• Japon

    Aux musées Cernuschi & Guimet<o:p></o:p>

    Peinture japonaise<o:p></o:p>

    Présent du 1er novembre 08<o:p></o:p>

    Les festivités de l’anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises (150 ans) nous ont valu une exposition monographique sur Hokusai l’été dernier. Elles continuent avec d’une part au musée Cernuschi un élargissement du sujet, la peinture ukiyo-e et son histoire, et d’autre part au musée Guimet un autre genre de peinture, les décorations murales d’un temple shintoïste.<o:p></o:p>

    Quartiers de plaisirs<o:p></o:p>

    Aux XVII et XVIIIe siècles, le Japon en paix connaît une prospérité qui se manifeste par le développement urbain. Edo, la future Tokyo, dépasse le million d’habitants. Les images du monde flottant (ukiyo-e) sont une production citadine qui raconte la vie urbaine, ses distractions et ses métiers, et qui reflète l’ambiance « du monde flottant », celui des plaisirs de la vie, qu’on pourrait mépriser puisqu’ils sont passagers mais dont au contraire on se hâte de jouir. <o:p></o:p>

    Cette petite philosophie ne s’accordait pas avec les exigences de la morale du shogunat. Aussi les quartiers de plaisirs étaient-ils sévèrement délimités. Celui de Yoshiwara (Edo) était un quadrilatère délimité par une digue et une muraille ; on y accédait par une porte unique. Les samouraïs et les hauts fonctionnaires n’étaient pas supposés y entrer, l’honneur était sauf à condition que les samouraïs se masquent le visage et se couvrent d’un chapeau de paille, tout en gardant les deux sabres au côté : à cet accoutrement on les reconnaît aisément dans les estampes de Moronubu (1618-1694), qu’on considère comme le fondateur du genre. Après lui, les grands noms – par qui l’Occident a découvert la peinture japonaise – sont Utamaro (1753-1806), Hokusai (1760-1849) et Hiroshige (1797-1858).<o:p></o:p>

    Les courtisanes étaient des sujets de choix pour les peintres de l’ukiyo-e. Elles étaient strictement hiérarchisées et tarifées, seule la vie des filles de luxe apparaît dans les estampes. Pas de Fantine ni de Clotilde Maréchal : l’existence sordide des prostituées de rang inférieur demeure cachée. On ne nous montre que de belles femmes richement vêtues, elles jouent aux cartes, au jacquet ; boivent le thé sous les arbres fleuris, lisent des poèmes ou admirent des peintures. Le plaisir est aussi culturel. <o:p></o:p>

    Silence du temple<o:p></o:p>

    A côté de ces plaisirs éphémères dépeints avec talent et raffinement, une autre peinture, avec autant de talent et de raffinement, ornait les parois d’un sanctuaire shintoïste, créant une atmosphère de dépouillement, de beauté et de méditation.<o:p></o:p>

    Le shintoïsme est la religion japonaise originelle, d’avant le bouddhisme venu de Chine, qui fusionna avec lui avant que le décret de 1868, réaction nationaliste, ne sépare nettement les deux pratiques. Culte animiste de la nature, le shintoïsme a de nombreux temples. Konpira-san est l’un d’eux, voué aux forces de la montagne et de la mer. Situé sur l’île de Shikoku, il constitue un lieu de pèlerinage très fréquenté. <o:p></o:p>

    Le pavillon de réception a une valeur particulière puisque parois coulissantes et panneaux ont été décorés par de grands artistes du XVIIIe. Le prêt de ces précieuses et fragiles œuvres est un événement. En reconstituant plusieurs pièces, en installant les peintures conformément à leur disposition in situ, le musée Guimet donne tout leur sens aux peintures puisqu’elles ne perdent rien de l’intention architecturale qui a guidé leur composition.<o:p></o:p>

    Maruyama Ôkyo (1733-1795) fut sollicité pour plusieurs décors. On suit au fil des murs l’envol d’une grue qui finit par se poser (illustration) ; des tigres à l’iris féroce buvant, jouant, menaçant. Dans la salle des paysages, la chute d’eau, d’un goût chinois, joue sur les contrastes entre les courbes aquatiques et les branches angulées, entre les noirs rochers et l’eau claire. D’une manière uniforme, les teintes sont l’or, le blanc et le gris, teintes lumineuses et paisibles qui sont précisément celles des rondels occidentaux du XVe siècle.<o:p></o:p>

    La pièce aux fleurs a été peinte par Itô Jakuchô (1716-1800). Sur un fond or sont régulièrement disposées deux cent fleurs différentes, tâches de couleurs de loin, peintes avec art de près. On est dans un écrin. <o:p></o:p>

    Le temple est riche aussi de divers paravents et autres peintures remontant au XVIe. La série des Trente-six poètes immortels a été peinte sur bois par les trois frères Kano au milieu du XVIIe. Une grande part de convention apparaît dans ces portraits, les poètes se ressemblent, les poétesses aussi. Chacun est identifié par quelques vers à la calligraphie déliée. « S’il n’y avait pas de cerisiers dans ce monde, notre cœur au printemps serait bien calme. » <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Splendeurs des courtisanes, peintures ukiyo-e du musée Idemitsu, <o:p></o:p>

    jusqu’au 4 janvier 09, Musée Cernuschi.<o:p></o:p>

    Konpira-San, sanctuaire de la mer, <o:p></o:p>

    jusqu’au 8 décembre 08, Musée Guimet.<o:p></o:p>

    Illustration : Jeune pin et grues par Maruyama Ōkyo © Keiichi Kawamura/ KOTOHIRA-GU

    voir également: expo Hokusai


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