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Bronzes français
Au musée du Louvre<o:p></o:p>
Les bronzes français<o:p></o:p>
Présent du 29 novembre 2008<o:p></o:p>
Au seizième siècle, le bronze acquiert en France son autonomie en tant que matériau, apprécié pour ses lumières et ses patines, conférant à l’œuvre un supplément de valeur artistique. Cela, sous l’impulsion des artistes italiens venus travailler chez nous, du Primatice particulièrement qui orna le jardin de Fontainebleau, à la demande du roi, de moulages en bronze des grandes sculptures antiques. Idéal pour le monumental et le plein air, apte à rendre les minuties d’une statuette de salon, le bronze trouve rapidement sa place aux côtés de la pierre. L’exposition passe d’ailleurs, pour une part, par les cours Marly et Puget, où les bronzes côtoient leurs sœurs chtoniennes.<o:p></o:p>
Jean Goujon et Germain Pilon l’adoptent, ce dernier pour le digne buste de l’évêque d’Orléans, Jean de Morvillier, dont le camail est traité avec une belle simplicité. Barthélemy Prieur, élève de Pilon, réalise pour le monument funéraire de Ch. De Thou deux beaux génies directement inspirés de Michel-Ange. L’élégant développement dans l’espace de la Renommée que Pierre Biard fond pour le monument du duc d’Epernon, les dépasse nettement.<o:p></o:p>
Autant les petits sujets réussissent à B. Prieur, autant Henri IV en armure et Marie de Médicis en robe de cour ne dépassent pas le dessus de cheminée. On lui doit les mêmes, mais « en Jupiter » et « en Junon » : le roi est nu, la reine pas tout à fait. Ce n’est que le début de la lignée des portraits royaux : Henri IV est encore portraituré par B. Tremblay, par M. Jacquet. Par la suite, F. Bourdonny donne un buste de Louis XIII extrêmement chargé, S. Guillain un Louis XIV enfant du même genre : la leçon de dépouillement de Germain Pilon n’a pas porté ses fruits, sauf chez J. Sarazin (buste lauré de Louis XIV à cinq ans).<o:p></o:p>
Cependant le bronze allait donner aux rois le moyen de réaliser les prestigieuses statues équestres. Sous François Ier, un bronzier italien du nom de Rusticci s’était lancé dans l’aventure, sans aller plus loin que le cheval. L’édification du monument à Henri IV placé au milieu du Pont Neuf quatre ans après sa mort ne fut possible que par un concours d’artistes et d’artisans : le cheval était de Jean Boulogne, le cavalier de Pierre Tacca ; les esclaves, commencés par P. Franqueville, furent achevés par son gendre F. Bourdonny. <o:p></o:p>
Des statues équestres, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV en auront aussi. L’aspect indestructible du bronze – quand on le nomme airain, il semble éternel –, que la pluie ne ruine pas, que le gel n’éclate pas, en faisait un matériau idéal d’expression de la monarchie. C’était oublier que si les éléments ont peu de prise sur le bronze, les hommes en disposent facilement. Florus raconte que lors du sac de Corinthe, ville prodigieusement riche en œuvres d’art, l’incendie allumé par Mummius fut si considérable qu’il se forma des ruisseaux de métal en fusion. Le monument à Henri IV fut fondu en 1792, plus exactement le roi : les quatre esclaves furent sauvegardés. Les personnages du monument à Louis XIV de la place des Victoires eurent la même année le même destin. Les esclaves, œuvres de Desjardins, sont d’une puissance qui n’est pas due uniquement à leur monumentalité. La Hollande exprime la Révolte ; l’Empire, l’Abattement ; l’Espagne, l’Espérance ; le Brandebourg, la Résignation. Beaucoup des monuments royaux élevés dans les grandes villes au XVIIe et au XVIIIe ne sont plus connus que par de petits bronzes, projets ou réductions, qui intéressent l’iconographie mais auxquels la dimension fait défaut.<o:p></o:p>
A côté de ces ambitieuses productions, les pièces destinées aux collectionneurs connaissent une grande faveur. Girardon et son élève Robert Le Lorrain s’adonnent aux groupes mythologiques, tout comme Corneille Van Clève dont la Léda est un chef-d’œuvre (illustration). Dans le même registre, Ph. Bertrand ou Fr. Lespingola mettent sur pied des compositions compliquées, peu lisibles, où les détails tuent les masses.<o:p></o:p>
Après les bustes du XVIIe, comme celui du Grand Condé par Coysevox (1688), le genre s’embourgeoise. Le XVIIIe a le culte des grands hommes, il bustifie en terre, en marbre, en bronze. Au Diderot par Pigalle (élève du Lorrain), on préfèrera, du même, Le Silence. Houdon fut prodigue en bustes ; l’exposition s’achève sur sa statue de L’Hiver, dite aussi La Frileuse : prenant à rebours la tradition qui voulait qu’un vieillard incarnât la saison froide, il la représenta par une jeune fille qui commence en pénitente et finit en baigneuse, tête couverte et jambes nues. La Frileuse rencontra des frileux et fut refusée au Salon de 1783. Ce nu annonce quelque peu la forme de Maillol et toute une postérité de bronzes français qui n’a pas démérité.<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Bronzes français, De la Renaissance au Siècle des Lumières<o:p></o:p>
jusqu’au 19 janvier 2009. Musée du Louvre<o:p></o:p>
Illustration : Corneille Van Clève, Léda et le cygne (détail) © Louvre / Pierre Philibert<o:p></o:p>
Tags : bronze, sculpture
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