• Courbet

    Au Grand Palais<o:p></o:p>

    Courbet

    d’Ornans

    Présent du 3 novembre 07<o:p></o:p>

    Sous la Commune, nommé président de la Commission des artistes, Courbet mit les œuvres du Louvre ou de Sèvres à l’abri, fit protéger les monuments parisiens. Cependant le 16 mai 1871 la colonne Vendôme fut abattue, sans qu’on puisse démêler exactement la responsabilité de Courbet et celle de la Commune. <o:p></o:p>

    Jugé par un tribunal militaire pour ce fait précis, Courbet fut condamné à une peine très légère. Adolphe Thiers était président, or Courbet avait sauvé l’intégralité de sa collection d’objets d’art lorsque la Commune avait décidé la destruction de son hôtel. Sous le président suivant, Mac-Mahon, il fut décidé de rejuger Courbet, au civil cette fois. Ayant auparavant proposé de remonter la colonne à ses frais, une rodomontade parmi d’autres, il y fut condamné. La reconstruction fut estimée à un montant équivalent, au prix du marché, à quelques deux cents de ses tableaux. Ses biens furent saisis, l’artiste s’exila en Suisse.<o:p></o:p>

    La IIIe République fut donc cruelle à l’égard du républicain Courbet qui avait fait carrière sous un Second Empire favorable. La légende du Courbet révolté, révolutionnaire, n’a plus cours. L’excellente biographie de Michel Ragon (Fayard, 2004) montre comment Courbet se façonna une image d’homme en butte à l’hostilité du pouvoir alors que sa peinture était exposée, achetée. Les toiles qui furent refusées lors de différents Salons ne doivent pas faire oublier celles, plus nombreuses, qui étaient acceptées. <o:p></o:p>

    Exit la révolte. La culture n’ayant pas horreur du vide, l’exposition du Grand Palais essaye de nous refourguer du Courbet transgressif, terme jusque là réservé aux seuls, mais à tous, artistes contemporains. Parlez-en à votre cheval : la tradition, avec laquelle Courbet entretient d’une manière générale « un rapport transgressif », est « transgressée » quand il peint des nus, tout comme il prend « une voie transgressive » avec la représentation historique. Cette cacologie n’est pas grave, car ce n’est pas Courbet qui est ridiculisé, mais elle est significative.<o:p></o:p>

    Cent vingt peintures permettent de saisir les qualités et les défauts d’une peinture inégale. L’inégalité étonne tant, qu’il faut bien en chercher les causes. Courbet est bon, est lui-même, lorsqu’il est proche du sujet. Cette proximité s’entend aussi bien pour les paysages que pour les portraits, à commencer par les autoportraits, genre qu’il a beaucoup pratiqué dans sa jeunesse, et avec quelle aisance, qu’ils soient « au chien noir », « à la pipe », « à la ceinture de cuir » ou sous forme de L’homme blessé (illustration). Ils ont comme autre qualité d’être dénués du contentement de soi et de la fatuité que l’artiste a manifestés de façon outrée par ailleurs, et annoncent les excellents portraits d’amis qui suivront, que ce soit les amis politiques ou les amis d’Ornans. Il y eut des femmes dans la vie de Courbet, mais elles ne comptèrent pas autant que les amis, que ses sœurs, que sa vallée de la Loue.<o:p></o:p>

    Un enterrement à Ornans, malgré ses 7 mètres sur 4 environ, est encore une toile de proximité, frontale par la composition, régionale par les personnages : les gens d’Ornans posèrent, et ceux qui ne posèrent pas furent vexés. Le tollé que suscita cette toile au Salon de 1850, pour laquelle on parla de réalisme ou de socialisme, vint d’abord de l’audace consistant à présenter aux Parisiens une scène de la vie de province sans les travestissements imposés par la hiérarchie des genres. <o:p></o:p>

    Pour les paysages d’Ornans, la proximité affective ne suffit plus. Les horizons lointains, la luminosité ne lui réussissent guère. Toiles maladroites, presque d’amateur parfois ! La proximité spatiale est nécessaire, et la pénombre aussi : voyez les trois toiles du Ruisseau Puits-Noir, dont aucune reproduction ne rendra la subtilité. Le peintre n’est plus à l’extérieur du motif, il est dans le sous-bois, la lumière joue sur la roche, l’eau, le feuillage. Proximité et pénombre lui sont propices : Le combat de cerfs dans la forêt est supérieur à L’hallali du cerf dans la neige aveuglante, dure ; le nu de La source a un moelleux que les autres nus n’ont pas, trop crus de tons. L’artiste est à l’aise en maniant les couleurs terre mais joue faux quand il cherche à éclaircir sa palette pour la moderniser : Les demoiselles des bords de Seine ou les Trois Anglaises à la fenêtre sont désaccordées.<o:p></o:p>

    On peut chanter le peintre socialiste, analyser Un enterrement à Ornans et L’atelier comme des compositions d’inspiration maçonnique, pousser des cris lacaniens devant la stupide Origine du monde (dont le titre, tout de même, est apocryphe), mais on peut aussi considérer Gustave Courbet comme un peintre de l’attachement au sol natal, à ses habitants, à la famille, un peintre de la petite patrie.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Gustave Courbet, jusqu’au 28 janvier 2008,<o:p></o:p>

    Galeries nationales du Grand Palais<o:p></o:p>

    illustration : L’homme blessé, musée d Orsay © Rmn / H. Lewandowski<o:p></o:p>


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  • Commentaires

    1
    visiteur_Feur
    Lundi 21 Janvier 2008 à 19:20
    Vous ne mentionnez pas la famille de Gustave Courbet! Or, c'est ?que je cherche (c'est pour un expos?j'ai 11 ans et je suis en 4?).
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