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Benoît XVI et la culture
Benoît XVI aux Bernardins<o:p></o:p>
Leçon inaugurale<o:p></o:p>
Présent du 15 septembre 08<o:p></o:p>
Les origines de la théologie occidentale et les racines de la culture européenne, tel est le thème qu’a traité Benoît XVI au Collège des Bernardins vendredi soir devant les responsables de la culture. Ora et labora.<o:p></o:p>
L’importance de l’activité monastique dans la formation de la culture chrétienne est d’emblée soulignée. Cette culture est née d’une recherche, non au sens moderne du mot – les responsables de la pastorale l’emploient pour parler d’une aimable perte des certitudes –, mais au contraire d’une acquisition : Quaerere Deum, recherche à laquelle la Parole révélée contribue efficacement.<o:p></o:p>
Intéressés à la Parole divine, les moines ne pouvaient que se pencher sur le langage humain qui l’a exprimée. « La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole […]. Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. » <o:p></o:p>
Cette Parole devenue dialogue entre l’homme et Dieu par la récitation des psaumes, donna naissance à un chant en rapport avec celui des anges en présence du Tout Puissant (ici le Pape a des phrase qui rappellent la Sainte Liturgie), et plus largement à la musique occidentale. « De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu’Il a Lui-même donnés est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une « créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité. » <o:p></o:p>
La spécificité de la Parole biblique réclame son interprétation à la lueur de l’Esprit qui vivifie et qui rend libre mais n’autorise aucune subjectivité : l’homme libre est lié par un lien d’intelligence et d’amour. « Cette tension entre le lien et la liberté, qui va bien au-delà du problème littéraire de l’interprétation de l’Écriture, a déterminé aussi la pensée et l’œuvre du monachisme et a profondément modelé la culture occidentale. Cette tension se présente à nouveau à notre génération comme un défi face aux deux pôles que sont, d’un côté, l’arbitraire subjectif, de l’autre, le fanatisme fondamentaliste. Si la culture européenne d’aujourd’hui comprenait désormais la liberté comme l’absence totale de liens, cela serait fatal et favoriserait inévitablement le fanatisme et l’arbitraire. L’absence de liens et l’arbitraire ne sont pas la liberté, mais sa destruction. » <o:p></o:p>
L’autre aspect de la vie monacale, le travail, par lequel l’homme collabore à l’œuvre du Créateur, explique « le développement de l’Europe, son ethos et sa conception du monde ». Cette collaboration consiste aussi à rendre la foi communicable à ceux qui recherchent le dieu inconnu car au-dessus des cultures diverses existe la Vérité. « Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable. »<o:p></o:p>
<o:p> </o:p><o:p></o:p>Choisir un sujet aussi polémique que celui des racines chrétiennes de la culture européenne face à un auditoire composé de représentants d’une culture obstinément renégate, de têtes telles que celles de Chirac et de Delanoë, de représentants du culte musulman, revenait à mettre les pieds dans le plat. La tranquillité et l’assurance des propos de Benoît XVI sont une marque d’autorité indéniable, sur les païens comme sur les catholiques qui ne seraient pas disposés à les faire leurs. La netteté des idées pontificales s’oppose à la dysphasie du collège épiscopal français confit en bégaiements et approximations. Cette allocution constitue une véritable leçon inaugurale qui indique ce que serait la vocation retrouvée des Bernardins si les autorités ecclésiastiques locales substituaient au Relativisme ambiant la Sagesse chrétienne mentionnée par Benoît XVI. Au-delà, elle rappelle aux chrétiens comment ils doivent occuper « la scène culturelle ».<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Tags : patrimoine, Benoît XVI
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