• Empire (iconographie)

    Au musée des Arts décoratifs<o:p></o:p>

    Iconographie de l’Empire<o:p></o:p>

    Présent du 19 juillet 08<o:p></o:p>

    Le N cerclé de feuilles de laurier ou de chêne estampille encore de nombreux édifices. Marque la plus aisément reconnaissable de l’époque impériale, il n’est cependant pas le seul symbole à avoir été utilisé par le régime. Le style Empire se révèle riche en motifs politiques mais aussi, plus largement, significatifs de l’air du temps.<o:p></o:p>

    La politisation du décor commence sous la Révolution, comme le prouvent un manteau tricolore de belle coupe (vers 1790) ou une imposante armoire deux corps dont les panneaux sont ornés de marqueteries à emblèmes et devises révolutionnaires, et surmontée d’un œil maçon (1792).<o:p></o:p>

    Légitimation du pouvoir oblige, Napoléon reprend des symboles chargés d’histoire. Les abeilles supposées mérovingiennes prennent la place des fleurs de lys, l’aigle romain se substitue peu à peu au coq. Le tapis de la salle du trône des Tuileries porte le N en son centre, entouré de vingt-huit abeilles, de foudres ailés et de fleurs – des fritillaires impériales, bien sûr. Le trône sur lequel siégeait l’Empereur lors des séances du Corps législatif a des lions ailés pour soutenir les accoudoirs ; les deux aigles et le N ont été ôtés par Louis XVIII lorsqu’il se l’est approprié. <o:p></o:p>

    Ces symboles se retrouvent partout, dans différentes combinaisons. La colonne de la place du Châtelet porte un aigle entouré de lauriers (fontaine du Palmier, 1808). Le glaive d’apparat de Napoléon, dessiné par M.-B. Biennais (or, émail, acier, écaille), combine abeilles, lauriers, aigles, palmes, foudres, initiale, etc. Sa cuirasse d’apparat représente Mars que l’on vêt de sa panoplie. Mars, figure importante : dieu de la guerre mais aussi de l’agriculture rendue possible grâce à la paix chèrement acquise. Napoléon s’y retrouve, chef de guerre et restaurateur de l’ordre. <o:p></o:p>

    Mars est souvent accompagné de Minerve et de son égide. Reprise d’un sujet ancien : Minerve et la Gorgone figurent sur de nombreux portails d’hôtels particuliers du XVIe et du XVIIe dans le Marais, parfois avec Mars (hôtel d’Hozier, rue Vieille du Temple). En représentant le pouvoir, cette triade prend un autre sens que lorsqu’elle orne les demeures privées : la guerre (Mars), la raison (Minerve) et l’effroi (Gorgone) apparaissent comme trois moyens complémentaires de gouvernement. L’égide à tête de Gorgone, arme psychologique, fut même un temps envisagée comme symbole du pouvoir impérial. <o:p></o:p>

    Venu de l’antique, l’éphèbe nu et désarmé assure la transition du champ de bataille masculin à l’alcôve féminine. Apollon, dieu de l’amour et de la beauté, joue le même rôle. Il est souvent présent, accompagné de ses muses, sur les psychés. Nouveau meuble que cette psyché, qui signale un nouveau rapport au corps ; cette grande glace mobile, la suite du siècle l’assagira en bourgeoises armoires à glace. Le nom même, qui apparaît en 1812, fait référence à l’histoire racontée par Apulée (et relayée par La Fontaine), qui connaît une vogue considérable à l’époque. Psyché, en grec, signifie à la fois âme et papillon : l’héroïne éponyme est pour cette raison dotée d’ailes de papillon. Psyché fait son malheur par impatience, par curiosité – par légèreté, et le papillon évoque à merveille l’instabilité, la légèreté féminines. L’idée de cette inconstance trouve avec les Lumières puis sous Napoléon une résonance particulière : mobilité démontrée « scientifiquement », susceptible d’entraîner la femme à des mouvements de bonté « irréfléchis », elle finit par justifier dans le Code civil l’infantilisation de la femme, sa soumission juridique à l’autorité du père de famille (voyez les ouvrages du Pr. Xavier Martin, Mythologie du Code Napoléon et Régénérer l’espèce humaine, chez DMM).<o:p></o:p>

    Une commode par Jacob-Desmalter, datant des années 1800-1805, est décorée de Psyché et de l’Amour à ailes de papillon, et d’un autre oiseau : le cygne, oiseau d’Apollon, lieu commun du mobilier féminin. Il tire le char de Vénus (pendule attribuée à A.-A. Ravrio, 1805-1810), sert d’accoudoir au fauteuil du boudoir de Joséphine à Saint-Cloud, plie son cou pour s’adapter aux lits, aux aiguières, aux appliques… L’animal répond à merveille à la théorie du moment, formulée par Ch. Percier et P.-Fr. Fontaine, qui assigne la ligne droite au masculin et la ligne courbe à la femme. En ce domaine, la coupe en forme de sein réalisée par J.-B.-C. Odiot vers 1810 (bronze doré, vermeil) aurait été moulée sur Pauline Borghèse, suivant le principe déjà utilisé pour les jattes-tétons à l’usage de Marie-Antoinette. Mais la coupe ici est bien de son époque puisque c’est un papillon qui sert d’anse.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Napoléon, Symboles des pouvoirs sous l’Empire, jusqu’au 5 octobre 2008, <o:p></o:p>

    Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1er, M° Palais-Royal.<o:p></o:p>

    illustration : Lit-bateau (détail), vers 1804-1810, acajou et bronze doré.<o:p></o:p>


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