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Boyadjian (photographie)
A l’Hôtel de Sully<o:p></o:p>
Des Arméniens
à la cour du Négus<o:p></o:p>
Présent du 4 août 07<o:p></o:p>
Il y eut des Arméniens en Ethiopie dès les années 1870, période où le pays s’ouvrit au monde après deux siècles de repli ; leur nombre augmenta lors des massacres hamidiens puis lors du génocide de 1915, jusque vers 1930. L’occupation italienne, la révolution de 1974 leur firent chercher des cieux plus tranquilles. <o:p></o:p>
Servis par une remarquable faculté d’adaptation, ils apportèrent leur sens du négoce, leur savoir-faire d’artisans, de techniciens, toutes choses qui avaient fait leur réussite dans l’Empire ottoman. Bédros Boyadjian s’installa à Addis-Abeba en 1905 et devint photographe officiel de la cour impériale de Ménélik II l’année suivante. Son fils aîné Haigaz lui succèda, puis son fils cadet Tony, jusqu’à la Révolution. Leurs photographies valent moins sur le plan artistique que sur le plan documentaire et par le contexte auquel elles appartiennent.<o:p></o:p>
Des portraits officiels émane une grande dignité : Ménélik II, l’impératrice Menen, le beau négus Mikaël (illustration), le ras Makonen. Un ras est le gouverneur d’une province, celui-ci était le père de ras Tafari, lequel allait devenir Hailé Sélassié lors de son sacre en novembre 1930 : le couple impérial pose sous un dais à l’emblème de la Trinité accolé de lions symbolisant la royauté ; le négus tient le sceptre et l’orbe surmonté d’une croix. <o:p></o:p>
Evelyn Waugh assista au sacre en tant qu’envoyé spécial. Ses souvenirs sont consignés dans Hiver africain. Description d’un sacre interminable et incompréhensible pour des Occidentaux, vision caustique d’un pays qui vit affluer de partout des délégations pour l’accueil desquelles le peu qui avait été prévu ne se déroula jamais comme prévu. Les pérégrinations de Waugh à Addis-Abeba et dans la région confirment l’implantation arménienne à divers niveaux de la société : chauffeurs de taxis, hôteliers, etc. Il reconnaît aux Arméniens, plus qu’à tout autres – et surtout pas aux « odieux petits Français » – « un talent rare et une extrême délicatesse de sentiments ».<o:p></o:p>
Hailé Sélassié, dont le nom signifie : puissance, ou pouvoir de la Trinité, se créa un personnage mythique en prétendant descendre de Ménélik, fils qu’auraient eu le Roi Salomon et la Reine de Saba. Il eut une destinée malgré lui dans le rastafarisme (de ras Tafari), mouvement protestant noir jamaïcain, pour les membres duquel le Négus était « le roi noir devant libérer les noirs » qui ramènerait dans la terre promise (l’Ethiopie) tous les descendants des Africains déplacés par l’esclavage. Ce délire s’accompagnait d’une interprétation afro-centrée de la Bible, selon laquelle Moïse et Jésus auraient été noirs. Le reggae – je ne connais pas musique plus insupportable – a été la version chantée de ces revendications raciales, religieuses et politiques. <o:p></o:p>
Aussi mégalomane qu’il ait pu être, le Négus n’a jamais donné dans le rôle de personnage divin que les rastas jamaïcains auraient aimé lui voir jouer. Il s’est borné à leur accorder quelques arpents de terres pris aux Falachas, ces juifs éthiopiens qui, lorsqu’ils émigrèrent en Israël, furent victimes d’un racisme quasi officiel de la part de leurs pourtant frères dans la foi. <o:p></o:p>
Les fêtes religieuses constituent un autre aspect du travail officiel des Boyadjian. La série de photographies prises lors de la consécration de quatre évêques en juillet 1947 est remarquable. Les nouveaux évêques, Mikaël, Théophilos, Jacob et Timotheos, en belle tenue noire, ont une prestance et une gueule magnifiques. Placez-en un au milieu de notre conférence épiscopale, parmi nos évêques à face molle et pulls acryliques, et vous obtiendrez le plus frappant des contrastes. <o:p></o:p>
Les Boyadjian travaillaient aussi pour les particuliers. Portraits d’anonymes, photos de mariages, de remises de prix… L’Ethiopie des années 1950 apparaît comme une société relativement florissante et européanisée avec discrétion, époque bénie dont Tony Boyadjian vit la fin. <o:p></o:p>
L’affrontement que Hailé Sélassié avait eu à mener contre les troupes italiennes lui conféra aux yeux des Européens le statut de grand opposant au fascisme (c’est encore Waugh qu’il faut lire sur cette guerre : Waugh en Abyssinie), qui les rendit aveuglément indulgents à l’égard de son despotisme et de son incapacité à gérer le développement du pays. Une famine entraîna la révolution de 1974 d’où sortit, après quelques péripéties, Hailé Mariam Mengistu dit le Négus rouge : il pratiqua comme tout bon marxiste le déplacement de populations, la famine planifiée et le massacre de masse. Hailé Sélassié finit vraisemblablement étouffé entre deux matelas en 1975, mais les rastas prétendent qu’il n’est pas mort et attendent l’affrètement du charter qui les ramènera en Afrique.<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Les Boyadjian, photographes officiels à la cour du Négus,
jusqu’au 2 septembre 2007,
Hôtel de Sully, 62 rue Saint-Antoine, Paris IVe
illustration : Le négus Mikaël, 1915, par Bedros Boyadjian (coll. Abebe Berhanu)<o:p></o:p>
Tags : photographie, Arménie, Boyadjian
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Commentaires
1visiteur_rastaSamedi 24 Mai 2008 à 04:27Je trouve quand meme vos props tr?d?grant au sujet de son imp?ale majest?aile selassie. La moindre des choses, serait de lui accorder son respect, et de vous documenter un peu plus sur 'lhomme et ses actions, (pourquoi pas un voyage en ethiopie) qui vous remettrais les id? en place. vous et votre eurocentrisme ?0 centime, qui n'est que la r?ltante d'un pass?olonial dont vous etes apparemment fier.Répondre2baraque au bahamasVendredi 23 Janvier 2009 à 10:08l'aspect anti-d?cratique d'hail??ssi?st amoindri (pourquoi???). samuel vous n'?s pas objectif, sans doute par un afrocentrisme d?aisant, vous ?s apparemment le genre de mec ?voir voyag?n afrique
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