• Parrocel (Joseph)

    Au musée du Louvre

    Joseph Parrocel<o:p></o:p>

    Présent du 31 mars 2007


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    La famille Parrocel est une dynastie d’artistes qui dura deux siècles (XVIIe – XVIIIe), fécondité qui paraît légendaire au vu de l’incapacité à transmettre le métier qui frappe les artistes depuis le début du XIXe siècle. Dans l’ancien monde, une telle longévité artistique et sociale n’avait rien d’exceptionnel : Théophile Bra (cf. Présent du 17 mars) fut le dernier rejeton de trois ou quatre générations de sculpteurs ; les Couperin tinrent les orgues de Saint-Gervais-Saint-Protais de 1665 à 1826. Ces métiers étaient reconnus et socialement transmissibles. Les familles qui les pratiquaient constituaient un terreau qui donnait toutes ses chances à l’enfant de talent lorsqu’il arrivait. Henri Charlier a bien analysé cela dans son Couperin (qui est, comme son Rameau, un livre méconnu et hélas non réédité). Le musée des Beaux-Arts consacrera l’automne prochain une rétrospective à ces générations de Parrocel.

     

     

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    Pour le moment, c’est le Louvre qui sort de ses cartons les dessins de Joseph Parrocel (1646-1704), réputé en tant que peintre de batailles. Son tableau le plus connue est Le passage du Rhin par l’armée de Louis XIV (1672). On en appréciera la fraîcheur des coloris. Un dessin, Le siège de Maastricht, montre sa virtuosité mais aussi sa sensibilité : l’harmonie en gris et rose est merveilleuse. Joseph Parrocel avait fait le voyage d’Italie (Rome puis Venise) avant d’être reçu à l’Académie royale de Peinture ; il en rapporta ce goût pour la couleur et une approche assez sensuelle de la peinture, se plaçant dans le clan des coloristes, des admirateurs de Rubens, qui s’opposait au clan du dessin, lequel à la suite de Poussin avait une approche plus intellectuelle. Ces événements (la prise de Maastricht, la traversée du Rhin) ne retiennent plus l’attention des manuels scolaires, mais marquèrent les contemporains : il reste des vers de Boileau sur le sujet et, surtout, la porte Saint-Denis, hommage à ces victoires de Louis XIV, notre plus bel arc triomphal tant pour l’architecture que pour la qualité de la sculpture.

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    La réputation de peintre de bataille de Joseph Parrocel explique que ses dessins préparatoires aux gravures pour trois livres : le Missel de Paris (1685), Les Mystères de la vie de NSJC (1696) et La Passion de NSJC (resté inachevé), soient restés dans l’ombre. Ce sont d’autres combats, spirituels, qu’il s’attacha à illustrer.<o:p></o:p>

    Les dessins vont du gribouillis indiquant sommairement les masses de la composition au dessin abouti. L’artiste utilise l’encre brune ou noire à la plume ou en lavis, la pierre noire, la sanguine, combinées avec liberté et maîtrise, rehaussées de gouache blanche – combien pâles et surfaites, en comparaison, apparaissent les « techniques mixtes » des modernes, fiers dès qu’ils ont apparié un pare-choc avec un cintre. <o:p></o:p>

    Le choix de tel ou tel papier ajoute d’autres possibilités. On comparera, par exemple, deux versions de La tentation du Christ au désert : l’une sur papier blanc et l’autre sur papier bleu, support de choix pour les rehauts et des jeux inédits de coloration du lavis par transparence. Ce sont des dessins très sensibles, presque sensuels non dans l’inspiration mais dans la technique ; sensualité qu’on ne retrouve pas dans les gravures. Celles-ci sont inférieures par leur raideur, par leurs hachures mécaniques et leurs lumières moins subtiles ; et supérieures parce que, d’une technique moins sensible, elles se prêtent mieux à l’illustration religieuse.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Joseph Parrocel,<o:p></o:p>

    jusqu’au 7 mai, Musée du Louvre,<o:p></o:p>

    illustration : Jésus prêchant © RMN<o:p></o:p>


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