• Corot (dessins)

    Au musée du Louvre<o:p></o:p>

    Corot

    le discret<o:p></o:p>

    Présent du 30 juin 2007<o:p></o:p>

    Fils d’un négociant et d’une modiste en vogue, Camille Corot (1796 –1875) se forma d’abord au métier de drapier. N’en déplaise à des biographes qui voulurent voir en lui un artiste révolté contre ses installés de parents, il se maintint dans cet état sans passion mais avec patience. L’envie de peindre lui étant venue au sortir de l’adolescence, il pratiqua mais dut attendre ses vingt-six ans pour que son père acceptât de lui servir une rente annuelle lui permettant d’en faire son métier. A partir de ce moment, Corot ne fit plus que peindre et dessiner. Tout ce qui était étranger à cette préoccupation, Corot l’écarta d’un revers de main. Révolution de 1830, Commune : le peintre se hâtait de quitter Paris avec son chevalet et sa boîte à peinture. On ne saurait être moins Courbet !<o:p></o:p>

    Cette vie sans anicroche et l’apparente simplicité de son art expliquent en partie l’indifférence polie qu’on a désormais pour Corot. Son renom n’est pas à la mesure de son talent. Pris entre Delacroix et Ingres, ou entre le néo-classicisme et l’impressionnisme, la discrétion de sa peinture, dont Champfleury disait justement qu’elle « ne joue pas de la grosse caisse pour l’oreille du bourgeois », lui confère aux yeux du public un rang de peintre mineur. Pourtant, quelle aisance et quelle science unies pour les plus poétiques effets ! Il est sans conteste l’un des grands du XIXe et prépare plus que nul autre la voie à Cézanne et Gauguin.<o:p></o:p>

    Corot se forma à l’école des néo-classiques Michallon puis Bertin. Etait prôné le paysage d’après nature, en étude préalable à des paysages recomposés en atelier illustrant scènes mythologiques ou historiques. La personnalité de Corot était telle que rapidement il peignit des études qui se suffisaient à elles-mêmes en dehors des références littéraires : un sujet aussi laborieux que Cicéron découvrant le tombeau d’Archimède, toile du théoricien du genre, Pierre Henri de Valenciennes, parle moins qu’un bouquet d’arbres auprès d’un rocher vu par Corot. L’étude de plein air, celui-ci la pratiqua tous les beaux jours de sa vie, gardant le travail en atelier pour l’hiver : il œuvra en Italie, en Suisse, dans le Morvan, en Normandie, dans le Nord, mais aussi du côté de Ville d’Avray où ses parents avaient une demeure.<o:p></o:p>

    En proposant à l’admiration des visiteurs non des peintures de Corot mais de ses dessins, le Louvre n’organise pas une exposition au rabais, car l’artiste répète souvent, dans les carnets où il notait ses pensées, la prépondérance que le dessin doit avoir. « Le dessin est la première chose à chercher – ensuite les valeurs – les rapports des formes et des valeurs – voilà les points d’appui – après, la couleur ; enfin, l’exécution. » Le rapport des formes et des valeurs : il y a dans cette phrase de quoi réfléchir pour tout peintre qui se respecte.<o:p></o:p>

    Les dessins de sa jeunesse sont marqués par la recherche de l’exactitude. Les dessins au graphite – des rochers, des arbres, des ruisseaux – sont presque secs de précision, l’emploi de la plume et de l’encre brune leur donne plus de souplesse. Corot mettait en pratique le précepte de son maître Michallon de rendre « avec le plus grand scrupule » ce qu’il avait sous les yeux. Mais il comprit rapidement qu’il y a autre chose à ne pas négliger : « Ne jamais perdre la première impression qui nous a émus. » Grâce à cette émotion, souvent liée à une lumière bien particulière, Corot saura exprimer une poésie inlassablement tirée du réel, qui s’épanouit dans la vieillesse féconde du peintre où il mêle le souvenir à l’invention. Ses dessins témoignent alors d’une liberté maîtrisée. En quelques traits qu’on oserait presque qualifier de lyriques, il distribue les masses d’un paysage. Le graphite aigu disparaît au profit du fusain velouté, par exemple dans les études pour les panneaux commandés par le Prince Demidoff. Le Sommeil de Diane (ou : La Nuit) est un fusain sur papier coloré, aux noirs profonds, et deux petits rehauts blancs : la lune, son reflet dans l’eau. L’effet est splendide.<o:p></o:p>

    Corot ne fut pas que paysagiste. La figure féminine retint son attention. Il croqua les ouvrières de l’atelier de sa mère – premiers émois, premiers dessins. Son voyage en Italie lui révéla la beauté italienne. « Ô Abel, écrit-il à un ami, ne passe jamais par Bologne. Cette ville renferme trop de séduisantes sirènes. » Au même : « Tu me demandes des nouvelles des Romaines. Ce sont toujours les plus belles femmes du monde que je connais. » On a ainsi des études d’Italiennes ou de jeunes Normandes en costumes locaux. Il remploya, en les adaptant, ces figures souvent pensantes, absorbées en elles-mêmes, interrompues dans une lecture, car il chercha toujours à enrichir ses paysages d’une présence humaine sans pour autant user des lourds prétextes non picturaux propres aux néo-classiques. L’œuvre de Corot, jusque dans ses dessins, nous rappelle que le grand art réside dans la simplicité.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Camille Corot, dessins du Louvre,<o:p></o:p>

    jusqu’au 27 août 2007, Musée du Louvre<o:p></o:p>

    illustration © RMN<o:p></o:p>


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