• Collection Motais de Narbonne

     

    Au musée du Louvre

    <o:p></o:p>Une collection de qualité

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    Présent du 15 mai 2010<o:p></o:p>

    Ancien président de l’Omnium Nord-Africain, M. Guy Motais de Narbonne appartient aujourd’hui à la Société de l’histoire de l’art français, aux Amis de Carnavalet, aux Amis du Louvre. Son épouse et lui ont constitué une collection de peinture française et italienne. Quarante-quatre pièces sont à l’honneur au Louvre. L’ensemble est du meilleur goût.<o:p></o:p>

    Les Français<o:p></o:p>

    Le peintre nancéen Claude Déruet, maître de Claude Gellée, fera enfin son entrée au Louvre avec une épique bataille entre Grecs et Amazones, sur un pont étroit, mêlée digne du Seigneur des Anneaux. Parmi les noms du XVIIe, Stella, Poërson, Baugin, Chaperon… Jacques Blanchard, dont la Madeleine pénitente paraît enfumée. Mauvais éclairage ? Elle ne rend pas palpable le talent de celui qui fut surnommé, avec quelque emballement, « le Titien français ». Mort jeune (1600-1638), il avait voyagé à Rome et Venise. On préfèrera une belle réduction de l’Assomption de la Vierge de La Hyre.<o:p></o:p>

    Charles Le Brun ne saurait être absent. Mucius Scaevola devant Porsenna est une ébauche. Son rival Pierre Mignard n’est pas loin : Le Temps coupant les ailes à l’Amour, tableautin. Le deuxième Mignard, Nicolas, prit lui parti pour Le Brun. Son Saint Jean-Baptiste s’inscrit dans la lignée des Baptiste douceâtres à force d’être tranquilles. <o:p></o:p>

    François Lemoyne (1688-1737) fait preuve d’un talent sûr de soi mais limité dans le domaine religieux. Jacob et Rachel au puits : le sujet est biblique, la scène anecdotique. Lemoyne était plus à l’aise avec les personnages de la mythologie. Ils eurent raison de lui. Après quatre années passées à peindre l’Apothéose d’Hercule (Versailles), il devint, une fois le plafond achevé, sombrement mélancolique. Il se transperça de neuf coups d’épée et mourut.<o:p></o:p>

    Il avait transmis le gène mythologique aimable à son élève François Boucher (1703-1770). Sous la brosse de celui-ci, un épisode tiré des Antiquités juives de Flavius Josèphe est inattendu (Le prêtre Joshuah offrant les trésors du Temple à Titus). Cette incursion dans l’histoire antique est le signe d’un changement de goût aux alentours de 1760. Cochin, pour la galerie de Choisy, avait proposé des sujets tirés des vies des empereurs romains à quatre peintres : Boucher, Deshays (son gendre), Vanloo et Vien. Le projet n’aboutit pas. Vanloo et Vien exposèrent leurs tableaux en 1765 mais Boucher, rien. Il n’alla pas plus loin que cette esquisse, une grisaille jaune pleine d’aisance : son talent ne serait pas mis en difficulté par un rabbin et un empereur.<o:p></o:p>

    A côté du tableau de Vien (Marc-Aurèle faisant distribuer du pain, musée d’Amiens), un tableau de Boucher aurait paru suranné. Car Joseph-Marie Vien (1716-1809), dépourvu de la grâce Louis XV, annonce la peinture d’histoire qui, nécessairement, procède d’une autre inspiration et réclame un autre faire. Ce « sage imitateur de Poussin et de Le Sueur, bien éloigné de leur génie » (dixit Louis Gillet) sera le maître de David. L’inspiration de Vien est assez courte. Le Saint Jérôme en prière en manque. La tête sent le modèle, le bon vieillard à barbe blanche – Santa Klaus.<o:p></o:p>

    Les Italiens<o:p></o:p>

    Nous avons vu le Temps couper les ailes de l’Amour ; pour Francesco Boti, il démasque le Mensonge. Les deux opérations sont parfois simultanées.<o:p></o:p>

    Des deux David et Goliath que compte la collection Motais, celui de Francesco Cairo est le meilleur (illustration). Ce peintre né et mort à Milan (1607-1665), travailla dans sa ville natale, à Rome aussi, et à Turin. L’influence du Caravage est évidente. Ce clair-obscur qui n’est pas un truc mais un moyen d’expression, Cairo ne l’emprunte pas, il l’adopte pleinement.<o:p></o:p>

    Encore une tête coupée lorsque Mattia Pretti peint Thomyris faisant plonger la tête de Cyrus dans le sang, une histoire de féminine vengeance. Ce n’est pas un chapitre de Kill Bill mais des Histoires d’Hérodote. Une violence plus rentrée : Le Christ devant Caïphe de Luca Giordano est une forte peinture. La composition ne laisse aucun recul, nous oblige à participer. A l’inverse, la peinture élégante et lumineuse de Domenico Maria Viani donne un aspect théâtral au retour du Fils prodigue, de bonne famille.<o:p></o:p>

    Un Docteur de l’Eglise orientale autrefois attribué à Vélasquez – c’est dire la puissance de l’œuvre – revient aujourd’hui à Antonio Galli, dit Spadarino, peintre sur lequel on est peu renseigné. Les étoffes lourdes, aux blancs riches et aux noirs profonds mis en rapport par un rouge assourdi, sont dans sa manière. Comme Francesco Cairo, comme tant d’autres, il s’approprie le Caravage ; mais, comme peu ont su le faire, il le renouvelle. Son Docteur a de la présence et de la douceur.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La collection Motais de Narbonne, Tableaux français et italiens des XVIIe et XVIIIe siècles.<o:p></o:p>

    Jusqu’au 21 juin, Musée du Louvre. <o:p></o:p>

    illustration : Francesco Cairo, David vainqueur de Goliath, collection Motais de Narbonne

     

    © Musée du Louvre / Pierre Ballif<o:p></o:p>


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