• Dessins romantiques allemands

    Au musée de la Vie romantique<o:p></o:p>

    Romantiques allemands<o:p></o:p>

    Présent du 22 mars 08<o:p></o:p>

    Après Bandinelli et Saint-Aubin (Présent des 8 et 15 mars), encore des dessinateurs : ceux de l’époque de Goethe, au nombre de soixante moins un. Pléthore explicable. Le goût des idées, l’exigence intellectuelle du premier romantisme trouvèrent dans le dessin un moyen dépouillé de s’exprimer ; « Le contour est la délimitation de l’idée de l’artiste », disait C. A. Käster. La découverte, par les Romantiques, de l’art allemand ancien – une réaction aux Lumières françaises imposées par Frédéric II –, remit Dürer à l’honneur et fit considérer le dessin comme un art national.<o:p></o:p>

    Les articles et ouvrages d’histoire de l’art de Wilhelm Heinrich Wackenroder ont joué un rôle important dans cette découverte. Trouvant dans le gothique une entente quasi-parfaite entre l’art et la foi, et dans le baroque, spécificité du Sud de l’Allemagne, un concours de tous les arts au service de la liturgie, il en vint à hausser l’art au niveau de la religion. L’effusion de l’artiste est alors primordiale et non sa technique, à l’image du piétisme où l’âme s’épanche en Dieu sans le recours à une prière déterminée. L’artiste est un grand prêtre, l’œuvre l’objet d’une adoration, dans un musée devenu temple où se recueille une élite initiée. Conception haute, exigeante, mais dont l’origine est une confusion, et les conséquences, d’autres confusions. Wackenroder, dont la vocation fut contrariée par son Prussien de père qui n’imaginait de carrière que militaire ou administrative, cristallisa l’art au-delà du raisonnable. (Sur cet homme, et les romantiques en général, se reporter aux études de Marcel Brion qui n’ont d’autres défauts qu’une empathie parfois lyrique.)<o:p></o:p>

    Marqués par les écrits de Wackenroder, des artistes en rupture avec l’enseignement officiel des académies s’installèrent à Rome et fondèrent la colonie dite « des Nazaréens ». Ils y menèrent une vie communautaire et ascétique au service d’un art lui-même dédié au service de la foi. Le groupe rassembla des catholiques (F. Overbeck, F. Pforr, P. Cornerlius…) mais des protestants tentèrent également l’expérience (J. Schnorr von Carolsfeld). Leurs réalisations ne sont pas à la hauteur de leurs vues : partant de peintres et non du réel, et pas des peintres les plus indiqués en matière d’art religieux (Raphaël en particulier, apprécié pour le sentimentalisme de sa peinture), ils devaient succomber à un raphaëlisme douceâtre, à un dessin rondouillard, gène de mollesse qu’on retrouvera, à peine muté en grâce languide, chez les Pré-raphaëlites anglais, ou chez A. Scheffer et H. Flandrin. <o:p></o:p>

    Le magnifique portrait du peintre C. W. Wach par W. von Schadow (ill.) témoigne du grand art du dessin romantique par sa technique et sa sensibilité mais le portrait n’est pas le genre qu’ont préféré les artistes : c’est dans le paysage qu’ils ont excellé, ce paysage cher à leurs confrères poètes.<o:p></o:p>

    Paysages italiens (une vue de Rome, par Goethe ; les rochers et les maisons d’Olevano par Reinhold), paysages grecs aquarellés de Rottmann, avec des effets de lumières dans les nuées ; paysages allemands de forêts et de montagnes. Les artistes hésitent entre deux tendance : le paysage « idéal », « héroïque » (Koch : Les chutes du Schmadin ; Kobell), lourd, travaillé dans toutes ses parties avec la même application pour obtenir un fini parfait – et ennuyeux – ; le paysage vu et inspiré, non pas construit, où légèreté du faire et ambiance inquiète vont de pair : Koch encore, un sommet vue d’une vallée encaissée ; la montagne et l’eau, éléments puissants, font peser une sourde menace sur le petit homme qui contemple une chute sous un surplomb de rochers (Wolf) ou qui, sur les sommets, s’apprête à redescendre dans le brouillard (Oeser).<o:p></o:p>

    Le romantisme est parfois plus accusé, caricatural : Un moine assis dans la forêt devant une croix funéraire (Blechen), Château fort romantique sur un lac entouré de montagnes (Von Schwind, très « Dürer »), La jeune fille et la mort, Apparition dans la forêt, du même. Sans oublier le grand Carl Friedrich et ce lavis : Chouette au bord d’une tombe. Les paysages de Reinhart sont volontiers tempête, orage ; ils s’apaisent à Rome avec une vue objective, non dramatique, des ruines du Colisée, tandis que l’Antiquité éveille chez Füssli un sentiment d’impuissance : Le désespoir de l’artiste devant la grandeur des ruines antiques. <o:p></o:p>

    Si la musique a été le moyen d’expression chéri de l’Allemagne romantique, et ce qu’elle a laissé de plus durable, le nombre, la variété et la qualité des œuvres présentées prouvent que le dessin était adéquat, également, à transcrire une part des richesses de l’âme allemande.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    L’âge d’or du romantisme allemand,

    aquarelles et dessins à l’époque de Goethe, <o:p></o:p>

    jusqu’au 15 juin, Musée de la Vie romantique<o:p></o:p>

    Illustration : Portrait du peintre C. W. Wach par W. von Schadow © Museum fûr Kunst, Lübeck<o:p></o:p>


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