle

     

    Au musée Jacquemart-André<o:p></o:p>

     

    Le grand XVIIe<o:p></o:p>

    Présent du 30 octobre 2010<o:p></o:p>

    Difficile de ne pas céder au charme de cette exposition consacrée aux peintures flamande et française du XVIIe siècle. Elle rend à l’une et l’autre les honneurs dus et atteint son but, qui est de montrer l’influence flamande (baroque) sur la peinture française, puis l’influence française (classique) sur la peinture flamande.<o:p></o:p>

    Depuis des siècles, le Nord irrigue régulièrement la peinture européenne. Les Flamands, les Hollandais, en allant à Rome, s’arrêtent en route, pour une année ou pour la vie. Ce qui n’était qu’une étape devient résidence, Paris, Lyon, Avignon ont leur petite communauté de peintres du Nord. On devine parfois, derrière le nom francisé, le patronyme d’origine. La majorité d’entre eux est restée obscure, mais ils ont été des maîtres, ont transmis aux Français un métier.<o:p></o:p>

    S’ajoutent les Flamands célèbres, sollicités eux par le pouvoir. Marie de Médicis, reine puis régente, fait venir par exemple Rubens à Paris. Celui-ci emprunte à la reine son visage lorsqu’il peint une Allégorie du bon gouvernement. Aidé d’élèves comme Van Thulden qui peint la vie de Jean de Matha pour le couvent des Mathurins, Rubens peint la grande série de toiles aujourd’hui au Louvre. Van Dyck peint également le portrait de la reine. François II Pourbus peint Louis XIII enfant (1614), Philippe de Champaigne Louis XIV enfant (1643). Juste d’Egmont « sert » sous les deux rois. Il collabore avec Vouet et est l’un des douze anciens lors de la fondation de l’Académie en 1648.<o:p></o:p>

    Présents lors de la fondation, des Français inspirés par les Flamands : La Hyre, Antoine et Louis Le Nain. La Hyre s’inspire de Snyders avec ses Deux chiens dans un paysage (1632). Deux bêtes qui n’ont pas grand intérêt, pas plus que celles de Snyders, mais l’oiseau sur la branche, au milieu en haut, est d’une bonne venue. Les frères Le Nain reprennent le concept des scènes de genre flamandes. On voit ici des soldats au café, des musiciens : Le concert (Laon), œuvre de jeunesse collaborative ou œuvre tardive de Mathieu, Les joueurs de cartes (Avignon) jadis attribué à Sébastien Bourdon, et Les tricheurs (Louvre), désormais donné à un « Maître des jeux ». Ces incertitudes d’attribution et de date font partie du brouillard qui entoure les œuvres et les vies des trois Le Nain. Heureusement qu’ils n’étaient pas sept ! Nous ne discuterons pas ici de la justesse d’être « tuilliériste » ou « rosenbergien ». Le Nain ou pas, et sans être des meilleurs Le Nain, ce sont de très bonnes toiles.<o:p></o:p>

    Lubin Baugin est l’auteur d’une nature morte « aux abricots ». La table et la coupe sont froides, les abricots une merveille. Le petit bout de branche encore accroché à l’abricot du premier plan annonce la branche de cerisiers de Van Gogh : s’y lit la même allégresse du pinceau.<o:p></o:p>

    Les Le Nain s’écartent tout de suite du trivial auquel ont succombé tant de scènes flamandes. Ils haussent le ton comme, de leur côté, La Hyre, Champaigne. Le classicisme, cette peinture exigeante, touche l’histoire biblique (La Hyre : Le jugement de Salomon), l’allégorie (Le Sueur : Allégorie du ministre parfait), le paysage : Pierre Patel l’Ancien peint des vues idéales paisibles. Cohabitent des ruines antiques, des bergers ou la Sainte Famille, des chèvres, et une nature où herbes, eaux et roches sont suggérées avec une légèreté admirable.<o:p></o:p>

    Poussin connaît la même évolution, mais à Rome, comme le Lorrain. Vénus pleurant Adonis est une toile très abîmée. Mercure, Hersé et Aglaure, ou Midas à la source du fleuve Pactole, sont mieux conservées. Elles n’ont pas le caractère appuyé de toiles plus tardives comme Coriolan : on peut les préférer. <o:p></o:p>

    Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les peintres flamands viennent encore à Paris, mais s’y instruire, parachever leur formation. L’influence française sur les peintres liégeois est décisive. C’est le cas de Bertholet Flemal, qui s’arrête à Paris au retour de Rome, avant de rentrer à Liège où il fut peut-être empoisonné par la Brinvilliers, une amie. Sa peinture n’est pas emballante, ni celle de Gérard Douffet, si dure. Dur aussi le Christ aux enfants de Jean-Guillaume Carlier, dont on préférera largement l’autoportrait saisissant.<o:p></o:p>

    De tous ces peintres, c’est un possible élève de Flemal, Gérard de Lairesse, qu’on retiendra. Il mérita d’être surnommé « le Poussin de sa Nation ». L’à-peu-près d’un surnom. Sa Fête de Vénus n’a pas le dessin rigoureux du maître franco-romain. On se délectera de huit toiles qui racontent le Triomphe de Paul Emile, esquisses pour un plus grand décor. Relecture des Triomphes de Mantegna ? Le dessin est enlevé, sa composition claire, et l’harmonie générale merveilleuse, des tons ocre rose que font chanter des éclats d’or sur les armures noires.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle.

    Jusqu’au 24 janvier 2011, Musée Jacquemart-André.

    illustration : Frères Le Nain, Les Joueurs de cartes © Musée Granet, Aix-en-Provence<o:p></o:p>


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :