• Médecine au XVIe siècle

    Au musée d’Ecouen<o:p></o:p>

    Médecins et Praticiens au XVIe siècle<o:p></o:p>

    Présent du 24 mai 08<o:p></o:p>

    Même s’il est difficile de concevoir que la médecine ait préexisté à la Sécurité Sociale, il faut l’admettre : il y eut un temps sinistre où la France n’avait pas « le meilleur système de santé du monde ». Le musée de la Renaissance ausculte le corps médical à l’aide de livres et d’ustensiles plus ou moins menaçants tels que trépans, tire-fond triploïde, spéculums, pélicans, daviers « bec de perroquet », dilatatoires à vessie.<o:p></o:p>

    Qui, au XVIe siècle, compose le monde médical ? D’abord, deux professions dûment répertoriées puisqu’un diplôme est nécessaire pour y accéder : les médecins et les apothicaires. Ceux-ci ne sont différenciés officiellement des épiciers qu’à partir de 1514. De quoi alimenter le débat entre les pharmaciens et les magasins Leclerc qui veulent vendre des médicaments.<o:p></o:p>

    Vient ensuite la profession de barbier–chirurgien, méprisée par les médecins et les apothicaires : le livresque entend que ne soit pas contestée sa précellence sur le manuel. Enfin, n’appartenant pas au monde médical stricto sensu mais pratiquant la médecine, les charlatans de tout poil. Leur prolifération indique que la clientèle existait. A. Paré mentionne quelques unes de leurs « superstitieuses sornettes », « comme faire des pilules du crâne d’un homme pendu, contre la morsure d’un chien enragé. »<o:p></o:p>

    Concrètement, le médecin délègue les actes médicaux à son étudiant ou au barbier et il discourt sur les humeurs, mire l’urine : c’est à ce geste qu’on le reconnaît dans de nombreuses gravures. Le médecin n’est que peu praticien, il est avant tout un érudit qui lit et commente les auteurs antiques (Galien, Celse), arabes (Averroès), perses (Avicenne). Il écrit à son tour des traités, en latin, digestion d’autres livres. Le journal de Jean Heroard (1551-1628), médecin du futur Louis XIII, est une exception qui nous renseigne abondamment sur les méthodes de l’époque.<o:p></o:p>

    En médecine comme en d’autres domaines, le savoir de la Renaissance est fondé plus sur l’érudition que sur la science. On constate selon A. Koyré une baisse de l’esprit critique : l’écrit antique est accepté aveuglément ; le mépris pour la synthèse aristotélicienne entraîne celui du réel. Le cas de Paracelse (1493-1541) est particulier. Docteur en médecine, il écrit en allemand des traités qui mêlent mystique, magie, alchimie ; il ne se contente pas de livre (il brûle plutôt son exemplaire d’Avicenne), il manie les métaux, les cornues, distille et filtre, pressent l’intérêt des remèdes d’origine métallique. Mais globalement le savoir du médecin stagne, nous le retrouverons tel quel au XVIIe (pouls, saignée, urine, humeurs). A l’opposé, le chirurgien confronté à la réalité développe sa technique.<o:p></o:p>

    La plus belle figure de barbier devenu chirurgien est celle d’Ambroise Paré (1510-1590), qui débuta par trois années à l’Hôtel-Dieu de Paris, apprentissage sans concession qui sera complété par une formation continue, celle des champs de bataille. Confrontés aux blessures par balles, innovation du temps, les chirurgiens se contentaient de cautériser la plaie en y laissant le projectile et expliquaient l’infection qui s’ensuivait par l’empoisonnement de la poudre. Paré, lui, met au point une pince d’extraction tire-balle, préconise le nettoyage de l’intérieur de la plaie puis son pansement. Il évite encore la cruelle cautérisation lors de l’amputation en ligaturant les artères. Il développe les prothèses et, dans la foulée, la correction orthopédique. Il s’intéresse à la génération et à l’obstétrique, à la tératologie qui est un « accident de génération » ; il remarque que certains asticots nettoient les plaies, technique remise à la mode aujourd’hui ; invente une pince qui permet simultanément de maintenir la vessie ouverte et d’en retirer les calculs. <o:p></o:p>

    Personnage pragmatique et sympathique, Ambroise Paré fut reçu à la faculté de médecine en 1554, non sans grincements de dents : pensez, un chirurgien qui écrivait des manuels de chirurgie pratique en français ! Les médecins reviendront régulièrement à la charge : à la mort de François II en 1560, on l’accuse d’avoir versé du poison dans l’oreille du roi.<o:p></o:p>

    Ambroise Paré reconnut ce qu’il devait en matière d’anatomie à André Vésale (1514-1564) à qui on doit le monumental De humani corporis fabrica (1543), illustré de planches à la fois descriptives et artistiques dues à un élève du Titien. Ici encore, c’est la recherche concrète qui permet un progrès : Vésale dissèquait à tour de bras. Alors qu’on suivait sans se poser de questions l’anatomie de Galien (médecin du IIe siècle), il s’aperçut que celle-ci correspondait non à l’homme mais à un animal : Galien avait disséqué et décrit des singes en les pensant semblables aux hommes.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Ars Medicina, Médecine et savoir au XVIe siècle, jusqu’au 7 juillet 08, <o:p></o:p>

    Musée national de la Renaissance, château d’Ecouen.<o:p></o:p>

    illustration : Leçon d'anatomie, ouvrage de R. Colombo, 1559


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