• Montparnasse

    Au musée du Montparnasse<o:p></o:p>

    Un quartier

    effervescent<o:p></o:p>

    Présent du 1er septembre 07<o:p></o:p>

    « Il était deux heures du matin, j’suis entré au Café du Dôme à Montparnasse. Y régnait comme une démence… » (Gabin, dans Le Tatoué) Ce sont ces heures chaudes que le musée du Montparnasse réveille, avec des œuvres, des photographies, des extraits des films réalisés par Jean-Marie Drot, qui associent documents d’époque et interviews (les quatorze émissions sont disponibles en six DVD, Doriane Films, 35€). Cent noms de peintres, de compositeurs, d’écrivains, seraient à citer, des noms aussi différents que Poulenc, Apollinaire, Soutine ou Cendrars…<o:p></o:p>

    Fréquenté par les artistes dès l’extrême fin XIXe, Montparnasse se substitua à Montmartre. La correspondance d’Erik Satie est révélatrice de ce glissement de terrain. Jusqu’à la guerre, le centre est Montmartre ; après, les rendez-vous se donnent à Montparnasse, les artistes y habitent toujours plus nombreux, ou à proximité (6e, 7e arrondissements). <o:p></o:p>

    L’esprit n’est pas le même. <st1:personname productid="La Butte">La Butte</st1:personname> avait un côté famille et une certaine unité, alors que ce quartier Montparnasse sans frontières naturelles, traversé par des boulevards, ouvert aux quatre vents, évoque plus le carrefour que le village. Le cosmopolitisme des années Montparnasse est d’ailleurs frappant. S’y croisaient, selon Léon-Paul Fargue, « des Lithuaniens, faiseurs de vers hirsutes, des Chiliens en chandail qui peignaient avec des fourchettes à escargots, des nègres agrégés, des philosophes abyssins, des réfugiés russes experts dans l’art d’inventer des soporifiques, des loteries ou des maisons de couture. Cette atmosphère de maisons de fous n’était pas toute déplaisante. » (Le Piéton de Paris, 1939) <o:p></o:p>

    Des critiques d’art tourmentés veulent voir dans ce cosmopolitisme une réelle lutte contre le nationalisme de l’époque, lutte magnifiée par la présence importante de peintres juifs. Henry Miller, arrivé d’Amérique en 1928 assoiffé de culture et d’humanisme, confirme leur présence en des termes – comment dire – démodés (au chapitre I de Tropique du Cancer, par exemple). Mais faire de l’Ecole de Paris (vocable sans raison d’être sinon géographique, qui rassemble une peinture disparate) un symbole de la lutte contre le fascisme, le racisme, etc., c’est un anachronisme et ça sent Caton l’Ancien et la ritournelle du Carthago.<o:p></o:p>

    Plus sérieusement, Fargue distingue deux Montparnasse : celui « où s’étale tout le déchet – et parfois l’élite – de l’Europe ‘intellectuelle et artistique’ », et celui que hantaient ceux « pour qui la vie en marge des institutions et coutumes bourgeoises n’était pas une affectation mais une nécessité en quelque sorte congénitale. Le véritable état-major de Montparnasse se composait de Moréas, de Whistler, de Jarry, de Cremnitz, de Derain, de Picasso, de Salmon, de Max Jacob… » <o:p></o:p>

    Est sorti de Montparnasse le meilleur et le pire, le médiocre et le génial, l’authentique et le chiqué. Ce que nous propose le musée du Montparnasse est un choix honnête. On glane un grand portrait à l’huile par Picabia, Medina (1931), tout en jus ; de Foujita, La dompteuse et le lion ; les toiles d’un peintre méconnu, Maurice Loutreuil : un autoportrait et des nus féminins.<o:p></o:p>

    Les femmes ont pris une part active, comme artistes et comme muses : Marie Laurencin, amante un temps d’Apollinaire, Fernande Olivier, maîtresse de Picasso sur lequel elle a laissé des souvenirs mi-figue mi-raisin, ici dessinée par Van Dongen. La célèbre Kiki, élue reine de Montparnasse en mai 1929, posa pour les peintres et souvent pour Man Ray. La postérité n’a pas retenu la peinture de Jeanne Hébuterne (on voit d’elle un intéressant autoportrait aux tons mats) : elle restera comme le modèle et la compagne de Modigliani, dont elle eut une fille. <o:p></o:p>

    Modigliani (1884-1920) est le plus talentueux des Montparnos. Les œuvres proposées par le musée, dessins, peintures (illustration) et sculpture (Cariatide, bronze, 1911) ne donnent qu’un faible aperçu de son talent. Modigliani mourut à 36 ans, alcoolique, d’une méningite tuberculeuse, et Jeanne Hébuterne se suicida deux jours après. Histoire qui appartient aux heures froides de Montparnasse. Dom Clément Jacob écrit dans L’Art et la Grâce : « Demandez au poète en quel miroir il se reconnaît : les désordres de sa vie ou la partie préservée de son œuvre ?... » Avant de devenir bénédictin à En Calcat, ce compositeur juif avait bien connu les milieux de Montparnasse, et nous devons faire nôtres son indulgence et sa compréhension.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Les heures chaudes de Montparnasse,<o:p></o:p>

    jusqu’au 6 janvier 2008, Musée du Montparnasse<o:p></o:p>

    Illustration : Modigliani, Portrait de femme, Coll. part. DR<o:p></o:p>


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  • Commentaires

    1
    visiteur_marie
    Mardi 24 Juin 2008 à 15:19
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