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Intégration
Intégration : tout fonctionne
Le Haut Conseil à l’intégration (HCI) a rendu public un rapport qui conclut à la bonne marche de l’intégration à la française. Le HCI contredit ainsi le président de la République, qui avait déclaré en novembre de l’année dernière : « Le système d’intégration français est en panne, tout le monde le voit bien. »
Le rapport a été remis à François Fillon par Patrick Gaubert, président du HCI. Avant d’être à ce poste, Patrick Gaubert a été membre du cabinet de Charles Pasqua (chargé de la coordination de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie), président de la Licra. Et auparavant, docteur en chirurgie dentaire. Le Premier ministre pouvait donc le croire sur parole lorsqu’il lui a assuré que l’intégration à la française, « ça marche ».
Portant sur les politiques d’intégration menées depuis 20 ans, le rapport a étudié les indicateurs tangibles que sont l’obtention de diplômes à la deuxième génération, la mobilité sociale, les mariages mixtes – le Français de souche qui se convertit pour épouser la beurette de son cœur est en effet en bonne voie de s’intégrer. La sécurité ne figure pas parmi les indicateurs tangibles. Patrick Weil, professeur d’université, est « d’accord avec ce constat », il juge que « l’intégration fonctionne mieux ici qu’ailleurs ». Quel est cet ailleurs, dans l’idée d’un spécialiste de l’immigration ? Lampedusa, peut-être.
Tout ne va pas si bien, proteste France Terre d’Asile, organisation non gouvernementale dont la raison sociale dispense d’en dire plus sur ses activités. Elle trouve le rapport du HCI plein de « banalités » et d’« idées reçues » et dénonce une politique d’intégration défavorable et contraignante.
Patrick Gaubert admet qu’« il y a des ratés », liés à une immigration mal maîtrisée (ah bon ?) et à une surconcentration des immigrés dans certaines régions, Paca, Rhônes-Alpes et Ile-de-France. Là où résident les immigrés, là s’installent les immigrés suivants, ces ghettos communautaires nuisent à l’intégration. Pour contrer cette fatalité, le HCI recommande l’application du principe de mixité sociale, une scie aux dents émoussées. Il propose aussi de lier l’obtention d’une carte de séjour au lieu de résidence. En s’installant dans une région autre qu’une des trois susdites, l’immigré obtiendrait plus rapidement un visa. Ainsi seraient diluées les concentrations de populations immigrées, si visibles, elles se distribueraient harmonieusement sur le territoire français. L’homogénéité hexagonale donnerait à la France une apparence lisse et honnête du meilleur effet. Et les trafiquants d’attestations de résidence s’en donneraient à cœur joie.
L’intégration fonctionne, cela est corroboré par un recul des actes racistes et antisémites en 2010. Le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), présenté mardi, l’affirme après décompte. Il s’inquiète cependant de ce qui ne se décompte pas. « La tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent (…) alors que perdure l’image de l’étranger parasite ». Les Français font même un lien entre immigration et insécurité. Dans de prochains rapports, le HCI, la CNCDH pourraient s’interroger sur la raison de ce lien ?
MARTIN SCHWA
Présent du n° 7330
du Samedi 16 avril 2011
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