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Eminem inter omnes
Nous avons, en France, une mauvaise idée de ce que peut être le rap, car il ne nous est servi que sous la forme dune soupe hargneuse et subventionnée : les textes hautement racistes, rimés à la façon des détestables longueurs de Péguy (quel retour en arrière !), plaqués sur les rythmes les moins inventifs, ne peuvent quêtre estimés négativement. Rien de tel dans le rap américain, et la compilation que vient de sortir le chanteur Eminem, sept ans après ses premiers succès, le montre sur tous les plans.
Ses rythmes sont variés et subtils. Ils évitent lécueil dêtre mécaniques et bourrins, ce que le rythme est si aisément. Sil natteint pas la polyrythmie (peut-être ne la cherche-t-il pas), il paraît quil en aurait les moyens : cela donne une idée de son talent, car la polyrythmie nest naturelle que dans certaines musiques traditionnelles africaines. La créativité dEminem ne sarrête pas là, car sur ces rythmes chantent des mélodies comme on en trouve rarement : leur simplicité na rien de facile. La réussite est telle que rythme et mélodie semblent avoir éclos spontanément lun pour lautre. Cest dire si Eminem fait figure désormais parmi les maîtres du récitatif, une technique qui a toujours préoccupé les compositeurs, et dont les difficultés ont été plus ou moins bien résolues suivant les époques. Sagissant des textes, mon niveau en argot américain est trop bas pour que je vous en fasse un compte rendu valable. Ce ne sont certes pas de gentils poèmes à apprendre en classe : il a eu des mots si peu filiaux à légard de sa maman quelle la poursuivi pour diffamation (mais elle a été déboutée) ; on la accusé dêtre homophobe et sexiste, ce qui, à notre époque dInquisition laïque et obligatoire, le rend assez sympathique. [...]Lisez l'intégralité de cet article de Kwasi Modo dans lovendrin n°9.
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