• Mantegna (Andrea)

    Au musée du Louvre<o:p></o:p>

    Mantegna pinxit<o:p></o:p>

    Présent du 11 octobre 2008<o:p></o:p>

    Eparses dans toute l’Europe suite à la vente en 1620 de la collection des Gonzague, maîtresse famille de Mantoue, particulièrement présentes dans les musées français, les œuvres d’Andrea Mantegna sont réunies pour quelques mois au Louvre. La vie et l’œuvre du maître du Quattrocento – soixante ans de peinture – sont l’exemple d’un art hissé haut.<o:p></o:p>

    Né près de Padoue en 1431, Mantegna entre très tôt (à onze ans) dans l’atelier de Francesco Squarcione. Par rapport à la Venise marchande, Padoue était le centre intellectuel de l’Italie du Nord, et un centre artistique comme chacune des cités italiennes. L’appétit de Mantegna y trouva de quoi s’alimenter et son talent crût de façon telle qu’il quitta son maître au bout de six ans, en possession déjà de solides moyens et pressé d’acquérir son indépendance.<o:p></o:p>

    Alors que Mantegna était encore apprenti, le grand Donatello et ses aides séjournèrent à Mantoue (entre 1443 et 1454). L’influence du sculpteur fut grande. Sa façon de composer, buste à mi-corps encadré dans une baie ou en retrait derrière une margelle, fut reprise par tous. Mantegna l’utilisa pour un Saint Marc (1447). Au-delà, il trouva dans l’art de Donatello une rigueur formelle qui correspondait à sa personnalité.<o:p></o:p>

    En 1453, Mantegna épousa Nicolosia, la fille de Jacopo Bellini, la sœur de Giovanni. Il s’alliait ainsi au plus prestigieux atelier vénitien. Il n’y eut pas de collaboration avec son beau-frère, mais un fructueux échange d’idées entre 1455 et 1460, une influence réciproque au point que telle enluminure, telle peinture (La Vierge à l’Enfant entourée de saint Jérôme et saint Louis de Toulouse) ont pu être attribuées à l’un puis à l’autre. La sévérité de Mantegna se tempère de grâce, la Sainte Justine de Padoue (1455) y gagne en légèreté sans mièvrerie. Inversement, les scènes de la Vie de sainte Drusienne, par Bellini, remarquable prédelle oblongue, montrent l’influence de Mantegna. Puis leurs voies divergèrent, chacun s’appropriant les données réalistes de Rogier van der Weyden, venu en Italie aux alentours des années 1450. Que de délicats jeux d’influence, d’évolutions subtiles où personne n’abandonne sa personnalité mais s’enrichit !<o:p></o:p>

    En 1460 la réputation de Mantegna était solide. Les Gonzague l’appelèrent à Mantoue où il fut le peintre de trois générations de marquis, jusqu’à sa mort en 1506. A leur service, Mantegna trouvait des contraintes nombreuses et une carrière à sa mesure. Décorations du Château Saint-Georges (les fresques de la fameuse Chambre des Epoux), tableaux religieux, profanes tels que la série des Triomphes de César.<o:p></o:p>

    Il serait irrespectueux d’énumérer des œuvres qui toutes méritent attention. Notons juste que dans les deux versions de la Prière au jardin des Oliviers (celle de Londres, 1453, et celle de Tours postérieure de quelques années) les apôtres endormis ne sont pas seulement entendus mais écrasés de sommeil : les corps ont une pesanteur extraordinairement rendue. La lutte entre la vigilance et la lassitude, ou entre l’espérance et la tristesse (cause selon St Luc de ce sommeil), a été remportée par la chair : l’homme s’effondre. La grâce qui maintient tant de saintes figures debout et dignes – « le vieux fond de sévérité gothique » de l’école padouane (expression de S. Reinach) est omniprésent chez Mantegna, quelque modernité qu’il acquît –, cette grâce venant à manquer, la chair s’appesantit. Un des Vices du tableau Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu a la même lourdeur corporelle : son avilissement complet est l’aboutissement de ce qui est chez les apôtres une défaite temporaire de l’âme (trois petits lapins non loin sont tout ce qui leur reste de force à cet instant). Cela n’est qu’un aperçu d’une belle adéquation de la qualité picturale à la qualité spirituelle.<o:p></o:p>

    A partir des années 1490, la gloire de Mantegna ne faiblit pas mais la nouvelle génération aspirait à une autre peinture. La jeune marquise Isabelle, adolescente épouse du marquis Francesco Gonzague, voulait du souriant. Elle demanda deux œuvres pour la décoration de son studiolo, mais s’adressa pour la compléter au Pérugin. Ce n’est plus de douceur à la Bellini qu’il s’agit, mais du sentimentalisme à la Léonard, une manière vaporeuse de nier la forme quand le faire de Mantegna l’affirme. Dans ce contexte, une des plus belles Sainte Famille qu’il ait peintes (1490 – illustration) ou L’adoration des Mages (1495-1500) ont valeur de manifeste de retenue, d’austérité et de rigueur. Mantegna enfin ne s’occupa plus que de décorer sa chapelle funéraire. Il mourut le 13 septembre 1506, alors qu’Albrecht Dürer cheminait vers Mantoue pour le rencontrer.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Mantegna, 1431-1506, <o:p></o:p>

    jusqu’au 5 janvier 2009, Musée du Louvre.<o:p></o:p>

    Illustration : Sainte Famille entre ste Elisabeth et st Jean-Baptiste enfant © Staatliche Kunstsammlungen Dresden


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