• Arménie (livres d')

    A la BnF

    Livres d’Arménie

    Présent du 17 fév. 2007

    La Bibliothèque royale reçut ses premiers écrits arméniens sous François 1er. Elle fut par la suite continuellement enrichie, et de manuscrits, et d’outils « artisanaux » (un dictionnaire français-latin annoté en arménien par l’orientaliste Pétis de la Croix, 1653-1713) ou pédagogiques : une grammaire à l’usage des Français, imprimée à Constantinople en 1730. Tout commençant par les caractères, il n’est pas inutile d’en dire un mot. On les doit à un moine de la trempe des civilisateurs, du début du Ve siècle. Mesrop Mashtoc’, regrettant que les Arméniens en fussent réduits à lire la Bible en grec ou en syriaque faute d’écriture, se mit à l’œuvre et, fin linguiste, dota sa langue d’un système de notation des sons si parfait qu’il ne fut pas modifié par la suite. Seule la graphie évolua. Trois manuscrits permettent à nos yeux latins d’apprendre la distinction entres les graphies successives. On reconnaît sur un lectionnaire du Xe siècle l’écriture la plus ancienne, l’erkat’agir, épigraphique, de module imposant et d’allure officielle. Le besoin d’une écriture plus simple donna naissance au bolorgir ; un lectionnaire du XIVe sert d’exemple, illustré d’entrelacs de flore et faune. Un Commentaire sur les douze Prophètes emploie lui le notrgir, utilitaire, sans rien de calligraphique. Orné d’une belle miniature en pleine page, à dominante vert Véronèse (la Vierge entourée des douze petits prophètes), ce manuscrit date du XVIIIe, date tardive qui ne doit pas surprendre : l’imprimerie ne fit pas disparaître la manuscription. Une peinture magnifique ouvre Des six jours de la Création (XVIIe) : Adam et Eve au Paradis, entourés d’innombrables couples d’animaux tels qu’on a l’habitude de les voir dans les représentations de l’Arche de Noé. Ils paraissent un couple parmi d’autres ; mais ils sont placés au centre, au pied d’un escalier qui monte dans les nuées : l’Homme a sa place privilégiée dans la création.<o:p></o:p>

    Le religieux l’emporte largement sur le profane. Les supports varient suivant la dévotion. Le faste de la liturgie, dévotion publique, apparaît dans deux homéliaires gigantesques : l’un de 1194, de près de 60 cm de haut, peu décoré mais aux splendides caractères erkat’agir d’une beauté suffisante ; l’autre de 1307(qui pesait près de cent kilos), dont une double page est présentée, avec entrelacs et palmettes. Inversement, la dévotion privée donne des psautiers et bréviaires lilliputiens raffinés. Les livres rouleaux, ou phylactères, témoignent d’une troisième dévotion, populaire. Abondamment illustrés de peintures vives, à grands traits, ils contiennent des prières et des exorcismes entachés de superstitions (ill.).<o:p></o:p>

    Des livres en arménien furent publiés dès 1511 à Venise, délocalisation qui s’explique par la présence d’une nombreuse colonie et par l’interdiction d’imprimer qui sévissait alors dans l’Empire ottoman. Les gravures restent tributaires des miniatures et ornements ; l’effet n’est pas très heureux. Au XVIIe, Constantinople deviendra le lieu privilégié des imprimeries arméniennes, Rome étant devenue méfiante vis-à-vis des ouvrages hérétiques en émanant. Chrétiens séparés depuis l’an 555, les Arméniens furent cependant l’objet d’approches œcuméniques lors des controverses entre protestants et catholiques. Ceux-ci s’adressèrent aux chrétiens orientaux pour renforcer leurs positions théologiques. Un ambassadeur, accompagné d’Antoine Galland (à qui on doit la première traduction française des Mille et une nuits), partit à Constantinople et obtint différentes professions de foi grecques, arabes, coptes, ainsi que celle du Catholicos Yakob IV, beau texte arménien enluminé de fleurs et d’anges, estampillé de différents sceaux rouges et noirs, daté du 30 avril 1671, dans lequel le Primat affirme sa croyance en la Présence réelle.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Livres d’Arménie,

    jusqu’au 25 mars 2007, Bibliothèque Nationale.<o:p></o:p>

     

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    illustration : Phylactère 1732 ©BnF, département des Manuscrits

     

     


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