• Bandinelli (Baccio)

    Au musée du Louvre<o:p></o:p>

    Un artiste florentin<o:p></o:p>

    Présent du 8 mars 08<o:p></o:p>

    La carrière du sculpteur Baccio Bandinelli (1493 – 1560) est liée à la puissance des Médicis. Né dans la florissante cité, il y réalisa ses premières œuvres, d’emblée influencé par la sculpture antique découverte lors de séjours à Rome et, plus encore, par Michel-Ange alors actif à Florence, de vingt ans son aîné, dont il peignit le portrait en 1522. Cette influence, toute une génération la subit, donnant ce qu’on nomme premier maniérisme, mais Bandinelli eut la prétention de rivaliser avec le maître. Un bloc de marbre servit d’enjeu. D’abord destiné à Michel-Ange pour y tailler un pendant au David placé devant le Palazzo Vecchio, il passa à Bandinelli car Michel-Ange était alors occupé aux travaux de San Lorenzo.<o:p></o:p>

    Les troubles politiques s’en mêlèrent : Bandinelli dut fuir Florence en 1527 lors de l’expulsion des Médicis. Le gouvernement républicain redonna la commande et le bloc à Michel-Ange, chargé en outre des fortifications de la ville. (Il dessina des plans jamais réalisés qui sont, d’après Fr. Hartt, « la plus stupéfiante synthèse entre l’invention stratégique et la beauté artistique ».) Lorsque les Médicis reprirent la ville en 1530, Michel-Ange se cacha un temps car il risquait la mort, tandis que le bloc de marbre revenait à Bandinelli, rentré avec ses protecteurs. Il y tailla le groupe colossal Hercule et Cacus, mis en place en 1534.<o:p></o:p>

    Cette même année, Michel-Ange quitta définitivement Florence pour Rome, où son échine peu souple et son inaptitude aux manœuvres en sous-main allaient continuer à le placer en porte-à-faux avec les autorités. Bandinelli avait lui un autre tempérament, réputé arrogant, fourbe et procédurier. Son rival parti, il domina la vie artistique florentine pendant quinze ans, jusqu’à ce que Benvenuto Cellini et Bartolommeo Ammanati le détrônent. Encore usa-t-il contre le premier de procédés indélicats, ce qui lui vaut l’honneur d’être cité dans La vengeance, mœurs italiennes de la Renaissance de Gabriel Maugain. Il est vrai que cette époque était si fertile en rancunes que Cellini lui-même projeta, en retour, de l’assassiner : mais le rencontrant désarmé, sur un mauvais mulet, accompagné d’un enfant, il n’en fit rien. <o:p></o:p>

    Les contemporains de Bandinelli ne se sont pas gênés pour critiquer ses sculptures, encore visibles en Florence en grand nombre (au Duomo, à Santa Casa de Lorette, au Palazzo Medici, à SS. Annunziata, Piazza della Signoria…). Le groupe Hercule et Cacus fut jugé froid, statique. Comme est loin le stil dolce d’un Desiderio da Settignano, florentin du siècle précédent ! Sculpteur raide, homme détestable, il lui fut beaucoup pardonné pour son talent de dessinateur. Outre son habileté technique, on louait sa capacité à surpasser la nature dans ses dessins, louange caractéristique du maniérisme. Préférer l’invention à l’observation, « améliorer », « magnifier » les beautés de Dame Nature, craindre la spontanéité, autant de choses qui se constatent dans les dessins de Bandinelli.<o:p></o:p>

    Se sent dans les nombreux nus masculins, corps de héros aux poses irréelles, que chaque trait a été pesé. Très beaux dessins, mais si Bandinelli n’était connu que par eux, il nous convaincrait de la froideur de sa mine. Prisonnier de cet idéal, il dessina un Christ mort sans stigmate qui n’était qu’un athlète, ce qui fut jugé peu crédible. La minutie du dessin de Bandinelli est aussi liée à sa formation dans l’atelier de son père orfèvre : un petit format qui rassemble quantité de personnages (Saint Léonard visitant les prisonniers et les renvoyant absous) tient à la fois de la miniature et du bas-relief, genre où il a montré plus de sensibilité qu’en ronde bosse : le Louvre possède une fonte tardive d’une Descente de Croix de qualité.<o:p></o:p>

    D’autres dessins, à la plume, son outil scripteur préféré (adorable terminologie de linguiste), témoignent de plus de vie. La Résurrection de Lazare ou Le Martyre de Saint Laurent montrent le « héros » isolé au milieu d’une foule étagée dans une architecture complexe mais lisible (gradins, plate-forme, arcades, niches…) proche d’un décor scénique, autre conception maniériste, artificielle et séduisante. La plume nous épargne les petits traits soignés, voire compassés, et favorise les hachures, que Bandinelli utilise d’une manière qui trahit le sculpteur puisqu’elles sont là pour modeler vigoureusement. La tête d’Hercule (ill.) avec le modelé du front, le renfoncement de la tempe, en est un bon exemple. <o:p></o:p>

    Un dessin, Hercule tenant la peau du lion de Némée, combine les deux techniques : l’homme est très travaillé alors que la dépouille animale est à grands traits. Ne retrouve-t-on pas, dans cette combinaison de calcul et de violence, le tempérament même de l’artiste ? <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Baccio Bandinelli, Dessins et sculptures du Louvre,<o:p></o:p>

    jusqu’au 26 mai, Musée du Louvre, aile Denon.<o:p></o:p>

    illustration : Hercule, plume et encre brune, Musée du Louvre<o:p></o:p>


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