Les Petits Hommes verts
Les Envahisseurs ont apporté leur langage, leurs lois, leur religion et leur mode de vie. Venus sauver votre planète, ils vous incitent à collaborer. Cette rubrique a pour but de vous aider à les mieux comprendre.
Pédagogique. –L’habit rouge du Père Noël vit-il ses dernières années ? Finira-t-il au Secours catholique ? Passons au Noël vert, conseille un libre d’enfant, Le Noël vert de Siméon. C’est la légende dorée de demain, la légende verdie : un lutin vert apparaît à Siméon. Il est envoyé par le Père Noël vert « afin d’aider le garçon à préparer un Noël qui respecte l’environnement ». Ou comment vivre « un super Noël tout en limitant le gaspillage ».
Grandir autrement, le magazine des « parents nature », « promeut différentes alternatives autour de l’éducation et de la périnatalité : éducation non violente, maternage, naissance respectueuse, éducation éco-citoyenne » – et l’avortement équitable et non-polluant ? Le maternage est à la mère ce que le parentage est aux parents, c’est-à-dire, explique un site dédié à la question, « l'art de s'occuper d'un enfant à la manière d'une mère ». Dans ce magazine, que « de réflexions pour cheminer dans sa parentalité »…
Restons dans le domaine éducatif. Les anti-fessées ne baissent pas les bras. « Espérons, écrit l’Ecolomag, que la France comblera son retard en son domaine. On est en effet en droit de se demander pourquoi les enfants sont à ce jour les seuls êtres humains sur lesquels des adultes sont en droit de frapper. » Erreur, les « jeunes » frappent assez impunément les souchiens, les policiers, les pompiers, etc.
Neigeux. – Un écolo ne vous laisse jamais sans conseils. Conseils, donc, pour des « gestes citoyens aux vacances d’hiver » (Ecolomag de ce mois), car « il est possible d’agir de manière responsable et ainsi de limiter notre impact sur la planète dans une activité qui n’a pas la réputation d’être écologique ». On se rend à la montagne en train ou par covoiturage. On loue dans une station estampillée « Alpine Pearls », nouveau label écologique des Alpes françaises. On évite le ski de piste qui nécessite l’utilisation des remontées mécaniques, lesquelles, horreur, consomment de l’électricité (mais ne pourrait-on pas faire pédaler les skieurs ?). Le ski hors piste est prohibé « en raison de l’impact défavorable sur les jeunes arbres » – impact, le mot est juste. Et l’on tire du sac à dos son sandwich au quinoa et son lait de soja.
Gazeux. – Les écolos ont prôné les pots catalytiques pour diminuer la pollution automobile. De nombreuses villes en ont équipé leurs bus. Aujourd’hui les écolos font marche arrière et dénoncent ces filtres qui – s’aperçoivent-ils enfin – « augmentent les rejets de dioxyde d’azote, très dangereux pour la santé ». C’est l’objet de la tribune libre de Marie Anne Le Meur, porte-parole d’Ecoforum, dans Métro du 30 novembre dernier, pas contente du tout que l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ait approuvé ce type de filtre pour 232 bus de la Régie des transports marseillais. Or, détaille Mme Le Meur, le NO2 est « un gaz oxydant puissant qui provoque de graves irritations et inflammations de l’appareil respiratoire ainsi qu’une augmentation de l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques ». La solution ? Ecoforum préconise les filtres additivés, « plus respectueux de la santé des citoyens ». Le filtre additivé est bien élevé, et tellement sain que les écolos les plus difficiles s’en servent pour passer leur café équitable, on ne peut mieux dire. En attendant que tous les véhicules s’équipent de ce filtre qui sera dénoncé dans dix ans comme très polluant, Ecoforum demande la mise en place d’ « un malus pour les bus polluants ».
Bouseux. – La Terre est un village, le petit coin aussi. Les écolos se penchent sur la cuvette et constatent un odieux gaspillage d’eau. L’heure est aux toilettes sèches. Diverses entreprises proposent diverses manières de caguer sans polluer. Aqualogik propose « plusieurs modèles de toilettes sèches avec petit dossier, grand dossier, dossier personnalisable, avec ou sans seau, brut ou vernis ». Ecodomeo promeut des toilettes sèches « à lombricompostage » fonctionnant sans sciure. Qui plus est « l’entretien technique se réduit à 15 minutes deux fois par an ». La palme du nom revient sans contestation possible à Eco-Trône, et sa « toilette sèche à litière bio maîtrisée en carton et inox », qui permet d’obtenir un excellent rapport carbone-azote. Bientôt donc, comme l’écrit un internaute, adieu « le fameux water-closet, symbole du confort et aussi de notre insouciance vis-à-vis de l'environnement » !
Samuel