• Or des Incas

     

    A la Pinacothèque<o:p></o:p>

    L’or des Incas<o:p></o:p>

    Présent du 2 octobre 2010<o:p></o:p>

    La Pinacothèque déplore que l’empire inca ne soit pas reconnu l’égal de l’empire d’Alexandre ou de Napoléon, et veut réparer « l’injustice ». Plus globalement, au chapitre de la grande culpabilité de l’homme blanc, l’intrusion de l’Occident dans l’Amérique inca est décrite comme une violence. Pourtant c’était le métissage culturel, l’ouverture aux autres, l’accueil de l’immigré que découvrirent alors les populations sud-américaines. Somme toute – et en appliquant ce signe « égal » de rigueur –, les Espagnols étaient des Roms. Ils allaient et venaient, s’arrêtaient là où un profit s’annonçait, leurs mœurs dussent-elles déplaire aux autochtones.<o:p></o:p>

    Quand les Européens arrivent en 1532, l’empire inca n’a qu’un siècle. Les Incas ont soumis et digéré les cultures environnantes. Une élite administre, sous une langue unique (le quechua), un empire de type socialiste, caractérisé par une hiérarchie sourcilleuse et un système de redistribution inégalitaire. Des dieux violents, sanguinaires, donnent le ton. Cela est commun aux cultures précolombiennes, incas mais aussi mayas. Mel Gibson l’a raconté dans un film (Apocalypto). Elles-mêmes nous le disent, en or et en couleurs. Ce n’est donc pas la violence des Espagnols qui put surprendre les Incas, mais la Révélation d’un dieu bon.<o:p></o:p>

    Le style inca hérite d’un savoir faire qui remonte aux premiers siècles avant notre ère, d’un style amérindien globalement homogène, à tendance, selon les cas, figurative ou t stylisée.<o:p></o:p>

    Le goût pour la géométrie est affirmé : losanges, lignes rompues. Rompus aussi, les tons qui décorent la céramique, ils se répondent chaleureusement. Le contraste des complémentaires est utilisé, sur tel poncho brodé, sur tel autre couvert de plumes bleues et orange, qu’éclairent des plumes jaunes.<o:p></o:p>

    Le volume des bouteilles en céramique est d’abord celui d’une gourde. L’anse qui s’y ajoute peut être plate, cintrée, en pont, en étrier… L’artisan ensuite modèle la gourde de manière à en faire un homme, un animal (oiseau, singe, tatou, félin). Sans cependant s’écarter de la forme initiale, ce qui l’oblige à une réflexion formelle. Cette céramique relève d’un art populaire savoureux et d’un sens décoratif développé.<o:p></o:p>

    L’art de l’or enflamme plus facilement l’imagination. Les traces les plus anciennes de métallurgie datent, pour le Pérou, de 1500 av. J.-C. Outre les techniques de fonderie, les artisans ont pratiqué, pour la mise en œuvre, le laminé, le repoussé, la découpe, la gravure, la ciselure, l’emboutissage, l’assemblage…<o:p></o:p>

    L’or est la sueur du Soleil, principe masculin, il y a aussi l’argent, larmes de la Lune, principe féminin ; le cuivre, les alliages. L’empereur inca était « fils du Soleil ». Il était donc un souverain absolu et l’or était le signe distinctif de sa personne et de sa famille. Il était aussi grand prêtre et l’or n’a pas été, autant qu’on en peut juger, une monnaie mais un métal liturgique avant tout. Et quelles cérémonies ce devait être, éclatantes et sacrificielles ! Aucun concile n’en avait éteint la splendeur.<o:p></o:p>

    Imaginons les fidèles de haute classe couverts d’or, de colliers, de bracelets, de diadèmes, de pectoraux – certains véritables chemises d’or –, de boucles d’oreilles gigantesques qui déformaient les oreilles – on reconnaissait à cette déformation les vieilles familles –, ainsi que d’étranges ornements nasaux qui, par leur ampleur, étaient presque des masques. Les plaques frontales sont ornées de figure animale ou humaine à babines retroussées et crocs sortis : ces dieux ont faim.<o:p></o:p>

    La réalité des sacrifices est attestée par le décor de certaines bouteilles, par les recherches archéologiques. Le tumi, couteau sacrificiel en or, a la forme d’un hachoir à herbes. Il est entièrement orné.<o:p></o:p>

    La musique agrémentait le rituel. On y retrouve l’or (chapeau-chinois), le cuivre (sonnailles en forme de têtes de hibou), le bois (trompe ornée d’une tête sculptée) ; des conques étaient aussi utilisées. Des grelots équipent nombre de coupes et de gobelets (bois, or, décorés d’oiseaux souvent, de grenouilles). La libation de chica (boisson fermentée à base de maïs) était un temps fort de partage, elle justifie cette vaisselle.<o:p></o:p>

    La momification permettait d’éviter au défunt d’errer parmi les vivants, de l’honorer : les momies étaient régulièrement exhumées, promenées. L’une d’elle se retrouve derrière une vitrine, entourée d’objets usuellement déposés dans une tombe : récipients, bijoux, mains votives. Comment ne pas avoir envie de relire Les Sept Boules de cristal, Le Temple du Soleil ? Et L’Oreille cassée, car un fétiche exposé ressemble fort à celui en cause dans cette aventure. J’ai bien vu que c’est un faux, car son oreille est intacte.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    L’or des Incas, Origines et mystères.

    Jusqu’au 6 février 2011, Pinacothèque de Paris.

    illustration : Ornement frontal, culture chimu (entre 900 et 1470 apr. J.-C.) © Musée Larco, Lima © Joaquin Rubio Roach<o:p></o:p>


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