• Photographies

    Au musée d’Orsay<o:p></o:p>

    La photo au berceau<o:p></o:p>

    Présent du 5 juillet 08<o:p></o:p>

    La photographie est née simultanément sur les deux rives de la Manche, mais dans des conditions techniques et des contextes sociaux différents. En Angleterre, William Fox Talbot (1800-1877) mit au point un procédé de négatif papier à partir duquel était tiré un positif papier ; en France, le procédé de Louis Daguerre (1787-1851) était basé sur une plaque de cuivre d’abord négative, rendue positive ensuite. Les résultats différaient d’autant : à l’image sèche et précise du daguerréotype, s’oppose l’image veloutée et profonde du calotype (« belle image »). Le procédé de Daguerre aboutira à une impasse, alors que le principe du négatif papier, permettant plusieurs tirages, finira par l’emporter.<o:p></o:p>

    Les daguerréotypes<o:p></o:p>

    La précision du daguerréotype séduisit l’Académie des sciences, et particulièrement Arago qui soutint l’invention de Daguerre et fit voter une loi sur la photographie en 1839. Loi qui assurait une rente à Daguerre et au neveu de Niepce, et qui favorisait la diffusion de ce procédé à l’exclusion de tout autre. (Celui d’Hippolyte Bayard, par exemple, qui menait des recherches analogues à celles de Talbot.) La photographie devint accessible à tous, avec la médiocrité conséquente : une multiplication de petits portraits réalisés par des techniciens médiocres. <o:p></o:p>

    Les images françaises des années 1840-1860 que possède le musée d’Orsay séduisent par leur aspect documentaire. Le Palais des Tuileries ressuscite un instant, photographié par l’angevin P.-M. Hossard. Un panorama de la rade de Toulon, constitué de cinq vues juxtaposées, témoigne de l’habileté de Choiselat et Ratel. Un certain Thibault nous a laissé deux témoignages des barricades de 1848, rue Saint-Maur Popincourt : l’un avant la charge de la troupe (deux barricades, une rue déserte, le 25 juin), l’autre le lendemain, après la charge, le 26 juin, hélas moins nette, où s’activent des gens. Ces clichés ont une autre importance : ils furent publiés par L’Illustration le 8 juillet suivant, c’était la première utilisation de photographies par la presse.<o:p></o:p>

    Les portraits sont légions. Une mère pose avec ses cinq filles ; un père, bourgeois typique du XIXe, avec ses trois fillettes (par D. F. Millet). Le portrait post mortem, moins cher qu’un portrait peint ou qu’un masque mortuaire, se pratiquait aussi. Dans le genre, le triptyque d’une femme sur son lit de mort prise sous trois angles est une rareté.<o:p></o:p>

    Les sujets peuvent être plus légers, pour une partie d’échecs (illustration) ou un couple jouant à la barbichette. Il serait injuste de ne pas mentionner le Baron Gros, dit « le Napoléon de la plaque » pour ses photographies des sculptures de la frise des Panathénées, auxquelles il s’intéressa lorsqu’il fut chargé de régler le différend anglo-grec concernant la possession de ces œuvres.<o:p></o:p>

    Les belles images<o:p></o:p>

    En Angleterre Talbot ne bénéficia d’aucune reconnaissance officielle, le calotype resta toujours une occupation artistique à l’usage de la gentry, apprécié pour sa qualité, tandis qu’à la fin des années 1850 le procédé au collodion se répandait dans la bourgeoisie. <o:p></o:p>

    Les calotypes sont de plus grandes tailles que les daguerréotypes. L’intention artistique est visible. Beaux portraits, intérêt pour une fleur de camélia ou un arbre foudroyé ; amour des ruines où jouent l’ombre et la lumière, avec un cadrage qui fait ressortir les plans (une abbaye gothique du Yorkshire), amour du bâti en général : la porte gothique de Saint Andrews, les maisons en à pic sur la rivière d’une ville du Devon. <o:p></o:p>

    Durant le « grand tour » sur le continent qu’effectue tout jeune homme de bonne famille, le matériel photographique fait partie du bagage. Calvert Lucia Jones s’essaye à une vue panoramique (en 2 photos) des maisons de Santa Lucia à Naples, Alfred Backhouse s’intéresse à des jarres et des balais le long d’un mur niçois.<o:p></o:p>

    Au-delà de l’Europe, l’Inde fut prisée des photographes. John Murray (1809-1898) photographie le site de Cawnpore en 1858, un an après que s’y soit déroulé un épisode tragique de la mutinerie des Cipayes : ceux-ci ayant pris la ville, les femmes et les enfants britanniques, d’abord prisonniers, furent tués à l’arme blanche, puis leurs corps découpés en morceaux jetés dans un puits (15 juillet 1857). Il joue des variations sur le thème du Taj Mahal : une vue panoramique en trois clichés où le mausolée, pâle comme le ciel, émerge de la forêt sombre au premier plan ; une vue inhabituelle, prise depuis la rive de la rivière Yamuna. Officier « artiste en photographie », Linnaeus Tripe (1822-1902) fut actif en Inde mais aussi en Birmanie où il réalisa de nombreuses photos d’édifices lors d’une mission en 1855. <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Le daguerréotype français,<o:p></o:p>

    L’image révélée : photographies sur papier en Grande-Bretagne (1840-1860),<o:p></o:p>

    jusqu’au 7 septembre 08, Musée d’Orsay.<o:p></o:p>

    illustration : Une partie d'échecs, daguerréotype anonyme © Patrice Schmidt, musée d'Orsay<o:p></o:p>


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