• Le faux ami, ou le reniement de Pierre Perret

    Pierre Perret a raconté les fréquents entretiens qu’il a eus avec Paul Léautaud en 1954-1955. Le livre, publié en 1972 chez Julliard, est assez difficile à trouver. C’est regrettable, car on y apprend beaucoup sur… Pierre Perret.

    Certains se sont estimés privilégiés d’avoir pu approcher Léautaud ne serait-ce qu’une fois. Pierre Perret, lui, se donne d’entrée une position de proche : son livre est le témoignage de rencontres nombreuses et amicales (p.10, p.143). L’index général du Journal mentionne en effet des Perret : Auguste, Gustave, Jacques ; mais pas de Pierre. Même si Léautaud, dans les dernières années, était moins assidu à la rédaction de son journal, il est curieux qu’une fréquentation aussi régulière et d’une telle valeur n’ait laissé aucune trace. Par ailleurs, ce n’est un secret pour personne que Léautaud n’aimait pas les visites. Or on le voit déclarer à Pierre Perret : «Et n’hésitez pas à venir plus souvent. Vous ne me dérangez pas.» (p.113) Au fil des pages, le lecteur est invité à admirer naïvement quel être d’exception est ce Pierre Perret, seul visiteur admis par Léautaud, seul être humain à ne pas l’avoir déçu.

    Les conditions sont déjà irréelles. En outre, un lecteur attentif de Léautaud flaire que ces «souvenirs» ont été fabriqués à partir du Journal, en s’aidant, pour le cadre, de différents témoignages d’autres visiteurs. Avec de la patience, en feuilletant beaucoup le Journal, on n’aurait je crois pas grand mal à retrouver précisément à quels endroits Pierre Perret «s’est souvenu». Le but du livre fut atteint : il conféra au chanteur un brevet de penseur hardi, un cachet d’écrivain.

    Retrouvez l'intégralité de l'article de G. Lindenberger dans lovendrin n°10.


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