• Galerie des Moulages

    Patrimoine<o:p></o:p>

    Réouverture du Musée des Monuments français<o:p></o:p>

    Présent du 29 septembre 07<o:p></o:p>

    Rebaptisé Galerie des Moulages, le Musée des Monuments français fermé en 1997 est de nouveau accessible au public depuis le 15 septembre, week-end du patrimoine, et c’est bien de patrimoine qu’il s’agit.<o:p></o:p>

    La Cité de l’Architecture et du Patrimoine regroupe désormais au Trocadéro l’Institut français d’architecture, l’école de Chaillot (formation de restaurateurs, d’architectes) et ce musée du patrimoine architectural et statuaire du XIIe siècle à nos jours, dont la Galerie des Moulages, consacrée aux XIIe – XVIe, est la fleur des pois.<o:p></o:p>

    Le premier musée des monuments français remonte à la Révolution. Alexandre Lenoir (1761-1839), choqué par l’iconoclasme révolutionnaire et la disparition d’œuvres d’art qu’allait provoquer la vente des biens d’Eglise aux particuliers, obtint d’être mandaté par la Constituante en 1791 pour sauver tout ce qu’il pourrait de la destruction et de la dispersion. Il ouvrit, dans l’actuelle Ecole des Beaux Arts, le Musée des Monuments français en 1795 mais dut sous la Restauration restituer l’essentiel des œuvres aux propriétaires. Non sans déchirement, suppose-t-on, il s’en était si pieusement occupé. Le peu qui ne fut pas récupéré fut distribué entre le musée de Versailles et le Louvre.<o:p></o:p>

    Alors que l’art médiéval était depuis longtemps déconsidéré, les Révolutionnaires l’avaient pris au sérieux, comme auparavant les Réformés, déjà casseurs. Une seule tête demeure au portail de Charlieu, et souvenons-nous des trois tympans de Notre-Dame de Dijon totalement bûchés pas un apothicaire farouche en 1793. C’était reconnaître à cet art sa signification religieuse et sa beauté sacrée, insupportable pour des esprits bas. Le clergé du XVIIIe ne lui avait témoigné que du mépris : le tympan d’Autun, jugé barbare, fut noyé dans le plâtre en 1766, et ne revit la lumière qu’en 1837 ; en l’occurrence cela le préserva, mais la tête du Christ manquait quand on déplâtra. Nous parlions il y a deux semaines d’une divinité khmère privée de sa tête pendant soixante-dix ans ; le Christ d’Autun ne retrouva la sienne qu’en 1948. <o:p></o:p>

    Le geste d’Alexandre Lenoir marque le début de l’intérêt pour le moyen âge. Il fallut cette déplorable occasion des destructions révolutionnaires pour qu’un homme prît conscience de l’existence de ce patrimoine artistique et religieux. Au fil du XIXe siècle, l’intérêt allait devenir une science grâce à Prosper Mérimée, Alexandre du Sommerard, etc., et principalement Viollet-Le Duc (1814-1879).<o:p></o:p>

    C’est à lui, Viollet-Le Duc, qu’on doit le second musée des monuments français. Développant l’idée d’Alexandre Lenoir, il conçut le projet d’un musée de sculpture comparée. Ce qui restait du premier musée fut rassemblé au Palais du Trocadéro, et – là résidait l’idée géniale de Viollet-Leduc – des campagnes de moulages furent réalisées sur les bâtiments civils et religieux de manière à rassembler des reproductions grandeur nature de sculptures et, magnifique ambition, de portails d’églises entiers.<o:p></o:p>

    Un mot simple comme « moulage » ne doit pas induire en erreur : la technique du moulage est un métier à part entière. Les lectrices qui ont peiné à démouler un kouglof comprendront la prouesse que représente le moulage d’un portail sculpté.<o:p></o:p>

    Dans la nouvelle disposition, aérée, de la Galerie, le roman est classé par régions, le gothique par périodes. Quelques éléments d’architecture civile et militaire, un peu de Renaissance, mais la part la plus importante est médiévale. D’un tympan sculpté, on apprécie l’ensemble puis les détails : celui de Conques où figure pour la première fois le Jugement dernier, celui de Vézelay avec ses êtres étranges (à un pied, à grandes oreilles, à tête de chien) qui sont les peuples lointains appelés au Salut. Dans la grande composition du tympan de Neuilly-en-Donjon (Allier), on remarque la Madeleine essuyant les pieds de Notre Seigneur. <o:p></o:p>

    Le portail gothique de Rouen raconte l’histoire du Baptiste. Salomé dansant est représentée dans la pose donnée habituellement aux acrobates. Elle est bien plus gracieuse sur les chapiteaux toulousains : elle esquisse un pas de danse tandis qu’Hérode lui tient le menton. <o:p></o:p>

    Saint-Gilles, la Porte Miégeville, Saintes, Moissac… Cet art qui allie souvent, sans effort, l’appétit théologique au plaisir de raconter une histoire a beaucoup à nous apprendre. Je ne crois pas m’être trompé en lisant dans les yeux des visiteurs un émerveillement, voire une certaine sidération : la Galerie de moulages manifeste le christianisme de la France et la grandeur de son art, au rebours des déni & dénigrement ordinaires. M. Chirac pourrait venir y méditer sur la nature de nos racines. Au-delà de l’aspect culturel, l’art médiéval, même détaché de son sanctuaire, reste d’une telle force que sa dimension sacrée n’en est pas diminuée : son efficacité est intacte.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Cité de l’architecture et du patrimoine, 1 place du Trocadéro, Paris XVIe<o:p> </o:p>

    illustration : Au fond, moulage du portail de Vézelay ; sur la droite, moulages du portail de l’église Saint-Lazare, Avalon © Cité de l’architecture & du patrimoine/Nicolas Borel

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