• La Caze (collection)

    Au musée du Louvre<o:p></o:p>

    Le Dr La Caze,

    donateur

    hors pair<o:p></o:p>

    Présent du 9 juin 2007

    La collection du Dr Barnes a émerveillé tous ceux qui l’ont vue au musée d’Orsay l’hiver 1993. Celle du Dr La Caze mérite tout autant notre admiration, et plus encore car, par sa donation au Louvre sans condition (sans histoire d’usufruit et autres complications juridiques), le docteur a contribué à faire du Louvre ce qu’il est aujourd’hui. A sa mort en septembre 1869 il légua en effet au musée 583 œuvres, dont de nombreux Watteau, Chardin, Boucher et Fragonard… Une salle La Caze vit le jour dès 1870, tandis qu’une partie des tableaux partait enrichir les musées de province, toujours selon les vœux du docteur. En 1969 le Louvre lui avait rendu hommage, hommage renouvelé aujourd’hui avec une exposition temporaire située dans la petite chapelle de l’aile Sully.<o:p></o:p>

    Peintre amateur à ses heures à l’école de Girodet, La Caze fut apprécié pour son discernement en matière d’art. Théophile Gautier en parlait avec respect. Peu jaloux de ses trésors, La Caze laissait les peintres accéder aux tableaux de maîtres encore peu connus ou négligés par l’histoire de l’art : peinture française du XVIIIe, espagnole du XVIIe, italo-baroque...<o:p></o:p>

    Les Goncourt, eux, n’ont pas vraiment compris sa collection, par vanité – le docteur, en s’intéressant principalement au XVIIIe, marchait sur leurs plates-bandes –, mais aussi par goût. La Caze revendiquait une attirance pour ce qu’il appelait la tartouille, la touche visible et empâtée, le non-léché, et appréciait de ce fait esquisses ou tableaux « de chic », ce qui n’était pas le cas des Goncourt. Ceux-ci rendent visite au docteur le 8 mai 1859. L’accrochage, d’emblée, leur déplaît : « Déplorable idée de se faire manger les écoles ! L’éclectisme ne vaut rien et surtout en collection. » Le docteur leur apparaît « violant ou ratant la pensée du peintre, s’éprenant parfois à faux, émettant de grands principes et énamouré du ragoût et de la tartouillade. » Ils le croisent au musée de La Haye le 13 septembre 18         61, et leur jugement est tout aussi sévère : le docteur est « un parleur de tableaux, un Diderot manqué » ; il a en réalité « un goût assez peu éclairé, comme tous les goûts exaltés, quoique le hasard et l’argent lui aient mis aux mains une belle collection. » <o:p></o:p>

    L’exaltation du Dr La Caze devait sembler une incongruité à ces organisations quelque peu froides qu’étaient les Goncourt. L’aperçu qu’on a de sa collection n’autorise pas à dire que le hasard ait présidé à sa constitution. On est accueilli par le Gilles de Watteau encadré de toiles de Boucher et de Fragonard. Viennent ensuite des natures mortes de Chardin, dont La fontaine de cuivre, minuscule toile. Deux grands paysages de J.-Fr. de Troy. Côté écoles flamandes et hollandaises, des têtes de vieillards par Jordaens (illustration), puis Rubens, Rembrandt… L’énumération à elle seule provoque le tournis.<o:p></o:p>

    La salle La Caze installée en 1870 n’existe plus. Les toiles ayant été réparties par la suite dans diverses salles, les rassembler toutes aurait abouti à désorganiser le musée entier. Seule la Joconde eût été épargnée, et encore eût-elle sûrement manifesté sa désapprobation par une moue néfaste au tourisme national. Après avoir contemplé la sélection de tableaux présentée dans la chapelle, le visiteur est donc invité à prolonger l’exposition temporaire en parcourant les salles permanentes, à savoir celles des peintures italiennes et espagnoles (XVIIe –XVIIIe), françaises (idem), et des écoles du Nord (XVIIe), où l’attendent autant et plus de chefs-d’œuvre. Citons, en vrac mais respectueusement, deux Philippe de Champaigne : Le prévôt des marchands et les échevins et J.-A. de Mesme, président au parlement de Paris ; d’autres Watteau, L’automne et Le jugement de Pâris ; d’innombrables Chardin, tout autant de Fragonard, dont la forte composition La charrette embourbée et l’ensemble de ses Figures de fantaisie, représentatives de la tartouille, réputées peintes, chacune, en une heure, esquisses lâchées qui, si elles comportent quelques endroits qu’on voudrait pousser un brin, ont des parties venues sans repentir en trois coups de pinceaux, proprement géniales. Voilà une promenade éclectique, en dilettante, agréable manière de parcourir le Louvre.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La collection La Caze, jusqu’au 9 juillet, <o:p></o:p>

    Musée du Louvre<o:p></o:p>

    illustration : Jacob Jordaens, Têtes de vieillard © RMN<o:p></o:p>


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