• Chartes médiévales

    Aux Archives nationales<o:p></o:p>

    Les chartes, ou l'art des belles lettres<o:p></o:p>

    Présent du 26 mai 07

    Plus austère que Trésors carolingiens (Présent du 19 mai), l’exposition Trésor des chartes n’en est pas moins séduisante. Elle la complète : une autre période (de Saint Louis à Charles VII), un autre domaine (les actes officiels), un autre angle : le rapport de la lettre et de l’image. Que le public ait accès aux actes officiels médiévaux constitue une première, et il serait dommage de négliger une visite à l’Hôtel de Soubise.<o:p></o:p>

    Soyons d’abord techniques. Se distinguent le diplôme, forme solennelle qui s’ouvre par une invocation à la Sainte Trinité (« In nomine sancte et individueque trinitati amen ») ; la charte, qui se substitua au diplôme, scellée de cire verte et ayant valeur perpétuelle ; la lettre, scellée de cire jaune, à double ou simple queue suivant l’importance du mandement. La valeur perpétuelle s’exprime par des formules types : « ad perpetuam rei memoriam » ; « notum facimus universis presentibus et futuris », qu’on retrouve en français : « Savoir faisons à tous présents et à venir… » <o:p></o:p>

    La chancellerie, organe de rédaction et de copie, ne chômait pas : 28°000 actes par an sous Philippe VI de Valois ! Une surproduction due à la montée de l’administration, envahissante mais aussi garante des droits des uns et des autres. On imagine l’équipe de scribes à l’œuvre, et l’on comprend que de temps en temps, pour casser la routine d’une calligraphie aussi remarquable qu’éprouvante, les copistes se laissaient aller à dessiner dans les marges ou dans les lettrines – presque comme des écoliers. Cependant quand l'image prit une réelle importance, sa réalisation revint à des peintres professionnels qui collaborèrent alors avec les calligraphes.<o:p></o:p>

    Jusqu'au XIIe siècle, seul le sceau donne à la charte une touche décorative.  A partir de Saint Louis sont ornées l’initiale du nom du roi, les lettres de la première ligne. Puis vient l’époque où abondent les grotesques. La présence des monstres, êtres hybrides et animaux, si explicitement hors contexte, est la preuve de leur gratuité et incite à relativiser la valeur symbolique que certains veulent à tout prix y voir quand ils apparaissent dans un contexte plus religieux. Le lien entre l'iconographie des chartes et les arts proprement dits est judicieusement établi par la présentation d'enluminures, de vitraux, d'ivoires et de sculptures (des moulages du Musée des Monuments français dont on attend la réouverture prévue pour septembre prochain). La chancellerie s’opposa d’ailleurs à l’envahissement des actes par ces fantaisies qui risquaient de contrevenir à la dignité des documents officiels.<o:p></o:p>

    La dynastie des Valois allait quant à elle développer une imagerie symbolique réelle. Après le globe terrestre de Hugues Capet et de Robert le Preux, fleurissent la couronne et le lys (à la fois symbole de la souveraineté et symbole marial ; en semis ou par terne lorsque s’y ajoute la symbolique trinitaire). Le dauphin date de l’acquisition par Philippe VI des terres du dauphin du Viennois. Charles V introduisit le dragon, décliné sous forme de griffon, quand les deux n'étaient pas combinés pour illustrer l’initiale du nom du roi. <o:p></o:p>

    Cette mise en relief devait aboutir à la représentation du monarque dans l'initiale même (illustration). Il est seul, simplement de profil ou trônant dans un dais. Des scènes plus ambitieuses se développent, le voici en famille pour indiquer l'importance de la dynastie, ou au pied de la Vierge, au pied de la Croix : au-delà de la dévotion, une véritable profession de foi. L’identification à Clovis ou à Charlemagne par la scène du Sacre a évidemment une forte signification politique. En marge de ces images chargées de sens subsistent souvent les grotesques, toujours acceptés pour leur qualité décorative.<o:p></o:p>

    Les enfants seront sensibles à la beauté de ces parchemins, qui parfois se déroulent sur 1m20 de haut. De vieilles peaux qui pourraient en guider plus d’un vers la sigillographie (qu'on appelle parfois du terme plus doux de sphragistique) ou vers la diplomatique, science dont les bases furent jetées par Dom Mabillon. Les Archives nationales eussent pu, à cette occasion, rendre hommage à l’auteur du De re diplomatica libri VI (1681) dont on commémore cette année le tricentenaire de la mort.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La lettre et l’image, Trésors des chartes royales de Saint Louis à Charles VII, <o:p></o:p>

    jusqu’au 1er juillet, Musée de l’Histoire de France, Archives nationales<o:p></o:p>

    Sur Mabillon, lire l’article que Dom Th. Barbeau lui a consacré dans la Lettre aux amis de Solesmes n°128, octobre–décembre 2006, Abbaye Saint–Pierre, 72300 Solesmes ; et celui de Robert Le Blanc, Présent du 12 mai dernier.<o:p></o:p>

    illustration : Initiale d'une charte de Charles V, 1367 (c) Archives nationales<o:p></o:p>


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