• Musée de la Chasse et de la Nature

    Réouverture du Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>

    Présent du 3 mars 2007

    La collection de François et Jacqueline Sommer, installée depuis 1967 dans l’hôtel de Guénégaud (milieu du XVIIe), s’était exilée au château de Chambord durant les travaux provoqués par l’achat de l’hôtel connexe, dit de Mogelas. Outre qu’il fallait rénover cet hôtel, qui comme tous ceux du Marais avait au fil des siècles souffert d’aménagements et de modifications dommageables à son intégrité architecturale, son adjonction aux bâtiments de Guénégaud entraînait une refonte de la muséographie (comme on dit). La collection a retrouvé Paris ; le musée a rouvert après deux ans de travaux.<o:p></o:p>

    La volonté des fondateurs a été respectée : ce n’est pas l’aspect musée qui domine mais l’ambiance « intérieur privé ». On nous veut en visite, sympathique disposition mais s’asseoir sur les sièges reste interdit, et globalement la disposition est très chargée. Autre effet, les cartels sont réduits au minimum voire inexistants. Cependant l’impression négative disparaît vite au profit de l’intérêt de tant d’objets et d’œuvres.<o:p></o:p>

    La collection est distribuée d’une manière presque totémique : salle du Sanglier, salle du Loup et du Cerf, salle du Cheval, etc. ; en général, tapisseries, armes, œuvres, entourent l’animal empaillé. Les fusils de chasse de Napoléon III côtoient des armes plus exotiques comme un tromblon indien ou une arquebuse japonaise à quatre coups (toutes deux du XVIIIe), qui semblent, par leur désignation comme par leur allure, sorties d’une nouvelle de Jacques Perret.<o:p></o:p>

    Le musée possède deux petits Rubens dont le sujet mythologique, Diane, est prétexte à un déploiement de chiens de chasse. Mais seuls les figures sont de Rubens, les chiens et le paysage sont de Brueghel de Velours. Les études de Pieter Boel (1622-1674) pour les tapisseries des Gobelins restent d’une grande fraîcheur. Leur réalisation sur le vif à la ménagerie de Versailles y est sûrement pour quelque chose. Il ouvrit la voie à Oudry et Desportes. Le naturalisme de ce dernier (François Desportes vécut de 1661 à 1743), tempéré par un sens artistique et poétique très sûr, fait de ses études et tableaux des morceaux agréables et variés. Son influence se ressent sur un jeune Chardin (1699-1779), mais celui-ci alla plus loin dans l’attention contemplative portée à la fois au réel et à la touche : la Nature morte au canard et à la bigarade (illustration) s’impose sans mal face à d’ambitieuses scènes de chasse dont la banalité et la prétention lassent rapidement.<o:p></o:p>

    Les sculptures, en petit nombre, constituent un échantillon du meilleur de l’animalier : bronzes de Barye pour le XIXe, plâtres de Marcel Lemar pour le XXe, les deux lapins de Pompon… La dévotion aux saints a, de son côté, été l’occasion de représenter des animaux, la piété populaire ayant attribué un animal « de compagnie » à beaucoup de saints. La Vision de Saint Hubert (pierre avec traces de polychromie, du XVIe champenois), est un groupe plein de fraîcheur où figurent le cheval, le cerf et les chiens.<o:p></o:p>

    La nouvelle présentation mettant en avant la relation homme/animal, l’inévitable erreur de parcours se situe au deuxième étage, où une œuvre contemporaine « Atlas d’une cosmogonie » se dresse sous forme de triptyque derrière une table dressée à l’attention des singes par l’artiste, P. Van Caeckenbergh : délicate pensée pour nos cousins à qui, est-il précisé, les chercheurs reconnaissent « un embryon de culture ». Je n’ai aucune gêne à accorder un « embryon de culture » à des animaux aussi sympathiques que les singes ; et, au fond, la culture de nos contemporains étant de plus en plus embryonnaire, le rapprochement n’est peut-être pas si incongru.<o:p></o:p>

    Le musée se prête à des visites en famille : les enfants trouveront matière à satisfaire leur curiosité pour le monde animal et peut-être, par ce biais, certains acquerront-ils aussi le goût de l’art. Une chance pour eux de ne pas, dans vingt ans, se retrouver à table avec des singes…<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>

    62 rue des Archives, Paris IVe<o:p></o:p>

    illustration : Chardin © Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>


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